Les démentis et oublis de Jeff Sessions face aux sénateurs

Lors de son audition au Sénat, mardi, le ministre américain de la Justice, Jeff Sessions, a présenté dans ses réponses des souvenirs semblant parfois flous, ou en décalage avec ceux de l’ex-chef du FBI James Comey. Eminence grise et très proche fidèle de Donald Trump, l’Attorney general s’est récusé dans l’enquête sur la Russie qui empoisonne la présidence. Mais certains le soupçonnent d’avoir continué en coulisse à tirer des ficelles, notamment en recommandant le renvoi en mai de M. Comey. Une des questions qui se posaient devant les sénateurs de la commission du Renseignement était de savoir combien de fois M. Sessions a rencontré l’an passé l’ambassadeur de Russie aux Etats-Unis, Sergueï Kisliak. Il s’était vu reprocher de n’avoir pas dit, lors de son audition de confirmation au Sénat en janvier, qu’il avait rencontré pendant la campagne présidentielle le diplomate. Le ministre avait ensuite dû admettre deux rencontres.
Ce mardi, M. Sessions s’en est tenu à ce chiffre, mais sans écarter formellement la possibilité d’une troisième rencontre dont il ne se souviendrait pas. “Je l’ai peut-être croisé dans une réception”, a-t-il dit au sujet d’une réunion politique organisée en avril 2016 dans un grand hôtel de Washington, où les deux hommes étaient présents.
Un deuxième point sur lequel était très attendu Jeff Sessions concernait une réunion le 14 février à la Maison Blanche, à l’issue de laquelle M. Trump aurait suggéré à James Comey d’abandonner l’enquête sur son ancien conseiller Michael Flynn. L’ex-chef du FBI dit être allé voir Jeff Sessions ensuite, pour lui demander de s’interposer à l’avenir entre lui et le président, afin d’empêcher toute interférence politique dans les investigations.
“Je peux me tromper, mais son langage corporel semblait dire: qu’est-ce que je peux y faire?”, a raconté l’ancien patron du FBI au sujet de la réaction de Sessions.
Ce dernier a livré mardi une version des faits semblant minimiser l’incongruité de la rencontre en tête-à-tête entre l’enquêteur en chef et Trump. “Je me souviens avoir été un des derniers à sortir” de la pièce, à relaté le ministre de la Justice. MM. Trump et Comey étaient selon lui occupés à discuter. “Cela ne m’a pas paru être un problème”, a dit le ministre.
M. Comey “a soulevé le problème le lendemain”, a-t-il poursuivi, et a exprimé sa “préoccupation”. “J’avais confiance dans le fait qu’il se cantonnerait aux règles des communications avec la Maison blanche”, a-t-il précisé.

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14 juin 2017 - 00h45