Le secteur infirmier réclame un “réinvestissement financier et humain”

L’Union Générale des Infirmiers de Belgique (UGIB) plaide en faveur d’un réinvestissement financier et humain de la profession en première ligne de la lutte contre la pandémie de Covid-19. L’association, qui représente les quelque 140.000 infirmiers actifs dans le pays, demande davantage de moyens et de considération dans un contexte marqué par une charge de travail toujours plus élevée et un manque de personnel et de moyens récurrent, indique-t-elle lundi, à la veille de la journée internationale des infirmières et infirmiers. Alors que les professionnels des soins de santé sont particulièrement sollicités pour répondre à la crise sanitaire, il y a aujourd’hui près de 11 infirmiers pour 1.000 habitants. “Nous pensons que cela ne permet pas de répondre à l’évolution du système des soins de santé, aux besoins, et de garantir un accès à la santé à toute la population belge”, soulignait l’UGIB dans son dernier mémorandum adressé aux autorités fédérales en vue de la législature 2019-2024. Pour l’association, “la réflexion ne doit pas porter uniquement sur le nombre d’infirmiers diplômés, mais également sur les conditions de travail et de vie qui encouragent ou non la persistance de ceux-ci dans la pratique des soins de santé”.

La profession souffre en effet d’un manque d’attractivité, surtout chez les jeunes. D’après un rapport intitulé “Future of Nursing: improving health, driving change” publié sur le site du SPF Santé publique, les 25-35 ans y sont moins nombreux que toutes les catégories d’âge entre 35 et 60 ans. Et les fonctions d’infirmier et d’infirmier en chef demeurent en tête de liste des métiers en pénurie.

Les soins de santé sont par ailleurs en constante évolution, influencés par les nouvelles connaissances et technologies, l’évolution de la législation ainsi qu’un contexte socioéconomique changeant. “De nouvelles exigences en découlent pour les infirmiers : intensification des soins, augmentation des soins chroniques, développement de l’hospitalisation à domicile, éducation et autonomisation des bénéficiaires, … sans pour autant disposer des moyens adaptés et conséquents nécessaires”, pointe l’association. “Cela engendre une pression au travail de plus en plus élevée avec un manque récurrent de personnel et de moyens, qui ont des conséquences sur la qualité des soins et la sécurité des patients”.

L’UGIB rappelle que la garantie des effectifs est cruciale. “Un nombre approprié d’infirmiers doit être disponible en permanence pour assurer ces prestations, en combinaison avec une formation d’excellence, des compétences diversifiées et une forte expertise pour satisfaire aux besoins du patient”.

“Il est impératif que le monde politique prenne conscience de la réalité du terrain et du vécu au quotidien de la profession infirmière, parfois qualifiée de ‘muette’, car elle n’exprime pas son malaise”, poursuit l’UGIB. Un réinvestissement financier et humain serait “la meilleure façon de remercier la profession pour son engagement total et ses sacrifices de ces dernières semaines”, conclut-elle.

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11 mai 2020 - 19h18