Le KCE pointe les failles des unités de soins psychiatriques des jeunes judiciarisés

Le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE) souligne mardi, dans un rapport sur les unités de traitement intensif des jeunes judiciarisés avec des problèmes psychiatriques (UTI For-K), la difficulté de déterminer l’offre nécessaire pour ce type de soins en raison, notamment, d’un manque de clarté dans les critères d’admission. Créées en 2003, les UTI For-K sont destinées à des jeunes placés sous mesures judiciaires par un juge de la jeunesse et qui présentent des problèmes psychiatriques. Il y a actuellement 14 centres de ce type dans le pays. Chaque année, ceux-ci fournissent une prise en charge intensive et de longue durée (de 6 mois à un an) à environ 300 jeunes.
L’objectif du KCE était de déterminer combien d’unités de ce type étaient nécessaires en Belgique. Le Centre fédéral d’expertise s’est cependant trouvé dans l’impossibilité de répondre à cette question en raison de plusieurs facteurs. Le plus important d’entre eux étant une hétérogénéité trop importante en ce qui concerne les critères d’admission. Chaque UTI For-K a en effet des critères de sélection qui lui sont propres tels que le genre, la région géographique, la présence chez le jeune de troubles graves du comportement, d’addictions ou de comportements sexuels déviants, etc. Le KCE insiste sur l’importance d’harmoniser ces critères et d’identifier des solutions alternatives pour les jeunes qui n’entreraient pas dans ceux-ci.
Il est également compliqué de composer avec la complexité de l’environnement dans lequel évoluent les UTI For-K. En effet, les jeunes avec des problèmes psychiatriques naviguent souvent entre plusieurs structures différentes gérées à différents niveaux de pouvoir. L’absence d’un organisme qui détiendrait la responsabilité de l’ensemble du parcours d’un jeune rend la situation confuse. Pourtant, une meilleure prévention en amont et une optimisation de la prise en charge à la sortie des UTI For-K permettrait d’éviter un certain nombre d’admissions dans un secteur déjà en pénurie de places.
Autre anicroche, la difficulté de diagnostiquer un problème psychiatrique sévère chez un jeune. Ce diagnostic est pourtant l’un des critères d’admission requis, mais il n’est pas systématique. Il dépend de la volonté du juge et de la disponibilité d’un expert (limitée en raison de la pénurie dans le secteur). Selon les conclusions du rapport, le recours à des procédures plus systématiques pour ces évaluations serait nécessaire.
Le KCE confirme également que le financement des unités de soins, actuellement à l’état de pilote, devrait devenir un financement structurel afin de pouvoir améliorer la qualité d’accueil et de soin des centres.