Le géant du BTP brésilien Odebrecht a payé un tribut aux FARC, selon un média

Le géant du BTP brésilien Odebrecht, qui se trouve au coeur du méga-scandale de corruption Petrobras, a versé des sommes d’argent aux Farc pendant vingt ans pour assurer la sécurité de chantiers en Colombie, a révélé samedi l’hebdomadaire Veja. Selon la publication brésilienne, deux cadres de l’entreprise ont avoué au Procureur Général de la République que ces paiements, à hauteur de 50.000 à 100.000 dollars par mois, étaient effectués en échange de “permission” pour établir des chantiers dans les zones contrôlées par la guérilla.
Cette mesure a été prise dans les années 90, après que deux cadres d’Odebrecht eurent été pris en otage par les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc).
L’entreprise a fait appel à un groupe américain spécialisé dans les zones de conflit, qui a négocié la libération des otages et suggéré par la suite une solution définitive pour éviter de nouveaux problèmes de ce type, explique Veja.
Intitulé “impôt guérillero” par les Farc, cette dépense était qualifiée de “coût opérationnel” ou de “tribut territorial” dans les registres de la société.
Cet accord a permis à Odebrecht de réaliser entre autres les travaux de la Ruta del Sol, une autoroute de plus de 500 kilomètres qui relie le centre de la Colombie à la côte Atlantique.
Les Farc, plus ancienne et importante guérilla du pays, issue en 1964 d’une insurrection paysanne, ont signé en novembre un accord de paix avec le gouvernement pour mettre fin au plus vieux conflit d’Amérique latine, qui a fait au moins 260.000 morts, plus de 60.000 disparus et 6,9 millions de déplacés.
Odebrecht est l’une des principales entreprises visées par l’enquête tentaculaire “Lavage Express” qui a mis en lumière un système de corruption que les groupes brésiliens du bâtiment avaient monté pour truquer les marchés de sous-traitance de la compagnie pétrolière d’État Petrobras.
En retour, étaient versés commissions et pots-de-vin alimentant les caisses noires de partis politiques et d’élus influents. Des dizaines de chefs d’entreprises et de politiciens de tous bords sont déjà sous les verrous.
Ce système était reproduit par Odebrecht pour s’assurer des marchés dans une dizaine d’autres pays d’Amérique latine, y compris en Colombie.
Au Brésil, 77 cadres de l’entreprise ont conclu des accords avec la justice en échange de remises de peine. Ces confessions explosives, qui sont pour le moment sous le sceau du secret d’instruction, font trembler l’ensemble de la classe politique.