La prometteuse Alessia Cara jure ne pas être l'énième "teen pop star"

A tout juste 19 ans, la Canadienne Alessia Cara sort son premier album après avoir excellé dans le difficile exercice des reprises musicales et clame son indifférence à la célébrité en refusant d’être mise dans le case des chanteuses de pop adolescentes. La jeune femme, dont la voix intense a commencé à faire mouche sur internet il y a cinq ans, a capté l’attention de nombreux fans avec le single “Here”, écouté près de 22 millions de fois sur YouTube et 65 millions sur Spotify. La chanson, qui raconte la marginalisation d’Alessia dans une soirée “sous des nuages de marijuana”, est sortie en avril et a fait son chemin sur internet, comme ses reprises de Lorde, Amy Winehouse ou Edith Piaf enregistrées depuis sa chambre d’adolescente en banlieue de Toronto.

Les interprétations justes et convaincantes d’Alessia ont débouché sur un contrat avec Def Jam, prestigieux label spécialisé dans le hip-hop, pour l’album “Know-It-All” sorti le 13 novembre. La chanteuse, qui s’accompagne à la guitare, a passé deux ans à l’écriture de l’opus et choisi de mettre en avant “Here”, qu’elle a récemment interprété en concert à l’invitation de la superstar Taylor Swift. “Tout le monde disait que ce (single) n’est pas très sûr pour la radio”, raconte-t-elle à l’AFP. “Mais j’ai dit que je m’en fichais”, poursuit Alessia Cara, après une fête pour la sortie de son album dans les studios de YouTube à New York.

La chanson qui commence sur les notes d’Isaac Hayes, reprises dans “Glory Box” le titre phare du groupe Portishead sorti en 1995, “montre un aspect de ma personnalité et c’est une bonne introduction à qui je suis en tant qu’artiste”, ajoute-t-elle. “Je ne voulais pas être placée dans la catégorie automatique des ‘teen pop star’ (…) les comparaisons stupides habituelles. Je voulais éviter ça et montrer que je suis bien réelle”, affirme la chanteuse.

Avec “Here”, elle se pose en porte-voix des jeunes qui ne se sentent pas à leur place. Dans un décor de soirée lycéenne arrosée, elle chante “je préférais être seule à la maison, plutôt que dans cette pièce où les gens se fichent de mon bien-être. Je ne danse pas, je ne demande rien, je n’ai pas besoin d’avoir un copain”. Entrecoupé du refrain “je me demande ce que je fais là ?”, Alessia en jean troué et Converse, déplore ragots, vomissements et décibels trop élevés en rêvant de “musique avec un message, de parler de nos rêves, de comment on s’y prendra pour conquérir la planète”.

La jeune fille, dont le débit rapide et la vivacité d’esprit impressionnent, attribue le succès de la chanson à la banalité adolescente du sentiment d’exclusion. “Ils sentent que je leur ai donné la parole ou une plateforme pour dire ‘on ressent la même chose'”, explique-t-elle.

Alors qu’elle continue les reprises, avec par exemple des titres du tout récent album de son compatriote Justin Bieber, Alessia Cara se dit déterminée à passer au travers des difficultés récurrentes chez les artistes au succès exponentiel. “Je ne suis pas intéressée par l’aspect célébrité des choses, je ne suis pas intéressée par le feux des projecteurs”, confie la jeune femme. “Je sais que beaucoup d’artistes disent ça, mais je suis sincère. Ca me terrifie”. “Je pense qu’il faut juste s’entourer des bonnes personnes et espérer que tout ira pour le mieux, espérer qu’on ne va pas finir comme certaines personnes qui malheureusement sont tombées très bas”, dit-elle.

Elle cite pourtant une des chanteuses les plus malmenées par le succès comme son modèle absolu: Amy Winehouse, dont elle a fait des reprises remarquées. Alessia Cara, souvent comparée à l’icône britannique morte à 27 ans, explique qu’Amy Winehouse la touche par sa capacité à communiquer des drames et émotions qu’elle n’a elle-même jamais vécus. “C’est ce qui m’a fait réaliser le pouvoir de la musique. Je pouvais ressentir des épreuves que je n’avais pourtant jamais traversées.”