Inculpé pour fraude, le metteur en scène russe Serebrennikov assigné à résidence

Le metteur en scène russe Kirill Serebrennikov, inculpé dans une affaire de détournement de fonds publics qu’il juge “absurde”, a été assigné à résidence jusqu’au 19 octobre, à l’issue de sa présentation mercredi devant une juge. “Le tribunal est d’accord avec les enquêteurs pour estimer que Serebrennikov pourrait s’échapper et exercer des pressions sur les témoins”, a expliqué la juge Elena Lenskaïa.

Des centaines de personnes réunies près du tribunal Basmanny à Moscou pour soutenir le réalisateur, soupçonné d’avoir détourné l’équivalent d’un peu plus d’un million d’euros, ont accueilli la décision en scandant “Honte!”. Certains, dans les milieux artistiques ou de l’opposition, ont dénoncé une affaire directement orchestrée par le Kremlin visant à intimider les artistes à l’approche de la présidentielle.

Directeur artistique du Centre Gogol, un célèbre théâtre contemporain de Moscou, et réalisateur de films présentés aux festivals de Cannes ou de Venise, Kirill Serebrennikov, 47 ans, a été interpellé dans la nuit de lundi à mardi sur un tournage à Saint-Pétersbourg et emmené dans la capitale pour être interrogé dans les locaux du Comité d’enquête.

Il a été inculpé pour “fraude à grande échelle”, un délit passible de dix ans d’emprisonnement. Selon les enquêteurs, le réalisateur est soupçonné d’avoir, par un système de devis et factures gonflés, détourné 68 millions de roubles (un peu plus d’un million d’euros au taux actuel) entre 2011 et 2014 sur des subventions de 214 millions de roubles (3 millions d’euros) accordées au projet “Plateforme” réalisé par son précédent théâtre, le Studio-7.