France: l'ancien ministre François Léotard inculpé dans l'affaire "l'affaire Karachi"

L’ancien ministre français François Léotard a été inculpé dans “l’affaire Karachi”, qui porte sur le financement occulte présumé de la campagne pour la présidentielle d’Édouard Balladur en 1995 via des rétrocommissions sur des contrats d’armement, a-t-on appris mardi de source proche de l’enquête. Entendu le 4 juillet, l’ex-ministre de la Défense (1993-1995), âgé de 75 ans, a été mis en examen pour “complicité d’abus de biens sociaux”, a précisé cette source, confirmant une information de l’hebdomadaire Le Canard enchaîné. Il s’agit de la seconde mise en examen dans le volet ministériel de l’affaire après celle de l’ancien Premier ministre de droite Édouard Balladur.
Comme l’ancien chef du gouvernement, M. Léotard a été mis en examen par la Cour de justice de la République (CJR), seule instance habilitée en France à juger des délits commis par des membres du gouvernement dans l’exercice de leurs fonctions.
L’enquête sur l’attentat de Karachi en 2002 (15 morts) avait mis en lumière un financement occulte présumé dont aurait bénéficié l’ancien Premier ministre, alors candidat à la présidentielle de 1995, en marge de la signature d’un contrat d’armement avec le Pakistan en 1994.
Le 8 mai 2002, une voiture piégée précipitée contre un car transportant des salariés de la Direction des chantiers navals (DCN, France) avait explosé devant l’hôtel Sheraton à Karachi, tuant quinze personnes, dont 11 employés français, et en blessant douze autres. Tous travaillaient à la construction d’un des trois sous-marins Agosta vendus en 1994 au Pakistan par la France, sous le gouvernement d’Edouard Balladur.
L’enquête qui privilégiait au départ la piste Al-Qaïda s’est orientée à partir de 2009 vers l’hypothèse d’une vengeance ourdie contre Paris après la décision de Jacques Chirac en 1996 d’arrêter le versement des commissions à des responsables pakistanais.