"Fantasia chez les ploucs" s'offre un lifting

“Fantasia chez les ploucs”, le plus drôle des romans noirs, adapté au cinéma en 1971 avec Mireille Darc, s’offre un lifting à l’occasion de ses 61 ans retrouvant au passage son titre original: “Le bikini de diamants”. Pour la première fois, les lecteurs francophones pourront découvrir, à partir de jeudi, ce chef d’oeuvre de Charles Williams (1909-1975) dans sa version intégrale avec une traduction entièrement revue et fidèle à l’édition originale américaine de 1956.

Publié chez Gallmeister, un éditeur spécialisé dans la littérature américaine, “Le bikini de diamants” est “un monument de truculence et de drôlerie”, rappelle dans sa postface François Guérif, le grand spécialiste français du polar, ancien directeur de la collection Rivages/Noir qui a rejoint Gallmeister au début de l’année.

Jusqu’à présent, les lecteurs francophones devaient se contenter de la version traduite en 1957 par Marcel Duhamel pour la Série Noire. La nouvelle traduction est due à Laura Derajinski, 36 ans, traductrice notamment de David Vann (également publié chez Gallmeister), lauréat du prix Médicis étranger en 2010 pour “Sukkwan Island”.

“Le bikini de diamants” a pour cadre une petite ville (qu’on imagine au Texas) infestée de moustiques et de serpents. Billy, 7 ans, le narrateur, passe l’été chez son oncle Sagamore avec son père. Entre les visites du shérif, persuadé que Sagamore distille clandestinement de l’alcool et le lac où il apprend à nager, le jeune garçon (on pense évidemment à Huckleberry Finn) ne s’ennuie pas.

Quand Choo-Choo Caroline, une strip-teaseuse pourchassée par des gangsters car elle est l’unique témoin du meurtre d’un chef de la pègre, vient se réfugier sur la propriété de son oncle, les vacances prennent soudain du piquant. D’autant que la délicieuse Caroline n’est “vêtue” que de son bikini de diamants.

“Le tour de force du livre vient du décalage entre ce qui est raconté par le narrateur de sept ans et ce que le lecteur comprend et transpose”, rappelle François Guérif.
“Mais, ajoute-t-il, le récit est piégé”.

En fait, on apprend assez vite que le petit garçon n’est pas aussi naïf et innocent qu’il en a l’air.

On retrouve dans ce livre tout l’univers de Charles Williams: de pauvres blancs du Sud, des gangsters, des flics bornés et des arnaqueurs en tous genres.
Ce roman de Charles Williams avait été adapté au cinéma en 1971 par Gérard Pirès avec Lino Ventura dans le rôle de l’oncle Sagamore et Mireille Darc dans celui de miss Choo-Choo Caroline.

Le romancier américain a beaucoup inspiré les cinéastes français dont Claude Sautet (“L’arme à gauche”, 1965) ou encore François Truffaut (“Vivement dimanche!” 1983).

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06 septembre 2017 - 14h29