Eagles Of Death Metal, un groupe de rock devenu malgré lui symbole de liberté

Connu des amateurs de rock pour ses riffs “pêchus” et son ironie, le groupe californien Eagles Of Death Metal est devenu, bien malgré lui, un symbole de liberté depuis le massacre djihadiste perpétré vendredi à Paris au beau milieu de son concert. La page Facebook de “EODM” accueillait jeudi des centaines d’hommages au rock’n’roll et à la liberté, ainsi que de très nombreux messages de rescapés de la tuerie commise par des djihadistes de l’Etat islamique (EI) dans la salles de concert parisienne, le Bataclan (89 morts). “D’une certaine façon, vous nous avez sauvés”, écrit l’une des rescapées, Lorelei Fisher, qui explique avoir pu se cacher avec d’autres spectateurs derrière des caisses du groupe posées sur le scène.

Une autre survivante de cette “terrible soirée”, Edwige Pannier, rend hommage à “la compassion et la gentillesse de Jesse” Hughes, le leader du groupe, qui s’est retrouvé au siège de la police parisienne avec des rescapés après l’attaque. “Nous avons apprécié son aide et ses efforts pour nous réconforter du mieux qu’il pouvait”, dit-elle.

Ce flot de réactions fait suite au message diffusé par le groupe mercredi. Les Eagles Of Death Metal expliquent être de retour chez eux, sains et saufs, rendent hommage aux victimes et annoncent la suspension de leurs concerts. Un texte conclu par un “Vive la musique, vive la liberté, vive la France et vive EODM”.

Ce groupe désormais célèbre, malgré lui, était jusqu’ici principalement connu des amateurs de guitares grasses, de rythmiques lourdes et de second degré. Appartenant davantage à la famille rock’n’roll que heavy metal, il n’a de “death metal” que le nom, rappellent ses fans. “Le côté ‘death metal’ est ironique. S’il y a des chansons parlant du diable, c’est celui des cartoons ou des bande dessinées… Ce n’est que satire et provocation, assez fines en plus. Dire que Eagles Of Death Metal est un groupe satanique et metal, c’est aussi idiot que de dire que Mozart faisait du jazz”, assure à l’AFP Jean-Pierre Sabouret, journaliste spécialisé dans le rock qui était présent vendredi au Bataclan où il a passé des heures caché dans un local.

Jesse Hughes a fondé le groupe il y a bientôt 20 ans avec son camarade Josh Homme, célébrité du rock mondial avec son autre groupe, Queens Of The Stone Age, et qui participe aux concerts en fonction de ses disponibilités. Homme était absent vendredi à Paris et Hughes était accompagné sur scène de Dave Catching (guitare), Julian Dorio (batterie) et Matt McJunkins (basse).

“Cest du rock’n’roll ‘pêchu’, de la même famille qu’AC/DC, Queens Of The Stone Age, entre du rock moderne et des références plus anciennes comme Chuck Berry, les Who, Led Zeppelin. Il n’y pas de fioritures, pas de longs solos. Ce sont des chansons faciles à retenir et des paroles habiles, rapidement contagieuses…”, décrit Jean-Pierre Sabouret. Le concert du Bataclan “était d’ailleurs formidable”, assure le journaliste, qui a décidé d’en faire la chronique pour le magazine “Guitarist”, “mais uniquement le concert, seulement la partie musicale…”
Des nombreux internautes appellent le groupe à revenir jouer en France.

Des fans ont également lancé une campagne sur les réseaux sociaux pour inciter le public à télécharger la chanson “Save a Prayer”, une reprise musclée d’un titre de Duran Duran, pour la placer en tête des charts britanniques. Le classement hebdomadaire attendu vendredi en Grande-Bretagne dira s’ils ont été entendus. Duran Duran, également présent à Paris vendredi a indiqué qu’il reverserait à une organisation caritative les droits générés par la chanson. Autre signe de l’intérêt inédit autour de EODM: deux morceaux figuraient jeudi parmi les plus partagés en France sur le site de streaming Spotify et le quatrième album du groupe, paru cet automne, est entré dans le Top 5 des albums les plus écoutés en France sur Deezer.

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20 novembre 2015 - 08h35