Des associations d’aide alimentaire bruxelloises dénoncent le modèle Happy Hours Market

Plusieurs associations d’aide alimentaire bruxelloises dénoncent vendredi dans un communiqué commun le modèle de la start-up Happy Hours Market. Derrière l’image anti-gaspillage qu’elle donne, son action, “dont le but est de faire du bénéfice”, nuit aux associations déjà actives dans le domaine, affirment plusieurs d’entre elles. Le principe d’Happy Hours Market est de récupérer les invendus de commerces alimentaires afin de les revendre à moindre prix sur une application. Les restes sont ensuite déposés après 21h30 à des associations d’aide alimentaire.
“Happy Hours Market justifie son arrivée dans le secteur en soulignant que les associations ne sauvent que 13% des invendus mais, dans les faits, elle n’agit aucunement en faveur d’une réduction du gaspillage puisqu’elle n’a fait que détourner les invendus auparavant récupérés par les associations”, estiment plusieurs associations, dont le Frigo partagé ULB, L’îlot accueil des sans abri ou encore No Javel. 
Selon les associations signataires du communiqué, la start-up, “plutôt que de contacter des magasins encore disponibles dans la chaîne de récupération”, a “démarché ceux avec lesquels il existait déjà des partenariats”. Résultat: ces associations ont vu leur capacité de distribution grandement diminuer. Si la jeune pousse leur dépose les invendus après ses services, soit après 21h30, ceux-ci sont “les restes des restes, donc des produits d’une qualité moindre et surtout impossibles à distribuer à une heure si tardive”, expliquent les associations, qui n’hésitent pas à parler d’une augmentation du gaspillage.
“Le secteur de l’aide alimentaire s’organise depuis des dizaines d’années et se professionnalise surtout depuis 2015 dans la collecte d’invendus”, relèvent les signataires. “Il n’est pas satisfaisant de venir en aide aux personnes précarisées avec des invendus, mais aujourd’hui aucune autre solution n’existe. Il est encore moins envisageable que la qualité et la quantité de cet approvisionnement soient mis à mal par les entreprises qui s’intéressent de plus en plus à cette source de nourriture”, concluent-elles, appelant les pouvoirs publics à sécuriser l’approvisionnement des associations contre les entreprises privées.

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21 mai 2021 - 21h57