Crise des migrants – Le Défenseur des droits dénonce des atteintes aux droits "d'une inédite gravité" à Calais

Après les associations d’aide aux migrants, le Défenseur des droits (institution indépendante de l’Etat français créée en 2011), Jacques Toubon, s’est à son tour mercredi inquiété d’atteintes aux droits “d’une exceptionnelle et inédite gravité” à Calais, où les autorités françaises empêchent toute réinstallation de campement. M. Toubon, qui a plusieurs fois déjà déploré la situation des migrants dans la région de Calais, dans le nord de la France, face aux côtes anglaises, a haussé le ton après une visite de ses services sur place, parlant de “conditions de vie inhumaines” et exhortant les pouvoirs publics à “ne pas s’obstiner dans ce qui s’apparente à un déni d’existence des exilés”.

Ces inquiétudes font écho à celles des associations, qui dénoncent depuis plusieurs semaines un durcissement des forces de l’ordre à l’égard des migrants revenus à Calais après le démantèlement par les autorités de la “Jungle” où de 6.000 à 8.000 migrants vivaient dans un bidonville insalubre, avec l’espoir de passer en Angleterre, en octobre-novembre 2016.

“Très préoccupé”, le Défenseur des droits a donc envoyé sur place des agents qui se sont entretenus lundi avec de nombreux exilés et les associations.

Le compte-rendu publié mercredi est sévère. Soulignant que “la volonté de ne plus voir de migrants à Calais conduit à ce que plus aucun abri ne soit toléré”, le Défenseur note qu'”entre 500 et 600″ personnes, dont des mineurs, “dorment à même le sol”, et se disent “traqués jour et nuit dans plusieurs sous-bois de la ville”.

“Ils sont visiblement dans un état d’épuisement physique et mental”, ajoute-t-il, en notant que “les migrants ne peuvent pas se laver, ni même boire” puisque tous les points d’eau ont été supprimés.

Jacques Toubon déplore par ailleurs l'”impact particulier sur les femmes et les enfants”. Les femmes, dit-il, “ne bénéficient plus d’aucune structure dédiée” depuis le démantèlement du bidonville et de ses structures annexes, et sont “susceptibles de faire l’objet de viol et d’exploitation sexuelle”.

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14 juin 2017 - 15h30