Bruxelles : une peine de 22 à 25 ans de prison requise à l’encontre d’Aysel T. pour un incendie volontaire

La procureure Virginia Vanhufflen a requis, jeudi, devant la 70e chambre du tribunal correctionnel de Bruxelles, une peine de 22 à 25 ans de prison à l’encontre d’Aysel T. Cette femme âgée de 46 ans est prévenue pour l’incendie volontaire de son immeuble, le 25 mai 2016, rue du Pont de l’Avenue à Bruxelles, avec la circonstance aggravante qu’elle savait que des personnes s’y trouvaient. Son mari, Edral K., enfermé dans l’appartement, était décédé en tentant d’échapper aux flammes.

La procureure a estimé que la prévenue était bien coupable de ce qu’on lui reproche, soit l’incendie volontaire d’un bâtiment avec la circonstance aggravante qu’elle a dû présumer qu’il s’y trouvait une ou plusieurs personnes au moment de l’incendie. “Je pense qu’il fallait de la perversité pour commettre un tel acte. Et j’ai l’impression que la prévenue ne se rend toujours pas compte aujourd’hui de la gravité de son acte”, a avancé la procureure, pour justifier la hauteur de la peine qu’elle requiert, soit 22 à 25 ans de prison.

La partie civile, représentée par Me Fanny Vansiliette, a quant à elle demandé la requalification des faits en assassinat, s’estimant convaincue que la prévenue a prémédité de tuer son mari.

Aysel T., une mère de trois enfants, âgée de 46 ans, est en aveu d’avoir incendié son propre appartement, situé rue du Pont de l’Avenue à Bruxelles, sachant que son mari, Erdal K., se trouvait à l’intérieur, le 25 mai 2016 vers 7h30. Ce dernier, pris au piège des flammes, avait sauté par une fenêtre, au 2e étage. Victime de multiples fractures, notamment au crâne et à la colonne vertébrale, il était décédé. Aysel T. a toutefois soutenu qu’elle n’avait jamais eu l’intention de le tuer.

Jeudi, la défense, Me Delphine Paci, a ensuite longuement plaidé sur la personnalité de la prévenue et sur son parcours de vie. La pénaliste a rappelé que sa cliente, dont la famille est d’origine albanaise et avait émigré en Turquie, avait vécu une enfance pénible. Aysel T. avait perdu sa mère dans des circonstances tragiques et son père l’avait ensuite obligée à se marier avec le fils de sa seconde épouse, alors qu’elle n’avait que 13 ans. Elle avait néanmoins échappé à ce premier mariage forcé, mais pas au second. A l’âge de 17 ans, elle avait été contrainte d’épouser le père de ses trois enfants, un homme souffrant d’un handicap mental, qu’elle n’avait jamais vu avant leur mariage, et qu’elle avait rejoint en Belgique.

“Après s’être séparée de son premier mari, ma cliente a rencontré Erdal K. Pour elle, c’était cette fois le véritable amour. Elle ressentait des sentiments amoureux très forts. Mais ma cliente, qui s’était jusqu’ici toujours battue et débrouillée seule, est devenue très dépendante affectivement. Elle était sous l’emprise de cet homme”, a affirmé Me Paci.

Selon la défense, Erdal K. était un alcoolique qui avait usé de violence à l’égard d’Aysel T. à plusieurs reprises. Cette dernière assumait pratiquement seule les frais du ménage et Erdal K. critiquait sans cesse ses enfants et la relation qu’elle avait avec ceux-ci.

“Le jour des faits, c’est l’aboutissement de cinq années de maltraitance, de violence psychologique, de crises de jalousie, de harcèlement et de menaces… Les innombrables échanges de SMS qui ont eu lieu entre eux pendant toute la nuit précédente le démontrent. L’acte qu’elle commet est symbolique: elle met le feu à ses propres vêtements qu’Erdal K. avait jeté en lui disant de s’en aller”, a poursuivi l’avocate. “Elle ne conteste pas avoir bouté le feu et, je ne vais pas le contredire, il était en effet strictement impossible pour la victime de sortir de la chambre après que l’incendie ait commencé. Mais a-t-elle eu la volonté de le tuer? Ce n’est pas certain. Vu ses troubles psychiques, son type de personnalité ‘état limite’ avec tendances abandonniques, elle a dû être incapable de mesurer les conséquences”, a conclu Me Paci.

Le jugement sera prononcé dans un mois.

Belga