Azevedo, reconduit à la tête de l'OMC, craint des "temps difficiles"

Le directeur général de l’OMC, le Brésilien Roberto Azevedo, reconduit mardi pour quatre ans à la tête de cette institution, a dit craindre des “temps difficiles” alors que beaucoup redoutent un retour au protectionnisme. La reconduction de ce diplomate de carrière, fort d’une vaste expérience au sein de l’OMC, n’a surpris personne à Genève, où est basée l’Organisation mondiale du commerce. Aucun autre candidat ne s’était déclaré.
Roberto Azevedo, 59 ans, a expliqué aux médias que l’institution qu’il dirige était “plus forte aujourd’hui qu’en 2013”, date à laquelle il en a pris la tête, remplaçant alors le Français Pascal Lamy.
Parmi ses succès, il a pointé l’entrée en vigueur, le 22 février, d’un accord douanier historique, le premier depuis le lancement de l’OMC en 1995. Cet accord doit stimuler le commerce international en réduisant les tracasseries administratives aux frontières, et rapporter ainsi jusqu’à 1.000 milliards de dollars (951 milliards d’euros) par an d’exportations supplémentaires dans le monde chaque année.
Cet accord multilatéral intervient alors que le système même du commerce international est sous le feu des critiques de la nouvelle administration américaine et que Donald Trump, durant la campagne présidentielle américaine, a évoqué une sortie des Etats-Unis de l’OMC. Il a aussi régulièrement accusé la Chine d’être responsable des difficultés industrielles américaines.
“Les temps sont difficiles pour le multilatéralisme commercial”, a souligné M. Azevedo, sans toutefois mentionner Donald Trump. “La menace du protectionnisme ne peut pas être ignorée”, a-t-il ajouté.
Refusant de commenter la nouvelle politique commerciale des Etats-Unis, M. Azevedo a cependant souligné dans une interview mardi au journal allemand Bild que “sans commerce, les Américains ne seront plus jamais grands”, en écho au slogan de campagne de Donald Trump “Rendre sa grandeur à l’Amérique”.
Menaçant de prendre des mesures protectionnistes notamment contre les importations chinoises et mexicaines, le nouveau président américain a décidé rapidement après son entrée en fonction de retirer les Etats-Unis du traité de libre-échange transpacifique (TPP). Il a également pointé du doigt l’imposant déficit commercial des Etats-Unis face à l’Allemagne.
“Nous ne devrions pas utiliser des mots qui nous entraîneraient dans une guerre commerciale”, a conclu M. Azevedo.

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28 février 2017 - 17h55