Avec "Creed", un jeune réalisateur redonne du souffle à la saga "Rocky"

Près de dix ans après le dernier épisode de “Rocky” au cinéma, présenté comme un épilogue, le jeune réalisateur Ryan Coogler offre une seconde vie au célèbre boxeur avec “Creed”, déclinaison très moderne de l’univers inventé par Sylvester Stallone. Acteur et scénariste des six volets de la saga, réalisateur de quatre d’entre eux, Sylvester Stallone ne voulait pas d’un nouveau “Rocky”. Lorsqu’un jeune réalisateur de 25 ans qui n’avait encore dirigé aucun long métrage lui a proposé de tourner lui-même un nouvel épisode, “Sly” a refusé tout net. “Ca avait été un tel combat de faire le dernier et j’étais tellement content de ‘Rocky Balboa’ (sorti en 2006). Je me disais: l’histoire est finie”, a expliqué Sylvester Stallone lors d’une conférence de presse à Philadelphie (nord-est), décor de tous les films de la série.

Mais Ryan Coogler est “très déterminé”, reconnaît “Sly” en souriant. Et le succès de son premier long métrage, “Fruitvale Station”, film dramatique inspiré d’un fait divers et primé à Cannes et à Sundance, lui a ouvert des portes. Le producteur historique de “Rocky”, Irwin Winkler, et Sylvester Stallone ont fini par céder.

Le résultat, qui sort mercredi aux Etats-Unis et mi-janvier en France, revitalise cette fresque qui, plus d’une fois en trente ans (entre “Rocky” et “Rocky Balboa”), s’est essoufflée. L’univers reste celui de “Rocky”, un film de boxe s’achevant par une longue préparation et un combat, avec ses quelques excès et invraisemblances. Mais l’énergie qu’y a donnée Ryan Coogler est similaire à celle du premier “Rocky”, avec un sens de l’urgence qui s’était évanoui au fil des suites.

Ce coup de jeune, le réalisateur californien l’a réussi sans tirer sur le spectaculaire, dans le respect de l’esprit de “Rocky”. Il joue avec les codes de la série, sans les transgresser, à la manière d’un couturier qui réinterprète les classiques de sa maison. Les enfants accrochés aux basques de Rocky Balboa dans la fameuse scène du jogging dans les rues de Philadelphie sont ici remplacés par des jeunes gens en motocross qui font vrombir leur moteur.

La musique mélange avec réussite les hymnes récurrents de “Rocky”, en premier lieu “Gonna Fly Now” de Bill Conti, avec des sons très actuels, notamment du hip hop. “Ce que ces gars arrivent à faire, je ne peux plus le faire”, reconnaît Sylvester Stallone. “Ils sont dans le temps présent alors que moi, je vis dans le passé.” “Creed” n’est pas “Rocky”. C’est un “spinoff”, une dérivation.

Pour la première fois, le célèbre boxeur de cinéma n’est pas le personnage central du film. Il abandonne ce rôle à Michael B. Jordan, qui joue Adonis Johnson, le fils de feu Apollo Creed, adversaire et ami de Rocky Balboa dans les quatre premiers volets. Déjà premier rôle dans “Fruitvale Station”, ce jeune acteur de 28 ans a été révélé, à 15 ans seulement, dans la série culte “The Wire”. Très naturel, il donne vie à un nouveau personnage qui essaye d’exister dans l’ombre des grandes figures de “Rocky”. “C’est un honneur d’avoir été accepté dans ce monde qui existe depuis plus longtemps que moi”, dit Michael B. Jordan. “Avec cette équipe et le leader qu’est Ryan (Coogler), je ne me suis jamais senti aussi à l’aise pour tenter des choses, prendre des risques”, explique-t-il. “Et ‘Sly’ a fait l’essentiel pour moi en m’ôtant la pression, en me disant de ne pas essayer d’être à la hauteur de ce qu’étaient les ‘Rocky’, mais d’être moi-même”, ajoute-t-il. En second rôle, mais toujours en Rocky, Sylvester Stallone est dans la lignée de “Rocky Balboa”, personnage très humain, plein d’humour, en retenue. “C’est le début d’une nouvelle série”, veut croire le sexagénaire.