Au théâtre, Laurent Ruquier signe un manifeste anti-homophobie

Avec “Pourvu qu’il soit heureux”, Laurent Ruquier, de retour comme dramaturge, signe une pièce de boulevard sur un “coming out familial” qui sonne comme un manifeste contre l’homophobie et ses préjugés. A l’affiche du Théâtre Antoine, cette pièce se place de façon inédite du côté des parents d’un jeune homme dont ils découvrent l’homosexualité dans un magazine people: le compagnon de leur fils est une célébrité.

La pièce, écrite il y a plusieurs mois, se joue au moment où se multiplient les agressions contre des homosexuels ou lesbiennes. L’animateur y voit la conséquence d’une “la libération de la parole (homophobe) sur les réseaux sociaux qui se concrétise en actes”. “On a joué avec le feu et on reviendra difficilement en arrière”, regrette Laurent Ruquier.

“Je voulais une pièce grand public à l’opposé de ce qui s’est déjà fait, c’est-à-dire très loin des clichés. Il était temps que le théâtre populaire sorte des clichés habituels ou les utilise pour mieux les combattre”, observe l’animateur TV qui a signé une dizaine de pièces de boulevard depuis 2003.

En 1997, Laurent Ruquier a été l’une des premières personnalités en France à annoncer son homosexualité à la fin d’un one man show intitulé “Enfin gentil!”.

Avec “Pourvu qu’il soit heureux”, l’animateur qui n’avait jamais encore traité ce sujet au théâtre, livre sa création la plus personnelle: “il fallait que ce soit le bon moment et j’ai pris le parti d’aborder les difficultés que ça implique quand il faut l’annoncer à ses proches, encore plus quand on est ‘outé'”.

“Dans la communauté homosexuelle, on peut être un peu jusqu’au-boutiste. Même en 2018, ce n’est pas si simple pour des parents d’apprendre que leur enfant est homosexuel. La tolérance doit être bilatérale. Heureusement, les mentalités ont bien évolué, malgré le contre-exemple de la ‘Manif Pour Tous'”, estime Laurent Ruquier.

Dans ce huis-clos familial mis en scène par Steve Suissa, le spectateur découvre aux deux premiers actes les réactions les plus classiques: un père (Francis Huster) furieux d’apprendre l’homosexualité de son fils, la mère (Fanny Cottençon) qui joue la tolérance.

Puis la même scène est rejouée avec une mère qui culpabilise, tout en rejetant son fils (Louis Le Barazer), tandis que le père dédramatise.
A chaque fois, la crainte du qu’en dira-t-on brouille toute réflexion. Le troisième acte propose un scénario inattendu qui éloigne des ressorts du Boulevard.

“J’espère que cette pièce plaira aussi à la communauté homosexuelle, mais après tout il ne s’agit pas de convaincre des convaincus”, explique Laurent Ruquier, qui met la dernière main à une comédie musicale et une pièce inédite pour Régis Laspalès.

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14 novembre 2018 - 07h41