Au Salvador, des femmes en prison pour avoir avorté, dénonce Amnesty

L’interdiction totale de l’avortement au Salvador a conduit une vingtaine de femmes en prison, séparées de leurs enfants tandis que leurs familles sombraient dans la pauvreté, a dénoncé lundi Amnesty international dans un rapport. “Criminaliser l’avortement crée un environnement de suspicion envers les femmes souffrant d’urgences obstétriques”, puisque même les femmes avortant en raison de complications dans leur grossesse peuvent être condamnées à des peines de jusqu’à 40 ans de prison, selon l’organisation de défense des droits de l’homme.
“Les femmes (qui avortent, ndlr) sont emprisonnées et leurs familles doivent s’occuper des enfants dans un contexte de pauvreté”, a expliqué à l’AFP Astrid Valencia, chercheuse pour Amnesty.
La sévérité de la législation salvadorienne avait connu un écho international en 2013 avec le cas de la jeune Beatriz, 22 ans, atteinte de lupus et qui n’avait pas été autorisée à avorter d’un foetus dépourvu de cerveau.
Après une intervention de la Cour interaméricaine des droits de l’homme, l’Etat avait finalement autorisé en juin 2013 qu’on lui pratique une césarienne. Le nouveau-né était décédé au bout de quelques heures.
Interrogée par l’AFP, Morena Herrera, coordinatrice d’une association locale pour la dépénalisation de l’avortement, a indiqué qu’elle déposerait un recours devant cette Cour pour demander des “mesures provisoires” en faveur de neuf femmes actuellement incarcérées, dans l’attente d’une révision de leur dossier.
Au total, dans le pays centraméricain, 21 femmes sont détenues pour avortement, dans la majorité des cas dû à une urgence médicale. La plupart d’entre elles sont incarcérées dans la prison de Ilopango, à l’est de la capitale, qui abrite 2.020 détenues pour une capacité de seulement 550.