Après les Golden Globes, la course aux Oscars est ouverte

A peine le tapis rouge de la cérémonie des Golden Globes, qui lancent la saison des récompenses à Hollywood, était-il rangé que l’Académie des Oscars ouvrait lundi les votes pour ses nominations, attendues le 22 janvier. On prend les mêmes et on recommence? Rien n’est moins sûr, avertissent les experts. “Bohemian Rhapsody”, “Green Book”, “Roma”, “A Star Is Born”, “Vice”, “Black Panther”, “BlacKkKlansman”… La plupart des lauréats, et même des nominés, aux Golden Globes décernés dimanche seront vraisemblablement en lice pour les Oscars remis le 24 février.

“On peut raisonnablement penser que bon nombre d’électeurs des Oscars ont encore une pile de DVD qui les attend sur leur table basse. Et même s’ils ont probablement déjà regardé leurs favoris, une victoire aux Golden Globes (…) peut les inciter à jeter un oeil sur un outsider avant de remplir leur bulletin de vote”, estime Alissa Wilkinson, critique pour le site d’informations “Vox”. Ce serait par exemple le cas de “Bohemian Rhapsody”, biopic sur la vie du chanteur de Queen, un succès populaire qui a obtenu le Golden Globe du “meilleur film dramatique”, catégorie phare de la compétition, ou de “Green Book”, primé côté “comédie”.

“Il n’y a pas meilleure accroche marketing pour des films (comme ceux-là) qui sont déjà à l’affiche depuis de nombreuses semaines”, confirme Paul Dergarabedian, analyste pour la société spécialisée Comscore. Mais critiques et statistiques sont unanimes: les Golden Globes ne constitueront jamais un outil de prédiction fiable pour les récompenses cinématographiques les plus convoitées au monde.

Le grand gagnant des Golden Globes en 2018 était “Three Billboards” (drame), devant “La Forme de l’Eau” qui avait remporté l’Oscar du meilleur film. En 2016, le jury des Golden Globes avait préféré “The Revenant” à “Spotlight”, finalement primé aux Oscars, relève Sasha Stone. Pour les spécialistes, c’est principalement parce que le jury des Globes n’est pas composé de professionnels du cinéma: il s’agit d’une petite centaine de membres de l’Association de la presse étrangère de Hollywood (HFPA), qui ont de facto une vision différente de la profession. Et qui seraient aussi plus sensibles aux faveurs des studios, accusent leurs détracteurs.

Aux Oscars, ils seront cette année 7.902 à pouvoir voter dans vingt-quatre catégories. Tous issus de l’industrie du cinéma. La plupart votent dans leur propre corps de métier (les réalisateurs pour le meilleur réalisateur, les costumiers pour les meilleurs costumes, etc) au suffrage majoritaire. Sauf pour le “meilleur film”, qui est régi depuis 2009 par un étrange et complexe mode de scrutin “préférentiel” à plusieurs tours auxquels tous les collèges participent.

Chaque juré doit classer par ordre de préférence les films en lice (de cinq à dix) mais ce n’est pas l’oeuvre qui recueille le plus grand nombre de première position qui gagne (à moins d’obtenir d’emblée la majorité absolue). A chaque tour, on élimine le dernier et on réattribue les voix qui lui étaient allouées aux films restants, conformément à la “préférence” suivante dans la liste. Le problème –ou la vertu?– de ce système, c’est que bien souvent le film gagnant est celui arrivant en deuxième ou troisième position sur le plus grand nombre de bulletins, et non pas en tête.

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08 janvier 2019 - 08h06