Affaire Michael Cohen: la juge désigne un expert indépendant
Plus de deux semaines après une perquisition spectaculaire dans les bureaux de l’avocat personnel de Donald Trump, une juge new-yorkaise a désigné jeudi un expert indépendant pour décider quels documents saisis seront inexploitables par les enquêteurs, car relevant de la relation confidentielle avocat-client. Les avocats de Donald Trump voulaient pouvoir examiner les documents saisis en premier. Les conseils de son avocat, Michael Cohen, demandaient à pouvoir choisir eux-mêmes les documents confidentiels. Et les procureurs, à l’origine de la perquisition, bataillaient pour pouvoir faire seuls le tri.
En annonçant “la nomination d’un expert indépendant”, en la personne d’une ex-juge fédérale, Barbara Jones, la juge fédérale Kimba Wood a opté pour un compromis.
Les procureurs vont devoir transmettre à Mme Jones tout ce qui a été saisi dans les bureaux, la chambre d’hôtel et au domicile de Michael Cohen, afin qu’elle puisse juger s’ils relèvent du “secret avocat”: des milliers de documents et fichiers que les enquêteurs viennent de commencer à charger dans une base de données.
Si certains sont faciles à mettre en ligne, d’autres, contenus dans une douzaine de téléphones saisis chez M. Cohen, prendront plus de temps.
L’adjoint au procureur général de Manhattan, Thomas McKay, a estimé que les données contenues dans deux téléphones Blackberry pourraient mettre trois semaines à extraire, et les données d’un iPhone pourrait mettre plus de trois mois.
Les enquêteurs se sont engagés à ne pas examiner les documents saisis tant que le tri n’est pas terminé, même s’ils craignent que cela retarde l’enquête.
Même si M. Cohen ne fait l’objet d’aucune inculpation à ce stade, l’affaire est sensible pour le président américain, confronté à plusieurs affaires judiciaires qui le visent plus ou moins directement.
Personne ne sait vraiment ce que contiennent les documents et fichiers saisis, ni ce que cherchent exactement les enquêteurs. Leur mandat de perquisition n’a pas été rendu public.
M. Cohen, qui a contribué à enterrer de nombreux scandales entourant M. Trump en plus de 10 ans à son service, a notamment reconnu avoir payé 130.000 dollars à l’actrice de porno Stormy Daniels pour acheter son silence sur une relation sexuelle qu’elle affirme avoir eue avec Trump en 2006.
Il a assuré avoir effectué ce paiement sur ses propres deniers, tandis que Trump démentait toute liaison et affirmait ne rien savoir de ce paiement.
Dans une interview jeudi, le président américain a cependant reconnu que M. Cohen le représentait bien dans l’affaire Stormy Daniels, même s’il a minimisé l’étendue de ses relations avec l’avocat new-yorkais.