A Calais, une exposition Hubert de Givenchy retrace 40 ans d'élégance

“La mode, c’est faire tout son possible pour embellir la femme”: à 90 ans, le couturier français Hubert de Givenchy déroule plus de 40 ans de carrière à la Cité de la dentelle et de la mode de Calais (nord). “Cela ne sert à rien de faire de l’esbroufe, il faut faire des vêtements avant tout confortables et bien coupés, et il ne faut jamais contrarier le tissu avec trop d’artifices, il doit bouger sur le corps de la femme. Porter un vêtement doit vous donner une sécurité”, détaille le couturier, directeur artistique de l’exposition.

Portée avec un grand chapeau de paille et une jupe en lin, l’emblématique blouse “Bettina”, avec ses manches volantées en coton blanc et sa broderie anglaise noire, accueille le visiteur.

Elle a été présentée en 1952 à Paris, lors de la première collection du créateur alors âgé de 25 ans. Il y dévoilait ses “separates”: des pièces individuelles pouvant être assemblées, “plus simples, confortables et accessibles que celles de la haute couture”, alors que la mode était régie par des règles strictes. “Le style Givenchy c’est un certain chic décontracté”, résume Shazia Boucher, co-commissaire de l’exposition. De son premier défilé en 1952 à son départ en 1995 de la maison de couture qu’il a lui-même créée, vendue en 1988 au groupe LVMH, c’est toute la carrière du créateur qui est retracée ici, dans cette ancienne usine de dentelle du XIXe siècle.

– L’harmonie et le détail –
Un grand espace est dédié à sa muse, l’actrice Audrey Hepburn, habillée au cinéma comme dans la vie par le couturier, devenu un ami. Un must: la célèbre robe longue noire qu’elle porte dans “Breakfast at Tiffany’s”, avec des lunettes de soleil et un collier de perles. Parmi les 90 tenues et accessoires exposés, la robe au buste brodé que portait Jackie Kennedy lors de la visite officielle du couple présidentiel américain en France en 1961. “Habiller Jacqueline Kennedy a été un vrai coup de pouce pour la maison de couture”, reconnaît le couturier. La tenue de deuil portée par la Duchesse de Windsor aux funérailles de son époux – une robe et un manteau en crêpe de laine noir avec ceinture en cuir – est aussi exposée. “Les photos d’elle à l’entrée de la chapelle Saint-Georges, derrière son voile de cigaline noire, ont fait le tour du monde”, légende l’exposition.

Selon le créateur, dans une tenue, “ce qui compte le plus, c’est l’harmonie, du détail de la chaussure à la boucle d’oreille”. Les “petites robes noires” du couturier ont leur propre espace, dont la plus connue réalisée pour la compagne de Mick Jagger, la mannequin Jerry Hall: une robe en jersey de soie avec croisillons dorés sur les côtés et le long des manches.

“A l’époque où la haute couture était à son top, les personnes prenaient du temps pour s’habiller, les tissus étaient somptueux. Maintenant, je trouve qu’il y a une sorte de laisser-aller, je pense que la mode est devenue autre chose et je ne peux pas dire que je suis enthousiasmé. Il y a la mode et des modes”, lance Hubert de Givenchy.

L’exposition, qui se poursuit jusqu’au 31 décembre, se termine sur ses somptueuses robes de bal, ses robes des mariées, puis un ensemble de chapeaux, “le point final” d’une tenue, sourit le créateur.

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20 juin 2017 - 09h30