Jette : des locataires contraints de quitter leurs logements non-conformes…malgré de récentes rénovations

À Jette, au cœur de la Cité Florair, plusieurs locataires de logements sociaux sont sommés de quitter leur domicile, suscitant l’incompréhension dans ce quartier populaire.

En toile de fond : un vaste projet de mise aux normes de sécurité, porté par la société immobilière sociale Lojega.

Les résidents des étages supérieurs de certains immeubles de la cité (Florair I, II, III et IV) devront libérer les lieux dans les prochains mois. L’objectif affiché : permettre des travaux lourds, imposés par les nouvelles normes de sécurité, notamment en matière de prévention incendie.

Pourtant, un vaste chantier de rénovation de 14 millions d’euros a été mené en 2023 dans la Cité Florair. Ces travaux, censés améliorer durablement les logements, n’ont pas suffi à anticiper les exigences actuelles en matière de sécurité, dénonce le conseiller communal de l’opposition Xavier Van Cauter (PS). “Nous avons interrogé la bourgmestre, Claire Vandevivere et son échevin de l’Urbanisme lors du conseil communal de ce mercredi. Ils ont refusé de répondre, affirmant qu’ils n’avaient pas d’informations, et nous ont renvoyés vers Lojega.

Lojega, gestionnaire des lieux, contacté par nos soins, justifie cette décision par la nécessité d’aménager un couloir central reliant les deux cages d’escaliers — une exigence convenue en concertation avec le SIAMU, le service d’incendie et d’aide médicale urgente à Bruxelles. “Ce chantier, de grande ampleur, nécessite de libérer les étages supérieurs des bâtiments”, indique la société.

Face à cette évacuation partielle, un plan de relogement est mis en place. Lojega assure que son service social est déjà à pied d’œuvre pour accompagner les familles concernées. Un dédommagement serait  même prévu pour certains ménages, conformément à l’article 57 de l’arrêté locatif de 1996. Dans sa communication, Lojega rappelle qu’une nouvelle équipe dirigeante est désormais aux commandes et que la priorité est claire : “la sécurité des locataires”. La société dit vouloir se rapprocher  “le plus possible des normes incendie actuelles”, tout en reconnaissant que certains travaux, comme ceux prévus à Florair, “ne sont hélas pas possibles en site occupé”.

Xavier Van Cauter se demande également si les exigences des pompiers figuraient déjà dans le permis d’urbanisme délivré lors de la première salve de travaux. Selon lui, la responsabilité incombe à Lojega, mais également la commune de Jette, qui a “octroyé le permis d’urbanisme“.

“Le permis d’urbanisme n’est pas délivré par la commune, mais par la Région”

Des critiques que réfute formellement la commune. Pour l’échevin de l’Urbanisme et du Logement Eren Güven (MR), les rénovations passées et futures sont deux choses totalement différentes. “Les travaux qui ont eu lieu et qui ont été réceptionnés en 2023 étaient des autres travaux que ceux réalisés maintenant. Ce n’est pas une non-conformité à un permis d’urbanisme qui aurait été délivré. C’est tout à fait autre chose“, explique-t-il. “Je rappelle aussi que c’est la Région bruxelloise qui délivre le permis et pas la commune de Jette.” Il tacle, à son tour, le conseiller communal PS :”Il joue le jeu de l’opposition et veut faire le buzz. Intellectuellement parlant, cela pourrait être un peu plus honnête. Il faudrait plutôt recouper toutes les informations qu’on a. Je rappelle tout de même que tous ces bâtiments sont gérés non pas par la commune de Jette mais par une entité totalement distincte, qui est Lojega. Ces bâtiments appartiennent à Lojega et ne sont pas la propriété de la commune. Lojega a un conseil d’administration où siègent d’ailleurs des administrateurs de l’opposition, et notamment du parti qui s’amusait à critiquer lors du précédent conseil. En tant qu’échevin de l’Urbanisme, j’ai renvoyé l’opposition vers leur homologue qui siège au conseil d’administration, car il est plus à même à répondre que la commune par rapport à ça“.

“Je ne sais pas où on va partir mais je n’ai pas envie de bouger d’ici”

Malgré tout, l’angoisse reste palpable sur le terrain. Certains locataires dénoncent un manque de concertation, une précipitation dans les annonces et des alternatives de relogement jugées insuffisantes ou inadaptées. Pour beaucoup, c’est la crainte de devoir quitter un quartier, des voisins, parfois une vie entière.

“Ça fait treize ans que j’habite ici. Mes trois enfants ont l’école ici, j’ai mon garage ici, je ne sais pas où on a partir mais je n’ai pas envie de bouger d’ici” lance Fouad, un habitant directement concerné par ces relogements. “À la dernière minute ils ont décidé qu’ils allaient faire des travaux dans les quatre blocs alors qu’ils ont fait des rénovations il y a un an” conclut-il.

Les locataires des derniers étages devront quitter leur logement pour l’automne prochain. Les travaux devraient débuter en 2028 et se terminer en 2030.

Images et propos récoltés par Maël Arnoldussen, Camille Tang Quynh, Nicolas Scheenaerts et Morgane Van Hoobrouck

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