Procès des attentats : le parquet requiert la culpabilité d’Asufi et de Krayem comme co-auteurs des attaques
Après s’être intéressé aux accusés Oussama Atar et Mohamed Abrini, le parquet fédéral a poursuivi ce mercredi son réquisitoire concernant la culpabilité des dix hommes poursuivis dans ce dossier. Le ministère public a délivré son interprétation du dossier concernant le Suédois Osama Krayem et le Bruxellois Ali El Haddad Asufi.
Le procès qui occupe la cour d’assises de Bruxelles depuis le mois de décembre est entré mardi dans une nouvelle phase, après la clôture des débats. Dans cette nouvelle étape, le jury devra se montrer aussi modelable que de la plasticine, a illustré la présidente, Laurence Massart. “Vous êtes ouverts à tout, à charge et à décharge. Je vous invite à prendre des notes.“
Elle a ensuite usé d’une nouvelle métaphore, comparant les éléments présentés jusqu’à présent – au travers de l’exposé de l’enquête et des différents témoignages – aux briques d’une maison. Le parquet, puis les parties civiles et, enfin, la défense “voudraient que vous construisiez” des maisons différentes. Mardi, le parquet fédéral a requis, pour Oussama Atar et Mohamed Abrini, la culpabilité en tant que co-auteur d’assassinats et de tentatives d’assassinat dans un contexte terroriste, ainsi qu’en tant que dirigeant (pour le premier) et membre (pour le second) d’une organisation terroriste.
Ce mercredi, l’accusation a livré son interprétation des faits concernant deux autres accusés : Osama Krayem et Ali El Haddad Asufi. Le premier avait renoncé à déclencher sa bombe aux portes de la station de métro Pétillon. Le deuxième est soupçonné d’avoir cherché à se procurer des armes pour la cellule. C’est d’ailleurs dans cette optique que le Belgo-Marocain s’était rendu aux Pays-Bas fin 2015, selon le parquet.
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10h51 – Le parquet fédéral requiert la culpabilité de Krayem comme co-auteur des attentats
14h06 – Pour le ministère public, Ali El Haddad Asufi était bien chargé de chercher des armes
Le volet des armes reste une grande nébuleuse dans le dossier des attentats de Bruxelles le 22 mars 2016. Mais pour le ministère public, l’accusé Ali El Haddad Asufi avait bel et bien été chargé de rechercher des armes pour le compte de la cellule terroriste bruxelloise, comme l’a soutenu le procureur Bernard Michel mercredi matin lors de son réquisitoire.
Pour le procureur, l’existence d’une filière néerlandaise ne fait aucun doute. L’arrêt de la cour d’assises de Paris, qui a jugé les attentats du 13 novembre 2015 dans la capitale française, soutient d’ailleurs que la cellule terroriste a eu recours à une telle filière pour s’approvisionner en armes. Changer ensuite de filière pour Bruxelles n’aurait eu “aucun intérêt”, selon Bernard Michel.
Un autre accusé, Osama Krayem, a évoqué la filière néerlandaise à plusieurs reprises pendant l’enquête, a poursuivi le procureur. Lors de la perquisition à la planque de la rue du Dries à Forest peu avant les attentats de Bruxelles, une arme a été saisie. Interpol a confirmé l’origine néerlandaise de cette arme. “Ali El Haddad Asufi était un membre du groupe qui n’était pas terré dans une cache et qui avait une voiture”, a épinglé Bernard Michel.
Il est revenu longuement sur la date du 28 octobre 2015, jour où Asufi se serait rendu à Rotterdam avec Ibrahim El Bakraoui, l’un des kamikazes de l’aéroport de Zaventem qui était également impliqué dans les attentats de Paris. Ils s’y seraient procurés des armes en vue de commettre les attaques parisiennes.
La veille, Ali El Haddad Asufi échange de nombreux messages avec son cousin néerlandais. “31 contacts en quelques heures, ils devaient être une famille très soudée“, a ironisé le procureur. Le 28 octobre, Asufi a téléphoné à Ibrahim El Bakraoui, qu’on voit d’ailleurs sortir de l’immeuble de l’avenue des Casernes un téléphone à la main sur des images vidéo. Le téléphone d’Ibrahim El Bakraoui reste éteint toute la soirée, mais celui d’Asufi montre qu’il prend la route vers les Pays-Bas. La défense d’Asufi prétend qu’il s’est rendu à Rotterdam pour se fournir en cannabis. Mais il contacte sur place une personne inconnue dans le milieu des stupéfiants, selon Bernard Michel.
La Rédaction avec Belga