Le conseil communal de Bruxelles a passé au crible les déficits répétés de l’asbl Renobru

Le conseil communal de la Ville de Bruxelles a donné lundi soir majorité contre opposition une nouvelle fois son feu vert à un ajustement des dépenses pour apurer les déficits de l’asbl Renobru, chargée de gérer des projets de rénovation de logements dans le cadre d’un projet d’économie sociale.

Sur pression de l’opposition en juin dernier, le collège a livré des chiffres détaillés sur la situation déficitaire répétée de cette association au cours des dernières années. Denis Vanmol, le directeur général de celle-ci, a fait le point sur le plan de professionnalisation lancé après son arrivée en 2015 et qui doit permettre une situation financière équilibrée d’ici 2020.

Anciennement dénommée “projet X”, cette entreprise publique d’économie sociale avait été lancée en 2006, pour rénover des logements privés – mais depuis la réorganisation entamée en 2015, également publics – .

En juin dernier, le conseiller communal d’opposition Hamza Fassi Fihri (cdH), suivi en cela par DéFI et Ecolo, avait pointé du doigt l’intervention du collège dans le déficit aux comptes de Renobru pour les années 2016 et 2017, pour un total de 1,847 million d’euros (420.172 euros en 2016, et 1.427.000 d’euros en 2017) et une hausse d’un million d’euros des moyens octroyés par la Ville à Renobru pour l’année en cours.

Il avait vivement déploré que la majorité PS-MR demande au conseil de passer l’éponge, sans présenter le moindre document détaillé sur cette situation.

Lundi, conformément à l’engagement pris par le collège, le dossier est revenu sur la table du conseil, assorti de comptes plus détaillés de l’asbl présentés par le directeur général et le président du CPAS Ahmed El Ktibi (PS), ainsi que d’un nouveau vote.

Depuis 2015, l’association est soumise à un nouveau plan de gestion. Le directeur général est soutenu dans sa tâche par un comité de pilotage du CPAS. Selon lui, depuis sa naissance, et d’ici 2020, Renobru aura permis la rénovation de 311 logements pour un coût total de 30,1 millions d’euros et permis à quelques centaines de personnes sous statut d’article 60 de développer de nouvelles aptitudes.

Le plan de professionnalisation a permis d’atteindre les objectifs financiers et opérationnels fixés tant pour 2016 que 2017. Depuis 2015, les pertes financières identifiées par le réviseur d’entreprises ont été inférieures à celles initialement prévues.

Le président du CPAS Ahmed El Ktibi a quant lui souligné qu’au-delà des problèmes inhérents au secteur de la rénovation, se sont ajoutés ceux propres à une structure d’économie sociale visant l’insertion socio-professionnelle de personnes restées souvent longtemps éloignées du marché de l’emploi. Cela a contribué à des retards et à des difficultés financières sérieuses que les mesures prises depuis 2015 visent à résoudre.

Dans l’opposition, personne n’a contesté l’objectif social de l’asbl ni pointé l’existence de malversations financières. Pour Hamza Fassi Fihri, en réinscrivant exactement le même point et exactement le même montant de subsides pour couvrir le déficit de Renobru, le collège a néanmoins montré que son passage en force de juin dernier était une décision illégale et une pratique contraire aux principes de bonne gouvernance.

Pour lui, “la transparence forcée d’aujourd’hui jette le doute sur la volonté réelle et/ou la capacité de la majorité actuelle à tourner la page des mauvaises pratiques du passé”. La discussion de lundi a montré qu’il y avait une mauvaise gestion caractérisée jusque fin 2015: un seul CA par an, pas de demande systématique de permis d’urbanisme, pertes de subsides, réactions tardives et puis volonté manifeste de cacher cette situation.

Pour Fabian Maingain (DéFI), cela démontre le manque de clarté et de contrôle sur les ASBL satellites de la Ville de Bruxelles et la nécessité pour le futur de permettre un plus grand contrôle du conseil communal sur ces structures.

Belga

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