L’Union critique la gestion “amateuriste” du dossier Burgess par le parquet

L’Union Saint-Gilloise et ses avocats se sont présentés à Tubize, mardi, pour y défendre la position du club bruxellois dans l’affaire Christian Burgess. À la suite de l’imbroglio causé par la procédure de suspension du défenseur, la partie défenderesse a qualifié “d’amateuriste” la gestion de l’affaire par le parquet fédéral de l’Union belge de football (URBSFA).

L’audience du Conseil disciplinaire pour le football professionnel traitait de l’appel du parquet fédéral contre la sanction prononcée par le Comité disciplinaire vendredi. Cependant, les débats ont été en grande majorité orientés autour de la procédure, sujet du mécontentement saint-gillois. L’Union estime que l’appel est invalide. Christian Burgess s’est en effet assis en tribunes au cours de la rencontre face au Cercle de Bruges le week-end dernier.

Le défenseur pensait purger la suspension d’un match ferme prononcée par le Comité à la suite de son carton rouge reçu contre Genk, le 1er avril. Il s’est avéré ensuite que le parquet avait fait appel de la décision du Comité, qu’il jugeait insuffisante. Or, cet appel a une valeur suspensive et le joueur aurait pu s’aligner contre les Brugeois.

“Digne du football de provincial”

Gilles Blondeau a pris la parole en tant que représentant du parquet fédéral. Selon lui, le parquet n’a commis aucune faute de procédure: l’appel devait être officiellement déposé à midi au plus tard, le surlendemain de la décision rendue par le Comité. Le parquet a interjeté appel auprès des greffes de l’Union belge à 10h37, dimanche.  Les avocats, Mes Van Steenbrugge et Spreutels, se sont retroussés les manches pour démonter l’argumentaire du parquet.

Comme celles de Gilles Blondeau, qui n’a évoqué que brièvement le carton rouge reçu par Christian Burgess à Genk, les plaidoiries de la défense ont porté principalement sur la procédure.  Les deux avocats ont dénoncé le comportement “amateuriste” du parquet. Selon l’Union Saint-Gilloise, le fait que le match à Genk ait eu lieu le lundi aurait dû donner lieu à un processus accéléré, d’après le règlement fédéral.

L’audience devant le Comité aurait dû avoir lieu le mercredi plutôt que le vendredi, et le délai d’appel réduit à un jour plutôt qu’à deux, comme cela a été le cas. L’appel aurait donc dû être déposé le samedi, plutôt que le dimanche, avant midi.  Me Van Steenbrugge a notamment pointé un autre élément du règlement selon lequel les procédures disciplinaires portant sur une exclusion doivent absolument aboutir avant la prochaine journée de championnat. Cela n’a pas été le cas dans le dossier Burgess. Pour l’avocat, la gestion de cette procédure est “digne du football provincial”: il est inacceptable d’attendre le jour-même du match entre l’Union et le Cercle pour interjeter appel officiellement.

Message via WhatsApp

Pour la défense, le fait que l’Union belge ait “courtoisement” prévenu samedi les deux clubs qu’il ferait appel n’a aucune valeur juridique. “Le délai n’a pas été respecté”, d’autant plus que la notification officielle n’est parvenue au club qu’à un quart d’heure de la fin du match.  Gilles Blondeau a répliqué que le procureur fédéral Ebe Verhaegen avait contacté le CEO de l’Union Saint-Gilloise, Philippe Bormans, via WhatsApp pour le prévenir que Christian Burgess pouvait disputer la rencontre.

Cependant, ce message serait arrivé à 12h32, dimanche, moins d’une heure avant le coup d’envoi du match. Or, la feuille de match devait être validée depuis 12h15.  Pour Me Spreutels, Philippe Bormans a adopté “un comportement prudent”, fidèle au règlement. La plateforme e-kickoff, dédiée à l’enregistrement des feuilles de match et reprise dans le règlement, indiquait que Burgess était inéligible. L’aligner aurait donc constitué “un risque d’enfreindre le règlement” et pas conséquent d’être sanctionné.

“Carrière exemplaire”

Pour toutes ces raisons, l’appel n’aurait donc pas été déposé dans les temps selon l’Union, et Burgess aurait purgé sa suspension d’un match prononcée par le Comité, en manquant le match contre le Cercle.  Le dernier mot est revenu au principal concerné, qui a souhaité “pouvoir faire son travail et jouer contre Anderlecht”. Les débats sur la faute à l’origine du carton rouge ont été presque éclipsés par le reste de la discussion, mais les avocats ont rappelé “la carrière exemplaire” de Christian Burgess, qui “ne méritait pas de suspension”. Si même il en méritait une, celle-ci aurait déjà été purgée, d’après eux.  Le Conseil disciplinaire a prévu de rendre sa décision d’ici demain matin au plus tard.

Belga – Photo : Belga

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09 avril 2024 - 16h03
Modifié le 09 avril 2024 - 16h51