Zelensky à Bruxelles pour le sommet européen, la mobilité perturbée

Les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne (UE) se retrouvent ce jeudi à la mi-journée en sommet extraordinaire à Bruxelles. Volodymyr Zelensky a été reçu par le Premier ministre Bart De Wever. Dans l’après-midi, il est attendu au Palais où le roi Philippe le recevra en audience. 

L’objectif de ce sommet est double : un feu vert de principe à de nouveaux leviers financiers de l’UE, afin d’accélérer un réarmement sans précédent de l’Europe face au désengagement américain et à la menace russe, et chercher une unité sur l’Ukraine. Comme lors de chaque sommet, de nombreuses mesures de sécurité sont prises, avec un impact sur la mobilité.

C’est le fulgurant rapprochement des États-Unis de Donald Trump avec la Russie de Vladimir Poutine qui a poussé le président du Conseil européen, Antonio Costa, à convoquer ce sommet extraordinaire. L’altercation, vendredi dernier à la Maison Blanche, entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, suivie de la suspension par Washington de son aide militaire et en renseignement à l’Ukraine, ont accentué l’urgence. De nombreux pays de l’UE et de l’Otan ont déjà commencé à esquisser une coalition pour garantir une éventuelle paix durable en Ukraine, à l’initiative notamment de la France et du Royaume-Uni. Tandis que Donald Trump continue de convoiter les minerais ukrainiens sans apporter de garanties de sécurité au pays agressé, une tâche qu’il semble vouloir laisser aux Européens. Le sommet de ce jeudi se concentre sur les compétences purement UE.

Les Vingt-sept travailleront essentiellement sur la base de propositions de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Celle-ci a mis sur la table un nouvel instrument commun de 150 milliards d’euros pour prêter aux États membres qui y trouveraient leur intérêt les moyens d’investir dans une série d’armements prioritaires, via des achats communs : missiles et munitions, défense antiaérienne et antimissile, drones et systèmes anti-drones, infrastructures spatiales, cyber, etc. Cela permettrait aussi aux États membres de soutenir rapidement l’Ukraine.

On est en train de changer de monde, c’est un tournant dans la manière dont les États membres réalisent leur responsabilité“, commentait une source européenne. “C’est le reflet de la nécessité d’une Europe plus souveraine, responsable, capable de se défendre de manière plus autonome. Il faut réduire les dépendances stratégiques, combler les lacunes capacitaires, et vite.” D’autres pistes de financement avaient déjà été ébauchées il y a un mois lors d’une retraite des dirigeants européens au Palais d’Egmont : flexibilité des règles budgétaires pour éviter que les dépenses accrues en défense ne déclenchent ou ne pèsent sur les procédures de déficit excessif, utilisation de fonds structurels de cohésion, mobilisation de capitaux privés, extension à la défense des investissements de la BEI, etc. Au total, ce premier paquet de mesures UE pourrait faire levier pour des montants allant jusqu’à 800 milliards d’euros, selon Mme Von der Leyen.

Cette dernière attend du sommet un feu vert qui permettrait à ses équipes de développer les textes légaux, avec en point de mire le sommet “régulier” des 20 et 21 mars prochains. Plus est à venir : la Commission doit aussi présenter un livre blanc sur la défense européenne le 19 mars. “Tout concourt à penser que des décisions seront encore prises au sommet de juin“, selon un diplomate.

La Belgique fera “tout ce qui est nécessaire”

Le Premier ministre Bart De Wever arrivera au bâtiment Europa avec le message que la Belgique fera “tout ce qui est nécessaire” pour augmenter ses dépenses de défense, rapportait mercredi De Tijd. D’éventuelles restrictions aux modalités de la flexibilité budgétaire proposée, par exemple pour les pays déjà sous procédure de déficit excessif, continuent de faire friction. Mais l’Allemagne, qui en réclamait le mois dernier encore, ambitionne désormais une augmentation spectaculaire de ses dépenses militaires. Elle plaide dès lors pour un assouplissement des règles budgétaires de l’UE, un virage à 180 degrés par rapport à son positionnement historique sur le budget de l’UE. Si des voix continuent de s’élever pour confisquer les actifs russes gelés dans l’UE, principalement en Belgique, afin de soutenir davantage l’Ukraine, ce sujet n’est pas sur la table.

Pour de nombreux États, dont la Belgique, cela reste incompatible avec le droit international et créerait de l’instabilité financière. “Ce qui est admis, en revanche, c’est que ces actifs seront bien là, dans les mains de l’UE, quand viendra le temps de la négociation. Il faudra voir alors s’il convient de les utiliser pour des réparations, conformément au droit international“, selon une source. Le volet “défense européenne” des conclusions du Conseil européen pourrait faire consensus. Il n’en va pas de même pour le volet “soutien à l’Ukraine”, qui risque bien de se heurter au veto annoncé du Premier ministre hongrois Viktor Orban, éventuellement suivi par le Slovaque Robert Fico. Le Hongrois est aligné sur le désengagement américain de l’Ukraine, refuse des garanties de sécurité à l’Ukraine et veut des pourparlers directs avec Moscou. Ses interlocuteurs devraient commencer par tenter de prendre en compte ses considérations, mais sans détricoter le projet de conclusions. “Et s’il faut constater que l’un ou l’autre n’est pas à bord, on l’annoncera comme ça.”

Circulation

Un périmètre de sécurité est instauré autour du rond-point Schuman. Dans cette zone, la circulation est interdite (excepté véhicules de secours ou disposant d’une dérogation). Les piétons doivent également disposer d’un badge d’accès et montrer leur carte d’identité pour entrer dans ce périmètre.

Les rues alentours sont réservées à la circulation locale et le stationnement y est interdit.

Le tunnel Reyers-centre est également fermé à la circulation.

Transport public

Les transports en commun sont aussi impactés lors d’un Sommet européen. Les lignes de bus 12, 21, 22, 27 36 60 79 qui passent par Schuman sont déviées via Maelbeek. Dans la station métro/train Schuman, une série d’accès sont fermés.

Sur demande de la Police, il est possible que la station soit complètement inaccessible à certains moments.

Volodymyr Zelensky avait déjà été reçu en février 2023 par le roi Philippe

Zelensky sera reçu au Palais

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky participera bien en personne au sommet européen extraordinaire de jeudi, consacré à la poursuite du soutien à son pays et à la défense européenne, a indiqué mercredi en fin de journée une source officielle de l’UE. En matinée, la participation de M. Zelensky par vidéoconférence avait été confirmée.

Le président ukrainien est invité à Bruxelles par le président du Conseil européen Antonio Cost. Depuis l’invasion à grande échelle de son pays par la Russie en février 2022, il a été invité presque systématiquement à intervenir, en présence ou à distance, lors des sommets européens. La réunion doit débuter à 12h30.

Dans l’après-midi, Volodymyr Zelensky est attendu au Palais de Bruxelles. Le roi Philippe le recevra en audience, a annoncé le Palais mercredi soir.

Volodymyr Zelensky avait déjà été reçu en février 2023 par le roi Philippe, avec le Premier ministre d’alors Alexander De Croo, puis une nouvelle fois en mai 2024, dans le cadre de la signature d’un accord bilatéral de sécurité.

Lors de sa première visite au Palais, en 2023, le président ukrainien avait offert au souverain belge un fragment d’un avion russe abattu en Ukraine.

Des militants ukrainiens déploient un drapeau géant 

Une centaine de militants ukrainiens ont déployé mercredi vers 17h30 une banderole de 500 mètres carrés sur la place Jean Rey à Bruxelles, à deux pas des institutions européennes. Celle-ci arborait le message “Défendons l’Ukraine, défendons l’Europe. Saisissons les milliards de la Russie”.

Les militants voulaient, par cette action, encourager les États membres à confisquer les actifs russes afin de soutenir l’Ukraine. “Défendre l’Ukraine, c’est défendre l’Europe. Nous appelons l’Europe à agir, à agir de manière décisive et à montrer un soutien indéfectible à la démocratie et à la justice face à la menace de Poutine et de Trump“, a déclaré l’ONG Avaaz, organisatrice de l’événement.