Watermael-Boitsfort : 46 personnes menacées d’expulsion d’un immeuble inoccupé

Les 46 personnes, dont de nombreuses mères sans-papiers et 17 enfants, qui occupent depuis le 3 avril un immeuble inoccupé du boulevard du Souverain à Watermael-Boitsfort sont sous le joug d’une procédure d’expulsion initiée par la société congolaise Gécamines, propriétaire des lieux.

L’audience prévue vendredi matin en justice de paix a été reportée au 14 mai prochain pour cause de Covid-19. L’expulsion pourrait avoir lieu à compter de huit jours après la décision de justice.

Le groupe occupait auparavant le bâtiment de la FGTB situé rue Joseph Stevens à Bruxelles. “Ce bâtiment, nous ne l’occupons plus depuis mai 2019. Nous avons alors permis, en juin de la même année, une occupation temporaire. Puis, en mars 2020, nous avons informé les habitants que nous avions signé un compromis de vente“, avait expliqué en février dernier Thierry Bodson, président de la FGTB.

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Le syndicat avait initié une procédure d’expulsion fin 2020 et les occupants ont été enjoints par la justice le 16 février dernier, sur requête unilatérale de la FGTB, de quitter les lieux dans les huit jours. Le futur propriétaire du bâtiment a cependant accepté de retarder la signature de l’acte de vente, prévue initialement pour la mi-avril. Les habitants doivent remettre les clés ce 10 mai, a précisé une occupante.

Un bâtiment inoccupé depuis 2017

Le groupe a alors investi l’immeuble de la Gécamines, qui est, selon les informations qu’il a collectées dans le voisinage, inoccupé depuis au moins 2017. La société fait quant à elle valoir, dans ses arguments présentés à la justice, que le bâtiment contient encore des documents et du matériel utilisés par le personnel, qui travaille désormais dans l’immeuble voisin. Le bureau de la représentation de la Gécamines avance avoir loué ces locaux dans l’attente d’une décision des instances en République Démocratique du Congo pour rénover l’immeuble dont la société est propriétaire.

Les occupants assurent avoir stocké avec soin les affaires de la société dans des pièces fermées, mais défendent, sur base de photos prises à leur arrivée, qu’elles ont été laissées à l’abandon et qu’elles ne sont pas utilisées de manière régulière. “Il n’y a rien d’initier au niveau de l’urbanisme et cela va sûrement rester ainsi longtemps”, estime une occupante. “De nombreux membres du groupe sont d’origine congolaise. Il y a un lien malheureux entre cette société qui exploite les richesses du sous-sol au Congo et les gens forcés d’émigrer pour des raisons économiques, faute d’investissement dans le développement du pays. On a décidé qu’on resterait dans ce bâtiment coûte que coûte.

Belga – Photo : Belga/Nicolas Maerterlinck