Violences à Bruxelles, menace terroriste : voici les décisions du Conseil national de sécurité

Un Conseil national de sécurité a eu lieu ce mercredi matin. L’objectif était d’évoquer les problèmes de sécurité liés au trafic de stupéfiants, mais également aux menaces extérieures que représentent le terrorisme, la guerre en Ukraine ou la désinformation. Un nouveau chef de l’armée a par ailleurs été nommé. Quant aux militaires dans les rues de Bruxelles, cela été “à peine évoqué”.

Reportage d’Anaïs Corbin, G. Flahaux et C. De Beul

Un nouveau Conseil national de sécurité (CNS) a eu lieu ce mercredi matin pour faire le point sur les nombreux dossiers concernant les violences liées au trafic de drogue ou encore aux menaces extérieures. Alexander De Croo, Premier ministre, Paul Van Tigchelt, ministre de la Justice, Annelies Verlinden, ministre de l’Intérieur et Ludivine Dedonder, ministre de la Défense, se sont présentés à la presse.

Opérations ciblées à Bruxelles

“On a pris un certain nombre de décisions importantes pour garantir notre sécurité”, a annoncé Alexander De Croo. Quelque 200 nouveaux agents de police viendront renforcer les effectifs d’ici la fin de l’année. Un apport loin de combler le déficit d’effectifs, qui est de 13% si l’on s’en réfère aux chiffres communiqués par les six zones de police locales bruxelloises en février dernier. Au total, elles comptent 5.614 policiers sur 6.382 prévus au tableau organique. Il manque donc 768 agents.

En dépit de cette réalité, le Premier ministre a évoqué la mise sur pied d’opérations dans des zones ciblées à Bruxelles, pour lutter contre le trafic de drogue. Ce plan d’action s’appuiera sur une “approche intégrée” des différents services de police et de la justice à Bruxelles, une action plus ciblée sur différents hotspots (la Porte de Hal et le Peterbos à Anderlecht), et une meilleure coordination entre les six zones de police de la capitale.

“L’objectif est que tout deal de stupéfiants fasse l’objet de poursuites”, a commenté le ministre de la Justice, Paul Van Tigchelt (Open Vld), lors d’une conférence de presse organisée à l’issue du CNS. Outre le travail policier sur place, cette lutte sera menée avec différents services de l’administration, ainsi que l’Office des étrangers pour permettre l’expulsion rapide des trafiquants. Les organisateurs de ce trafic font en effet souvent usage de jeunes étrangers en situation illégale dans le pays, les utilisant comme revendeurs de rue. Un accord a notamment été conclu avec le Maroc pour la reprise de ses nationaux, a ajouté le ministre de la Justice.

Selon lui, la violence constatée ces dernières semaines dans la capitale est liée à l’arrivée de la mafia marseillaise à Bruxelles. Celle-ci a profité de l’affaiblissement de la mafia albanaise à la suite de l’enquête Sky-ECC pour reprendre une partie du marché de la drogue dans la capitale.

 

“Consommer de la drogue est un crime”

Par ailleurs, Alexander De Croo a évoqué aussi le sort réservé aux consommateurs. “Les gens qui pensent que consommer de la drogue de façon récréative n’a pas d’impact sur la société se trompent. Cela engendre de la violence à la fois dans les pays producteurs, mais aussi dans le nôtre. C’est pourquoi nous avons augmenté les amendes, d’une petite centaine d’euros à plus de 1.000 euros. Consommer de la drogue est un crime”. “Quand on évoque la légalisation de la drogue, on parle de cannabis”, a ajouté Annelies Verlinden. “Le crime organisé est plutôt associé à la cocaïne et aux drogues synthétiques. Ce n’est pas en légalisant le cannabis que nous allons mettre fin au crime organisé. Par ailleurs, il s’agit également d’une question de santé publique”, a-t-elle ajouté. “La drogue a également un impact sur l’environnement, j’ai pu le voir de mes propres yeux en Colombie”.

 

► Lire aussi | Selon Denis Ducarme (MR), le consommateur est complice du narcotrafiquant et doit être puni

► Lire aussi | Gestion du trafic de drogue : Denis Goeman appelle à ne pas oublier le personnel du greffe

L’armée dans les rues ? “À peine évoqué”

Préconisé par le Mouvement Réformateur sous l’impulsion de son président, le déploiement de l’armée dans les rues de la capitale n’a pas été retenu comme option par le gouvernement.

Selon la ministre de la Défense, les militaires n’ont ni la formation, ni le matériel, ni le mandat de lutter contre le crime organisé.  “L’idée a à peine été évoquée lors du conseil national de sécurité. Le MR a plaidé pour la mesure, mais les services n’ont pas réagi car cela ne répond absolument pas à leurs besoins”, a commenté Ludivine Dedonder (PS). Celle-ci a également attribué le sous-effectif policier actuel à la politique menée par le MR lors de la législature précédente.

Niveau 3 de la menace maintenu

Concernant les menaces extérieures, le Premier ministre a confirmé que le niveau 3 de la menace terroriste était maintenu. “Ce n’est pas une décision politique, mais de la situation. Cela signifie qu’une menace est possible, mais n’est pas imminente. Nous savons que certains pays ont relevé le niveau de vigilance, comme la France, mais ce n’est pas le cas chez nous”.

 

Alexander De Croo a également évoqué les tensions entre la communauté turque et les militants du PKK, organisation qualifiée de “terroriste”, a-t-il rappelé.

La prolifération des fausses  informations retient également l’attention, les débordements suite à l’arrivée du programme EVRAS (Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle, ndlr) dans les établissements scolaires en furentt la preuve récente. “On a discuté d’une stratégie de lutte préventive et réactive par rapport à la propagation de fausses informations”.

 

Nouveau chef de l’armée

Par ailleurs, le gouvernement fédéral a confirmé, en marge du conseil national de sécurité, la nomination de nouveaux responsables pour les trois principaux services de sécurité du pays Actuellement n°2 de l’armée, le lieutenant-général aviateur Frederik Vansina a été désigné comme nouveau chef de la défense (CHOD). Il succèdera dès cet été à ce poste à l’amiral Michel Hofman, bientôt admis à la pension.

Pour la police fédérale, le gouvernement a confirmé la désignation d’Eric Snoeck comme commissaire général, fonction qu’il exerçait à titre intérimaire depuis l’été dernier déjà. Administratrice générale ad interim de la Sûreté de l’Etat depuis deux ans, Francisca Bostyn a, elle, été formellement désignée mercredi à la tête des services de renseignement civils.

L. Struys, A. Corbin, V. Schmitz avec Belga

Partager l'article

27 mars 2024 - 19h21
Modifié le 28 mars 2024 - 06h59