Covid-19 : va-t-on vers un nouveau lockdown ?

On compte actuellement 4.000 contaminations par jour, 203 admissions à l’hôpital et 25 décès selon les derniers chiffres communiqués par Sciensano. Les courbes augmentent mais doit-on pour autant revenir à un confinement strict? La question taraude tous les membres des gouvernements et les experts.

La semaine dernière, on a compté à trois reprises plus de 5.000 cas par jour. Ces contaminations touchent principalement les 10-20 ans mais entraînent une augmentation des hospitalisations chez les 40-55 ans. Si on ne fait rien, certains statisticiens comme Geert Molenberghs de la KULeuven prédisent des journées avec 7.000 voire 7.500 contaminations par jour. On dénombre aussi 588 patients dans les unités de soins intensifs. Lors de la première vague, il y a un an, on y a compté un maximum de 1.285 personnes et lors de la deuxième, en octobre, 1.473. Aujourd’hui, nous pourrions monter à 2.000 lits en soins intensifs.

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On voit que pour le moment nous sommes loin de la saturation puisque l’occupation est de 30% mais on sait maintenant comment fonctionne le virus. Plus de contaminations nous amènent forcément à une augmentation des hospitalisations et, quand la courbe devient exponentielle, il est très complexe d’arrêter la covid. Et pour le professeur de santé publique à l’ULB, Yves Coppieters, il faut faire diminuer le taux de reproduction du virus. Aujourd’hui, il est de 1,1. Or, quand il arrive à 1,15, cela devient quasiment impossible d’arrêter les contaminations sans employer des méthodes strictes.

Plusieurs possibilités sur la table

Pour faire diminuer ce taux, plusieurs possibilités existent mais aucune ne semble évidente. Un comité de concertation se réunirait ce mercredi suite au rapport du commissaire Corona. Pour certains, il faudrait un nouveau lockdown pour une période de trois semaines. Yves Coppieters ne plaide pas pour cette solution. Pour lui, il faut surtout accélérer le rythme de la vaccination puisqu’on voit qu’elle est efficace avec un nombre de décès en diminution et des patients âgés qui ne sont plus hospitalisés. On peut aussi augmenter le nombre de lits. Depuis un an, aucune politique n’a été en ce sens. Pour le moment, on pourrait attendre les 3.000 lits en soins intensifs mais pas plus car on manquerait de matériel ou de personnel médical.

Alors pour d’autres, il faudrait refermer les écoles. Là aussi, Yves Coppieters trouve la mesure très efficace d’un point de vue épidémiologique mais est-ce le bon choix? Pour être efficace, il aurait fallu le faire dès maintenant. Pour le moment, les courbes restent encore tolérables mais pour combien de temps?

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Tous croisent les doigts pour que cela tienne jusqu’aux vacances de Pâques et peut-être que le retour des beaux jours sera positif. Pour le moment, Alexander De Croo tente de tenir bon en mettant en place de nouveaux protocoles plus strictes dans les écoles ou en favorisant le dépistage dans les entreprises. Mais en tout cas, si de nouvelles mesures sont prises, il faudra qu’elles soient fortes pour être respectées par la population.

■ Interview d’Yves Coppieters, professeur de santé publique à l’ULB par Vanessa Lhuillier