Un quart des dossiers d’Unia liés à des critères raciaux

Dans son rapport annuel 2019, Unia , qui lutte contre la discrimination, relève que 25,8 % des dossiers sont liés aux critères “raciaux”, rapporte La Libre Belgique lundi. Le codirecteur d’Unia, Patrick Charlier, insiste sur le caractère systémique et structurel du problème de discriminations raciales.

En 2019, Unia a reçu 8.478 signalements relatifs à des faits présumés de discrimination, ressort-il du rapport annuel du service public indépendant de lutte contre la discrimination et de promotion de l’égalité des chances. Pas moins de 25,8 % concernent une prétendue race, la couleur de peau, la nationalité, l’ascendance (juive) ou l’origine (nationale ou ethnique). “Depuis toujours, un quart au moins des dossiers qu’on ouvre sont liés à ces critères dits raciaux. Pour moi, c’est l’illustration que la question du racisme reste un problème d’actualité“, commente Patrick Charlier, codirecteur d’Unia.

https://twitter.com/unia/status/1274961505583316992

Il y a dans notre société une sorte de consensus pour condamner le racisme en général et les comportements individuels de racisme. Si quelqu’un se fait agresser sur base de sa couleur de peau, il y a peu de monde dans le spectre politique, associatif ou autre qui va l’accepter ou le justifier“, pointe M. Charlier.

Mais admettre qu’il existe des situations de racisme individuel, ce n’est pas reconnaître le caractère systémique et structurel du problème, insiste le responsable d’Unia. Certains “acceptent de stigmatiser un comportement individuel mais affirment que notre société offre toutes les opportunités et que, si on est en échec, c’est une responsabilité individuelle“, signale M. Charlier. Or le monitoring socio-économique montre en tout cas que l’organisation du marché du travail génère et reproduit pourtant bien les inégalités.

“Le langage s’est durci sur les réseaux sociaux”

Sur les réseaux sociaux, nous avons constaté que le langage s’est durci, ciblant notamment les personnes en situation de handicap, les musulmans et les réfugiés“, déclare Patrick Charlier. “Il y a une normalisation des messages de haine sur les réseaux sociaux et dans la rue“. “Après les élections du 26 mai 2019, il n’y a plus eu aucune retenue. Certains ont vu les résultats de ces élections comme le signal qu’ils pouvaient se laisser aller. Le ton du débat social est devenu plus dur, plus brutal, plus agressif“.

Cette tendance semble se poursuivre en 2020. “Récemment, de nombreuses controverses sont apparues à propos du racisme et des actions de la police en Belgique, après la mort tragique de George Floyd aux États-Unis. Cela a été accompagné de nouveaux messages de haine. Heureusement, nous avons également constaté une réaction contraire : un courant d’actions de solidarité de la part de citoyens qui souhaitent que des mesures soient prises contre le racisme structurel“. 

L’année dernière, Unia a ouvert 2.343 dossiers. Tandis que leur nombre s’élevait à 2 192 en 2018. Au total, 8.478 signalements de discrimination, de messages et de délits de haine ont été enregistrés l’année dernière, contre 7.489 en 2018. En l’espace de cinq ans, le nombre de signalements a presque doublé. 

Source/Image : Belga

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22 juin 2020 - 07h08
Modifié le 22 juin 2020 - 09h55