ULB : les chercheurs et doctorants pénalisés par le Covid veulent des compensations
Les chercheurs et doctorants de l’ULB sont nombreux à avoir pâti des mesures sanitaires et du confinement. Interrompus dans leur travail, beaucoup risquent de voir leur bourse arriver à terme avant d’avoir pu terminer leur thèse. Le conseil d’administration de l’ULB, réuni cette après-midi, doit aborder la question. Une cinquantaine d’étudiants ont manifesté à l’entame de la réunion pour rappeler leurs revendications.
Comme beaucoup, les doctorants ont vu leur quotidien bousculé par le confinement. Dès le mois de mars, ils font face non seulement à une surcharge de travail en raison de la généralisation de l’enseignement à distance mais leurs recherches sont mises à mal par les mesures sanitaires : impossible de se rendre à l’étranger pour ceux et celles dont les sujets de thèses l’imposent, les centres d’archives et les bibliothèques sont fermés, les études et expériences en laboratoire sont suspendues. Cela rend l’accès aux sources et aux données extrêmement précaires. Et puis tout le monde ne dispose pas chez soi des conditions propices à un travail de recherche. “Conséquence : la perte de précieux mois de recherche et de travail“, explique Simon Watteyn, doctorant en histoire et représentant du corps scientifique à la faculté de Philosophie et Sciences sociales.
Car les chercheurs bénéficient de bourses limitées dans le temps pour pouvoir mener à bien leur doctorat. Le financement court généralement sur quatre années, sans possibilité de prolongation. Ceux et celles qui ne terminent pas dans les délais, se retrouvent au chômage pour terminer leur thèse.
Soutien spécifique
Au printemps dernier, la délégation centrale du corps scientifique (DCCS), instance représentant les doctorants, a demandé aux autorités universitaires de prévoir un soutien spécifique pour les chercheurs de dernière année de doctorat, dont les bourses arrivaient à terme entre mai et septembre, nous indique l’une de ses représentantes. Le principe : octroyer un financement équivalent à un salaire allant de un à six mois, en fonction des situations de chacun. L’ancienne équipe rectorale formulait de son côté une autre proposition : une somme forfaitaire de 5000 euros pour toutes les personnes concernées, explique encore la DCCS . “Mais cette somme est bien insuffisante au regard des besoins“, déplore notre interlocutrice, qui ajoute : “Cela revient à envoyer des doctorants au chômage alors qu’ils travaillent ! Ce qui risque en plus de les précariser par après.”
65 doctorants concernés
Toujours selon la DCCS, c’est sa proposition qui a eu les faveurs du Conseil académique (instance représentant le personnel scientifique nommé à titre définitif et les enseignants), réuni à la fin du mois de mai. Elle devait être ensuite approuvée par le conseil d’administration de l’ULB mais celui-ci, réuni début juin, a décidé de reporter son vote au mois d’octobre, le temps d’en savoir plus sur les coûts d’une telle mesure. La délégation du corps scientifique a donc mené une enquête durant l’été, insistant sur l’urgence de trouver une solution. Résultat : 65 personnes seraient éligibles, cette année, à un soutien financier, soit environ 80% des doctorants en dernière année de thèse, précise Simon Watteyn. Sur base de ce chiffre, le coût de la mesure a été estimé à 435.128 euros. “Une aide similaire a été mise sur pied à l’UCLouvain et dans d’autres universités notamment en France et en Grande-Bretagne. Pourquoi pas chez nous ? “, demande-t-il.
“Pendant la campagne rectorale, les candidats nous ont assuré de leur soutien. Nous attendons donc avec impatience l’issue du CA d’aujourd’hui, le premier à se tenir sous les auspices de la nouvelle rectrice”, conclut la représentante de la délégation du corps scientifique.
La nouvelle rectrice, Annemie Schaus, a choisi d’aller plus loin que son prédécesseur, Yvon Englert, en proposant un montant couvrant trois mois de travail pour toutes les personnes concernées, dont la bourse arrive à échéance en septembre. Proposition qui a été validée par le conseil d’administration.
S. R.