Trois partis dénoncent le “racisme institutionnel” de la police de Bruxelles-Midi
Les faits de violence policière commis dans un commissariat bruxellois en 2020 et récemment révélés dans l’émission #Investigation de la RTBF ont été débattus lundi soir lors d’un conseil du collège de police de Bruxelles-Midi.
Au cours de discussions houleuses, les citoyens, suivis par Ecolo-Groen, le PS et les Engagés ont cherché à éclaircir le contexte de ces actes, et ont dénoncé de concert “le racisme institutionnel” au sein de la zone de police.
Sur les images datant du 31 mai 2020, on voit un agent du commissariat de Démosthène passer à tabac deux personnes interpellées, à quelques heures d’intervalle, face à la passivité quasi-totale de ses collègues. À l’époque, le policier avait fait l’objet d’une sanction disciplinaire dite “lourde” – à savoir le déplacement vers un service intérieur – et d’une sanction financière. Sur le plan judiciaire, le parquet avait ouvert une enquête sur base des éléments communiqués par la zone, et la procédure s’était soldée par une suspension du prononcé.
L’interpellation citoyenne de ce lundi soir a dénoncé la “culture de l’impunité et le racisme présents au sein de l’institution policière“, exhortant les membres du collège communal à “prendre leurs responsabilités” et à se constituer partie civile contre l’agent en question.
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“Le fait que les vidéos de ces violences n’aient pas été transmises au collège lors de la prise de sanction nous inquiète fortement de la capacité du collège à exercer un réel contrôle démocratique“, ont ainsi indiqué les interpellants. Ceux-ci suggèrent une “politique de tolérance zéro” envers de tels actes, à commencer par le “licenciement immédiat des agents concernés“.
L’urgence de réformer en profondeur les services de police afin d’assurer la sécurité de tous les citoyens a ensuite été pointée de façon unanime par Ecolo-Groen, le PS et les Engagés auprès des trois bourgmestres concernés, à savoir Jean Spinette (Saint-Gilles), Mariam El Hamidine (Forest) et Fabrice Cumps (Anderlecht), ainsi que le chef de corps de police, Jurgen De Landsheer.
“Le point commun entre toutes ces affaires – qu’il s’agisse de la mort tragique du jeune Adil, des policières se baladant dans Cureghem et traitant les habitants de macaques, du policier recevant une plainte collective de la part de ses collègues pour propos racistes, jusqu’à cette récente révélation de passages à tabac – est qu’aucun des agents impliqués n’a été licencié“, a ainsi déclaré Sofia Bennani (Les Engagés).
Les Engagés ont proposé la mise en place d’un comité d’enquête externe pour examiner les incidents révélés dans l’émission de la RTBF et les cas antérieurs de racisme. Le parti suggère également de réviser les formations actuelles données aux policiers pour y inclure notamment des modules sur la lutte contre le racisme et le droit des personnes sans-papiers.
“Le racisme institutionnel ne signifie pas que tous les policiers soient racistes“, a insisté Shahin Mohammad (Ecolo), mais bien que “la mise en œuvre des formations et procédures internes permettent de tels actes“. Pour sa part, le PS a insisté sur la nécessité de promulguer des sanctions rapides d’une part, et de protéger les lanceurs d’alerte au sein de la police d’autre part.
Les bourgmestres ont répondu
Les bourgmestres ont quant à eux rappelé l’existence du “Plan Diversité” au sein de la zone, visant notamment à améliorer les formations des policiers. S’ils condamnent sans équivoque les faits rapportés par la RTBF, ils ont cependant réitéré leur volonté de ne pas interférer avec une décision judiciaire, respectant “la stricte séparation des pouvoirs“.
Ils ont par ailleurs réitéré la nécessité de réviser (au niveau fédéral) l’actuelle loi encadrant les procédures disciplinaires des agents de police, dans le but de fluidifier la gestion interne de tels cas.
Si Jurgen De Landsheer a affirmé “prendre au sérieux les différentes demandes” et a admis que “le chemin était encore long“, il a cependant nié l’existence de toute forme d’impunité au sein de la zone.
Belga – Photo : Belga / Nicolas Maeterlinck