Trois livreurs licenciés après avoir remporté leur combat en justice contre Uber Eats
Ils espéraient obtenir un contrat, les voilà désormais sans emploi. Au terme d’un combat en justice, trois livreurs d’Uber Eats à Bruxelles avaient été reconnus comme salariés plutôt qu’indépendants, mais la plateforme a préférer cesser de travailler avec eux.
C’est par un e-mail que les livreurs d’Uber Eats ont reçu la nouvelle : ils ne pourront plus travailler pour la plateforme. Uber Eats avait demandé à la justice de suspendre des décisions administratives qui les requalifiaient comme salariés mais, déboutée par le tribunal, l’entreprise américaine a préféré cesser toute collaboration avec eux plutôt que de leur offrir un contrat de travail.
“Le message d’Uber Eats auprès des livreurs c’est que lorsqu’on intervient en justice, on peut se faire licencier, c’est inacceptable“, dénonce l’un des livreurs mis à pied.
La loi est pourtant claire : depuis deux ans, les travailleurs de plateformes comme Uber Eats ou Deliveroo ont droit au statut de salariés. Ce statut doit leur permettre d’être payé à l’heure et non pas à la livraison. Mais, dans les faits, Uber Eats ne l’applique pas. “Nous avons des lois dans ce pays et nous avons là un acteur économique puissant, sans doute, qui refuse d’appliquer ces lois“, constate Martin Willems, syndicaliste CSC. “Je pense qu’il est quand même fondamental que l’autorité réaffirme que les lois s’appliquent à tous. J’attends vraiment des autorités qu’elles sifflent la fin de la récréation et disent à Uber de respecter les lois belges.” Une nouvelle législation européenne vient par ailleurs tout juste de passer pour réaffirmer ce droit aux livreurs de passer salariés.
Les trois livreurs licenciés ignorent encore s’ils pourront recevoir une indemnité d’Uber. Ils savent juste qu’ils ne peuvent désormais plus monter sur leur vélo.
Uber Eats, de son côté, n’a pas répondu à nos sollicitations.
■ Reportage d’Alice Dulczewski, Nicolas Scheenaerts et Thomas Craps