Trafic de drogue : la stratégie des hotspots sera prolongée de six mois supplémentaires

Alors que le CORES s’est terminé depuis peu, il fait suite aux tirs survenus à Clemenceau et au Peterbos il y a peu.

Le Conseil Régional de Sécurité de la capitale a décidé de prolonger de six mois supplémentaires, au-delà du mois de mars à venir, la stratégie des hospots mise au point pour coordonner la lutte contre le trafic de stupéfiants. Cette annonce a été faite mardi en début de soirée, par le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort, la Haute fonctionnaire et directrice générale de safe.brussels, Sophie Lavaux et le bourgmestre d’Anderlecht Fabrice Cumps.

Alors que la Stratégie régionale de lutte contre le trafic de stupéfiants et son impact sur la sécurité a été lancée en avril 2024, elle a été approuvée par le CORES et repose sur une approche ciblée combinant sécurité, prévention et amélioration de la qualité de vie des quartiers concernés.

De l’aveu de Rudi Vervoort, ces événements récents ont aussi eu pour effet de faire participer à la réunion, pour la première fois depuis la naissance de cet organe de coordination en matière de sécurité, le ministre de l’Intérieur (ndlr: Bernard Quintin).

Le CoReS a réuni les bourgmestres des 19 communes bruxelloises, les chefs de police des zones de police, le Procureur du Roi de Bruxelles (ndlr: Julien Moinil) et le directeur-coordinateur et le directeur judiciaire de la police fédérale, comme à l’accoutumée. Outre le ministre de l’Intérieur, la commissaire nationale aux drogues, Ine Van Wymersch était également présente. “On retiendra une convergence des priorités nécessitant que tous les niveaux de pouvoir s’investissent dans la même direction. Il importe que chacun dans la sphère de ses compétences fasse ce qu’il doit faire”, a commenté Rudi Vervoort. Selon celui-ci, le Procureur du Roi a détaillé son plan d’action drogues. La commissaire aux drogues a donné un aperçu plus global d’une problématique internationale.

Pour Sophie Lavaux, les fusillades observées ne sont que la pointe de l’iceberg du trafic des stupéfiants. “Nous coordonnons notre stratégie depuis plusieurs mois. On en perçoit les résultats, mais c’est une problématique complexe qui dépasse la Belgique. Il importe donc d’avoir une approche intégrée avec les différents partenaires et on va continuer à se concerter”, a-t-elle dit.

17 hotspots

Ils ont été identifiés en concertation avec les services de police et les bourgmestres. Pour chacun d’entre eux, une taskforce a été mise en place, dont l’objectif est de concentrer et coordonner les actions tant en termes de sécurité, de prévention et d’amélioration de la vie de quartier.

Sur le terrain, ces décisions se traduisent par une présence policière renforcée aux heures critiques, des actions judiciaires ciblées contre le deal de rue, des mesures de sécurité, incluant un renforcement des contrôles d’identité, des restrictions sur la vente et la consommation d’alcool…

Si la stragégie a été réaffirmée lors de la réunion de ce jour, Safe.brussels poursuivra son soutien aux autorités et services de première ligne. L’organe a notamment développé une méthodologie d’accompagnement des Task Forces Locales attachées à chacun des hotspots afin d’harmoniser leurs plans d’actions. Pour cela, une Cellule “Ordre Public” a été créée au sein de l’administration afin d’assurer le suivi de la mise en oeuvre de la stratégie régionale.

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Occuper le terrain

Ce CORES, c’était surtout l’occasion pour l’ensemble des bourgmestres de faire part de leur besoin au fédéral. “Ce que j’explique, c’est qu’aujourd’hui, cette présence renforcée on ne pourra pas tenir seuls sur le long terme. Il faut trouver des moyens pour mettre plus de bleus en rue”, explique Fabrice Cumps (PS), bourgmestre d’Anderlecht. “Tant qu’il n’y a pas de dénouement judiciaire, il faudra continuer à occuper le terrain 24h sur 24 et 7 jours sur 7. C’est ce que nous faisons sur place depuis vendredi, à la fois pour éviter la répétition de l’usage d’armes à feu, mais aussi pour rassurer la population et notre personnel de première ligne non policier”, a précisé le bourgmestre d’Anderlecht.

Pour Fabrice Cumps, “il faut aussi avoir l’honnêteté de dire qu’on ne pourra pas tenir ce rythme pendant vingt ans. Il faut donc renforcer les moyens humains dont on dispose au niveau des polices locale mais aussi judiciaire fédérale, que ce soit en engageant du personnel supplémentaire, ou en considérant que des zones sont plus fragiles que d’autres et doivent être déchargées de certaines missions telles que les transferts de prisonniers ou la surveillance de lieux liés à la communauté juive”.

Le bourgmestre d’Anderlecht a enfin jugé, sur base de l’expérience vécue au Peterbos, qu’il faudra veiller à ne pas se désengager trop tôt du terrain lorsque l’on sera venu à bout de la difficulté.

Avec Belga

■ Duplex de Charlotte Verbruggen et interview de Fabrice Cumps (PS), bourgmestre d’Anderlecht

“La consommation de stupéfiants concerne tous les quartiers”

Interrogé, le ministre-Président, Rudi Vervoort (PS) rappelle qu’on a tendance à stigmatiser les quartiers plus populaires. “C’est là que le trafic de drogue s’exprime de la manière la plus violente, mais ce qui a été relevé c’est que la consommation de stupéfiants concerne tous les quartiers. Elle peut aussi être récréative, mais elle participe au trafic de stupéfiants”. 

■ Interview de Rudi Vervoort (PS) ministre-Président au micro de Charlotte Verbruggen