Tirs mortels à Forest : un policier condamné pour avoir aidé les “shérifs” dans l’affaire Soufiane Benali

Le tribunal correctionnel de Bruxelles a condamné vendredi après-midi le policier P.N. à une peine de 15 mois de prison avec sursis total pendant trois ans pour avoir aidé en 2020 des caïds du quartier Orban à Forest à rechercher les suspects de l’assassinat de Soufiane Benali. Le tribunal a acquitté les deux autres prévenus, un collègue et un ancien collègue du policier condamné.

P.N. a été condamné pour violation du secret professionnel, violation du secret de l’instruction et infraction à la loi sur la protection des données à caractère personnel. Il avait admis avoir envoyé une photo des auteurs suspectés de l’assassinat de Soufiane Benali, commis dans le quartier Orban à Forest en juillet 2020, à trois caïds des environs. Cette photo était issue de la BNG, la Banque de données Nationale Générale.

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Les trois hommes en question, s’improvisant enquêteurs, s’étaient mis en tête de partir à la recherche des deux suspects de l’assassinat, Mohamed-Amine Dardour et Youssef Jeddi, jusqu’à Marseille, afin de les ramener aux autorités policières.

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Surnommés les “shérifs”, ces individus aux nombreux antécédents judiciaires, s’étaient permis de saisir les GSM de témoins ou suspects de l’enquête, et d’en explorer le contenu. Ils avaient aussi porté des coups à une de ces personnes dans la salle d’attente du commissariat. Le policier P.N. a par contre été acquitté des préventions d’association de malfaiteurs, de faux et de hacking.

Par ailleurs, Mohamed-Amine Dardour, partie civile dans ce procès, était présent pour la lecture du jugement vendredi, bien qu’il n’avait pas assisté aux débats. Le tribunal a condamné P.N. à lui verser la somme d’un euro symbolique à titre de dommages et intérêts.

Retour sur les faits

La brigade Silva de la zone de police Bruxelles-Midi, une équipe composée de policiers dont les missions principales sont de lutter contre les incivilités et le sentiment d’insécurité généré par la délinquance urbaine dans le quartier Orban à Forest, s’est vue confier, le 5 juillet 2020, l’enquête sur l’assassinat de Soufiane Benali. Ce jeune homme de 23 ans a été ce jour-là la cible de tirs par pistolet-mitrailleur alors qu’il se trouvait devant un salon-lavoir de la rue Alfred Orban avec deux amis. Il est décédé des suites de ses blessures tandis que les deux autres ont été blessés mais ont survécu.

Selon une enquête du Comité P, trois policiers de cette section ont permis à trois individus, appelés les “grands du quartier”, de faire amener devant eux, manu militari, certains témoins ou suspects. Or, ces trois caïds, défavorablement connus des services de police et de justice, n’avaient aucun titre pour procéder à un tel acte policier. Ceux qui ont été par la suite surnommés les “shérifs” de l’affaire Benali se seraient aussi permis de saisir les GSM de ces jeunes et d’en explorer le contenu. En outre, des images de caméras de vidéosurveillance d’un commissariat montrent que ceux-ci ont porté des coups à certains de ces jeunes, sans réaction des trois policiers en question.

Belga – Photo : Belga

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13 juin 2025 - 14h15
Modifié le 13 juin 2025 - 14h36

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