“Souvenons-nous toujours” : le 12 juin 1943 avait lieu la rafle des Juifs à Gatti de Gamond
Il y a 80 ans, 23 personnes étaient embarquées alors qu’elles logeaient au pensionnat Gatti de Gamond. En cette date anniversaire, une commémoration a eu lieu à Woluwe-Saint-Pierre.
Le 12 juin 1943, à quatre heures du matin, l’occupant allemand souhaite voir tous les locataires du pensionnat Gatti de Gamond, qu’ils soient adultes ou enfants. Au total, 23 personnes sont arrêtées suite à une dénonciation, dont 14 enfants. La directrice de l’établissement et son mari sont également embarqués.
Les enfants juifs furent envoyés à la caserne Dossin de Malines, et ensuite vers Auschwitz. Trois garçons échappèrent à cette déportation, mais neuf enfants périrent dans le camp allemand.
Pour le 80e anniversaire de cette rafle, la commune de Woluwe-Saint-Pierre a organisé une commémoration au n°10 de la rue André Fauchille.
À cette occasion, une plaque commémorative a été apposée sur la façade de l’immeuble. Elle a été inaugurée en présence du Collège, de représentants de la communauté juive et d’une délégation d’élèves des écoles communales.
“On dit une dizaine d’enfants arrêtés. En réalité, ce sont 23 personnes arrêtées, dont des résistants et des Juifs. Cette rafle était surtout contre l’hébergement illégal de Juifs“, explique Frédéric Dambreville, auteur de “Les disparus de Gatti de Gamond”. Pour lui, il s’agit d’une rafle qui signe réellement le génocide.
Les autorités et les propriétaires du pensionnat s’associent pour que la mémoire des faits déroulés à l’intérieur se perpétue.
Une exposition en hommage à Gatti de Gamond
Jusqu’au 6 juillet, la maison communale de Molenbeek-Saint-Jean accueille une exposition au sujet de cette rafle.
Elle s’appelle “Ne meurent que ceux que l’on oublie“. Le parcours des familles y est raconté, ainsi que le détail de cette fameuse journée du 12 juin 1943.
Fruit de la collaboration entre la bibliothèque molenbeekoise ZEP1080 et l’auteur Frédéric Dambreville, l’exposition se compose de témoignages, de photographies, de documents d’archives, d’œuvres d’art, mais aussi de segments du livre “Les disparus de Gatti de Gamond” par Frédéric Dambreville.
L’exposition est l’aboutissement d’un long travail mémoriel initié par Guy Marchand, responsable de la bibliothèque ZEP1080 et promoteur de l’exposition, quand celui-ci remarque le peu de reconnaissance dont fait l’objet la tragédie en Belgique. “C’était quelque chose de tout à fait impossible pour moi“, explique-t-il.
Des élèves des écoles molenbeekoises 2 et 13 ont également eu l’opportunité de contribuer au projet en réalisant, entre autres, une bande dessinée qui est aussi exposée pour l’occasion. “On est dans une pédagogie active, les enfants ont aussi construit cette exposition“, félicite Guy Marchand.
Avec Belga
■ Reportage et duplex de Michel Geyer, Marjorie Fellinger, Thibaut Rommens et Séverine Rondeau