Sammy Mahdi répond aux accusations sur la politique d’accueil des Ukrainiens
Pour de nombreux bruxellois, la politique d’accueil à l’égard des Ukrainiens semble plus laxiste qu’avec les autres nationalités. Le Secrétaire d’État à l’asile et à la migration, Sammy Mahdi (CD&V) revient sur les critiques faites sur ce sujet dans “+d’Actu” sur BX1.
Pour le secrétaire d’État, tout est une question de frontière territoriale. “Ce qu’on fait aujourd’hui, c’est de garantir, au moment où l’ukrainien quitte son pays, le premier pas qu’il met en dehors de son pays, c’est directement en Union Européenne“. Sammy Mahdi prend l’exemple de la Turquie lors de la guerre en Syrie, qui a créé un statut spécial pour les Syriens en raison de la proximité des pays. Pour la crise en Ukraine, la même logique est mise en place. “Il y a une pression à la frontière de l’Europe, on est directement confronté à un nombre de réfugiés qui est quand même assez important. Et donc, pour soulager la pression, vu que le pays est en guerre, l’Europe doit prendre sa première responsabilité et garantir que ces gens-là soient protégés en Europe“.
La procédure de Dublin
Le dispositif européen qui vient d’être mis en place laisse les réfugiés ukrainiens choisir l’Etat où ils veulent séjourner. Ce dispositif va à l’encontre de la procédure de Dublin qui transfère les réfugiés dans différents pays en fonction du pays qui examinera leur demande d’asile. Pour les Ukrainiens, il n’y a pas d’obligation d’aller dans certains pays en fonction de leur dossier. Cela, marque une possible inégalité au niveau des demandeurs en fonction de leur nationalité. Le secrétaire d’État confirme que cette procédure ne s’applique pas dans ce cas de figure.
“La procédure de Dublin aujourd’hui, elle ne fonctionne pas assez. Même s’ils viennent jusqu’en Belgique au final, parce qu’on est un pays dans le top 5, de manière proportionnelle, qui reçoit le plus de demandeurs d’asile. Il faut revoir le système. Mais la réalité est que la plupart des demandeurs d’asile veulent finir en Belgique, en Allemagne, aux Pays-Bas ou en France. Pourquoi c’est différent avec les Ukrainiens ? Vu que c’était à la frontière, ils ont souvent de la famille, des amis qui vivent en Pologne, qui vivent en Hongrie, qui vivent en Moldavie… Et donc aujourd’hui, on a en Pologne plus de 300.000 réfugiés ukrainiens, en Hongrie on en a plus de 100.000 et ces personnes-là, restent dans la région. Pour ceux qui viennent de plus loin, souvent leur pays de prédilection, c’est plutôt les pays de l’Europe occidentale“.
Revoir la politique d’asile
Le secrétaire d’État espère que la politique d’asile sera un jour modifiée, cependant, il est trop tôt. “Au niveau européen, il faut vraiment revoir la manière dont on fonctionne. On ne fonctionne pas d’une bonne manière. Chaque État membre fait sa politique, de manière individuelle, pendant qu’on est dans un espace Schengen où on peut circuler librement en un pays et un autre“.
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■ Camille Paillaud / Une interview de Fabrice Grosfilley