Saint-Luc rouvre une voie thérapeutique: des bactériophages au secours des antibiotiques

Les cliniques universitaires Saint-Luc ont annoncé mardi le traitement par phagothérapie intraveineuse d’une infection causée par une bactérie extrêmement résistante aux antibiotiques, un phénomène en expansion à travers le monde qui appelle d’urgence des alternatives thérapeutiques.

Le professeur Dimitri Van der Linden, pédiatre infectiologue aux cliniques universitaires Saint-Luc, remarque que les centres hospitaliers occidentaux en souffrent plus sévèrement de nos jours: “La phagothérapie a été découverte au début du 20e siècle et a continué à être utilisée en ex-Union soviétique. (…) Lors de l’essor des antibiotiques, la phagothérapie est tombée en désuétude dans nos pays. Cependant, ces dernières années, on observe un très faible développement de nouveaux antibiotiques et d’un autre côté des bactéries de plus en plus difficiles à traiter”.

Les bactériophages sont des virus qui n’infectent que les bactéries. Ceux pourvus d’une action lytique pénètrent dans les bactéries et se servent de leur machinerie interne pour se reproduire jusqu’à éclatement de la cellule bactérienne.

Pour Wael Rezig, un enfant de 15 mois souffrant après une greffe d’abcès au foie causés par la bactérie multirésistante Pseudomonas aeruginosa, la phagothérapie représentait le traitement de la dernière chance. L’hôpital militaire Reine Astrid dispose d’un laboratoire permettant d’isoler des phages prélevés dans la nature et de les conditionner sous forme stérile afin de pouvoir les administrer chez des patients au cas par cas. En collaboration avec leurs services, les cliniques universitaires Saint-Luc ont mis au point un traitement combinant des bactériophages administrés par voie intraveineuse et dans les parties du foie malade avec des antibiotiques, et ce afin de prendre en étau les bactéries jusqu’à la réalisation d’une nouvelle greffe. Le petit Wael Rezig a été maintenu sous phagothérapie intraveineuse pendant 85 jours, de novembre à février, ce qui représente la plus longue durée jamais répertoriée chez l’enfant.

La réussite de ce traitement constitue un premier pas dans l’usage de la phagothérapie en synergie avec des antibiotiques en cas d’infection par une bactérie multirésistante.

Belga

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21 mai 2019 - 06h41
Modifié le 21 mai 2019 - 06h41