Quels impôts payez-vous dans votre commune ? Et dans quoi cet argent est-il dépensé ? [INFOGRAPHIES]

Certaines communes, comme Ixelles, Forest ou Berchem-Sainte-Agathe optent pour un taux élevé d’impôt sur les personnes physiques alors que d’autres communes, comme Schaerbeek, Forest ou Jette privilégient davantage les revenus fiscaux de l’immobilier. Ces taux varient d’une année à l’autre, les communes adaptant ces deux leviers pour rééquilibrer leur budget.

Fin d’année rime avec fiscalité pour les communes. À peine installés, les différents collèges communaux doivent voter le budget pour l’année 2025. Et, ce n’est pas un secret, la plupart des communes ont leurs finances dans le rouge. Celles-ci sont limitées au niveau des leviers pour ajuster leur budget et doivent donc faire des choix : augmenter l’impôt sur l’immobilier ? Ou plutôt celui sur les personnes physiques ? Continuer à s’endetter ou réduire le service à la population ? Et dans quoi l’argent récolté est-il dépensé ?

Impôt sur les personnes physiques

Le premier impôt dont bénéficie les communes est calculé sur l’impôt sur les personnes physiques (IPP). Tout contribuable bruxellois doit s’acquitter de cet impôt régional basé sur ses revenus professionnels. Les communes perçoivent un pourcentage de cet impôt, qui varie d’une commune à l’autre. En 2024 par exemple, il allait de 5,4% à Woluwe-Saint-Lambert à 7,5% à Ixelles.


À noter que la commune de Woluwe-Saint-Pierre vient d’annoncer une légère baisse de son IPP pour 2025, le faisant passer de 6% à 5,7%, de quoi légèrement compenser l’augmentation annoncée de son précompte immobilier.

Précompte immobilier

Cet impôt concerne les propriétaires. Il s’agit d’un impôt régional, basé sur le revenu cadastral – autrement dit le revenu net normal moyen que le bien immobilier rapporterait en location à son propriétaire en un an. En 2019, les 19 communes bruxelloises ont établi une taxe communale additionnelle, fixée à 2.940 centimes en moyenne. Cela signifie que pour chaque euro payé à la Région bruxelloise, un impôt supplémentaire de 29,40 euros sera à payer à la commune, explique l’Ibsa, l’Institut bruxellois de statistique et d’analyse.

Les communes restent cependant libres de fixer elles-mêmes le taux ou le montant des centimes prélevés et peuvent décider, au moment de voter leur budget en fin d’année, de les augmenter ou les baisser. C’est d’ailleurs ce que viennent de décider trois communes bruxelloises (Jette, Berchem et Woluwe-Saint-Pierre) qui ont d’ores-et-déjà annoncé qu’elles allaient augmenter leur précompte immobilier.

Huit communes (Schaerbeek, Forest, Molenbeek-Saint-Jean, Anderlecht, Saint-Gilles, Ixelles, Ganshoren, Watermael-Boitsfort) avaient, elles, décidé d’augmenter leur précompte immobilier lors de la précédente législature, pour 2024. D’autres pourraient encore suivre cette voie pour 2025. Woluwe-Saint-Lambert est la seule pour le moment à avoir annoncé une baisse de sa pression fiscale sur l’immobilier pour 2025

À noter également que plusieurs communes mettent en place des primes Be-Home, en complément à la prime régionale, permettant une réduction de taxes pour les propriétaires occupant leur bien.

D’où provient l’argent des communes ?

Les recettes des communes se répartissent en trois grandes catégories :

  • les recettes fiscales, c’est-à-dire les contributions des ménages et des entreprises (52%)
  • les fonds et les subsides reçus, c’est-à-dire les moyens financiers provenant des autorités publiques (37%)
  • les recettes propres, c’est-à-dire les revenus générés par l’activité ou le patrimoine immobilier et financier des pouvoirs locaux (11%)


Près de 80% des recettes fiscales des communes proviennent des taxes additionnelles à d’autres impôts, mentionnées plus haut. En plus du précompte immobilier et de l’impôt des personnes physiques, on retrouve la taxe de circulation pour les propriétaires de voiture ou, plus récemment, la taxe sur les hébergements touristiques.

Il existe aussi des taxes spécifiquement locales, indépendantes des impôts prélevés par d’autres niveaux de pouvoir et dont la commune se charge elle-même du recouvrement. Elles représentent 18% du produit de leur fiscalité. Parmi ces taxes, il y a celle sur les déchets,  celle sur les surfaces de bureau ou encore sur les antennes extérieures.

Comment est-il dépensé ?

Les dépenses des communes bruxelloises sont publiques et sont publiées par Brulocalis. Il faut distinguer les dépenses ordinaires – qui regroupent l’ensemble des dépenses récurrentes pour remplir les missions qui leur sont dévolues durant un exercice annuel – des dépenses extraordinaires – qui regroupent les investissements qui affectent durablement le patrimoine communal.

Dans ces dépenses ordinaires, on voit notamment que les dépenses de personnel (hors personnel enseignant subsidié) absorbent en moyenne 43% des dépenses totales contre 36% pour les transferts, c’est-à-dire l’octroi de fonds à une autre structure – comme le CPAS ou la zone de police – pour réaliser des investissements. Les dépenses de fonctionnement (12%) englobent notamment les frais informatiques et les dépenses de fonctionnement relatives aux bâtiments.

Dans les dépenses de personnel, les charges de pensions du personnel statutaire représentent en moyenne 14% des dépenses totales de personne. Dans son rapport 2023, Brulocalis pointe cette charge comme “la problématique financière centrale” pour les gestionnaires communaux depuis plusieurs années. “L’évolution attendue au cours de ces prochaines années pourrait s’avérer intenable pour certaines villes et communes“, pointe le rapport. Une réforme des pensions du personnel statutaire entrée en vigueur en 2012 est en cours d’analyse par le gouvernement bruxellois.

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V.d.T. – Photo : Belga