Quarantaine à Bruxelles : 3200 visites à domicile ces 7 derniers jours

Test PCR Covid-19 Coronavirus Illustration - Belga Luc Claessen

Le pic de la 4e vague semble avoir été dépassé, mais le nombre de contaminations et donc de quarantaines reste très important à Bruxelles. Ces 7 derniers jours, les agents du tracing ont dû traiter 15.000 dossiers. Par téléphone mais aussi en se rendant au domicile des personnes contaminées. Comment s’organisent ces visites? Quelles sont les éventuelles sanctions  en cas de non-respect de la quarantaine? Les communes et la police interviennent-elles? Quel que soit le niveau de pouvoir ou l’institution, la priorité est donnée à l’information et à la sensibilisation des Bruxellois .

Lorsque vous êtes positif au Covid-19, malade ou asymptomatique, vous avez l’obligation de vous isoler et de respecter une quarantaine de 10 jours. En cas de retour d’un pays à risque, des tests doivent aussi être effectués. Pour s’assurer du bon suivi des règles sanitaires, la Cocom organise des appels téléphoniques. Nous disposons de 480 agents d’appel” précise Inge Neven, responsable de la lutte contre le Covid-19 à la Cocom. “300 environ sont assignés au tracing et 180 à la vaccination.”

Mais si une personne ne répond pas au téléphone, des agents de terrain se rendent au domicile. Ils sont environ 65 à se rendre chez celles et ceux qui n’ont pas décroché.Avec le contexte bruxellois, on veut une présence sur le terrain” insiste Inge Neven. “C’est important d’aller prendre la température de la population.

La Cocom met aussi des priorités. En ce moment, le variant Omicron et les retours de pays où il est particulièrement présent retiennent toute l’attention. Nos agents de terrain vont surtout chez des gens de retour de voyage. Pour qu’ils comprennent les enjeux, qu’ils sachent pourquoi il faut faire attention et respecter la quarantaine.

Sensibilisation et information

Quentin Hellemans est l’un des 5 superviseurs de ce service particulier . Il a lui-même été sur le terrain durant 6 mois. Dans 98-99 % des cas, ça se passe super bien” explique t-il.  “Parfois les gens sont récalcitrants, agressifs ou réticents, mais ce n’est vraiment pas la majorité des personnes chez qui nous sonnons. Quentin souligne aussi le contact humain de ce job et il insiste: on ne contrôle pas, il s’agit d’un travail de sensibilisation et d’information à la personne.

Lorsque l’on se rend ainsi chez les gens, cela donne parfois lieu à des situations cocasses. Je suis un jour arrivé chez une personne, une dame, qui sortait de la douche et était à moitié nue… Je ne savais plus trop où me mettre, en plus, elle portait son masque, c’était marrant.

Les agents sont aussi formés avant de partir sur le terrain. Notamment, à la prévention à la violence. Quentin a donné plusieurs formations, je donne toujours le même conseil, quand on va chez des gens qu’on ne connaît pas, on est en miroir, si on arrive en souriant et avec une bonne énergie, ça se passe mieux.

Les agents effectuent, en moyenne, entre 10 et 15 visites par jour. Et lorsqu’ils font fassent à un refus, une personne qui ne veut pas coopérer, le dossier est renvoyé à la Cocom.L’un de ses médecins rappelle le récalcitrant et en fonction prévient la commune. Il est important de savoir que les agents qui se présentent au domicile des gens en quarantaine ne sont pas habilités à donner des amendes. On ne transmet rien au parquet” ajoute Quentin Hellemans.

Les communes prévenues trop tard?

En janvier 2021, le bourgmestre d’Etterbeek, Vincent De Wolf (MR) s’inquiétait de n’avoir aucune information sur les personnes en quarantaine dans sa commune. Aujourd’hui, via le fédéral, les communes reçoivent la liste des voyageurs qui rentrent d’un pays étrangers, grâce au Passenger Locator form. En plus de cela, la Cocom signale aux communes les Bruxellois qui feraient preuve de mauvaise volonté.Quand on sent que les gens ne veulent pas collaborer, on envoie leur dossier aux communes. Ils peuvent alors les contacter et les sensibiliser via la police locale. Ces derniers mois, 400 dossiers ont été envoyés aux communes.

Mais pour Vincent De Wolf, cela ne fonctionne pas. Depuis les grandes vacances, effectivement, plus de dossiers sont renvoyés aux communes mais la procédure est trop longue.Nous recevons en moyenne 10 cas par semaine donc 2 par jour. Le fonctionnaire communal chargé de ces dossiers va d’abord tenter d’appeler la personne, puis envoyer un gardien de la paix à domicile.  S’il n’obtient pas de réponse, retour à la Cocom. Là, au mieux, on est déjà au 5e jour”  s’énerve Vincent De Wolf. La Cocom donne alors son feu vert: “Maintenant, vous pouvez mandater la police! C’est arrivé une fois et on était très en retard. C’est dangereux pour la santé publique.” 

Renvoi direct au parquet de Bruxelles 

Lorsqu’elle fait face à des cas particuliers, la Cocom peut directement l’envoyer au parquet qui prendra alors la main sur le dossier. “C’est assez rare” explique Inge Neven, responsable de la lutte contre le Covid-19 à la Cocom. “Quelques cas par mois, pas plus. Le parquet de Bruxelles n’a pas pu nous communiquer le nombre de PV rédigés pour le non-respect des règles de quarantaine mais un chiffre global pour les infractions Covid. “Depuis le début de la pandémie (13/03/2020) jusqu’à la date du 15/11/2021, le parquet a reçu 33.429 PV  (avec suites judiciaires) pour des infractions COVID.

V. Leclercq
Photo Belga

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16 décembre 2021 - 17h30
Modifié le 17 décembre 2021 - 11h35