Procès génocide rwandais : Fabien Neretsé conteste avoir été le chef d’Interahamwe à Kigali

L’accusé Fabien Neretsé a contesté, vendredi matin devant la cour d’assises de Bruxelles, les affirmations de témoins selon lesquelles il était le chef d’Interahamwe du quartier Nyamirambo à Kigali.

“Je ne pouvais pas entrer dans une milice d’un parti qui m’avait écarté. Et je ne pouvais pas ternir mon image en entrant dans des milices de partis alors que je venais de lancer mon bureau d’études”, a-t-il expliqué. Fabien Neretsé, un rwandais de 71 ans vivant en France, est accusé de crime de génocide et de crime de guerre commis en 1994 au Rwanda. Il est entre autres suspecté d’être impliqué dans les meurtres d’une Belge, de son mari et de leur fille, à Kigali, le 9 avril 1994.

La présidente de la cour d’assises de Bruxelles a entamé vendredi matin l’interrogatoire de l’accusé, en le questionnant tout d’abord sur sa situation familiale et sur son parcours professionnel, avant d’en arriver à son installation dans le quartier Nyamirambo à Kigali en 1992, là où vivaient également la Belge Claire Beckers, son mari Isaïe Bucyana et leurs enfants. A la question de savoir tout d’abord s’il organisait des réunions avec des membres du MRND [parti au pouvoir lors du génocide] chez lui, l’accusé a répondu par la négative.

“Non, je suis étonné! Premièrement, C. [personne citée par un témoin comme s’étant rendu à des réunions chez l’accusé] était le vice-président du MDR, pas du MRND. Je peux jurer qu’il n’a jamais mis un pied chez moi et que je n’ai jamais mis un pied chez lui”, a déclaré Fabien Neretsé.

A la question de savoir s’il était considéré comme le responsable du quartier Nyamirambo, l’accusé a également répondu par la négative. “Non, je ne l’étais pas. J’étais le dernier arrivé dans le quartier, donc c’était impossible”, a-t-il dit.

Enfin, quant à savoir s’il était le chef d’une milice d’Interahamwe dans ce quartier, l’accusé a à nouveau contesté. “Les Interahamwe étaient majoritairement des jeunes. Moi, j’avais plus de 50 ans et je pesais 95 kilos, je n’aurais pas pu les suivre”. Il a précisé: “je ne pouvais pas entrer dans une milice d’un parti qui m’avait écarté. Et je ne pouvais pas ternir mon image en entrant dans des milices de partis alors que je venais de lancer mon bureau d’études”.

Fabien Neretsé, un Rwandais de 71 ans résidant en France, est accusé de crime de génocide et de crime de guerre pour avoir, en tant que co-auteur, tué un nombre indéterminé de personnes, dont treize ont été identifiées et dont certaines étaient d’origine tutsie. Les faits s’étaient produits au Rwanda en 1994, durant le génocide des Tutsis et le conflit armé qui a opposé les Forces Armées Rwandaises (FAR) et le Front Patriotique Rwandais (FPR).

Fabien Neretsé est en particulier accusé d’avoir dénoncé, le 9 avril 1994 à Kigali, plusieurs personnes d’origine tutsie dans son voisinage du quartier Nyamirambo. Elles avaient été interceptées par des militaires alors qu’elles s’apprêtaient à quitter leurs maisons pour se réfugier dans un camp de la Mission des Nations Unies pour l’assistance au Rwanda (Minuar). Ceux-ci les avaient abattues.

Parmi les victimes figuraient une Belge, Claire Beckers, son mari, Isaïe Bucyana, et leur fille Katia. L’accusé est aussi accusé d’avoir commandité des meurtres, dont ceux des dénommés Joseph Mpendwazi et Anastase Nzamwita, dans les préfectures de Ruhengeri et de Gitarama, entre la mi-mai 1994 et la fin du génocide en juillet de la même année.

Selon l’accusation, Fabien Neretsé, en tant que personnalité influente dans son village natal, dans la préfecture de Ruhengeri, avait créé, entretenu et financé une milice d’Interahamwe qui avait commis ces actes criminels. Ces milices civiles étaient nées au sein même du parti au pouvoir, le MRND. Il est avéré qu’elles sont responsables de nombreux massacres commis durant le génocide.

Belga – Photo : BX1

■ Reportage de Camille Tang Quynh, Yannick Vangansbeek et David Ferral

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08 novembre 2019 - 12h05
Modifié le 08 novembre 2019 - 19h55