Procès des attentats de Bruxelles : place aux derniers témoins de moralité ce jeudi
Ce jeudi, qui s’annonce très long, sera la dernière journée consacrée aux témoins de moralité au procès des attentats à Bruxelles. La cour d’assises entrera ensuite dans la phase finale des débats, avec, dès mardi, le réquisitoire du ministère public, suivi, durant le reste du mois de juin, des plaidoiries des parties civiles et de la défense.
Les derniers témoins de moralité seront donc entendus ce jeudi. Il s’agit notamment d’un professeur de français d’Osama Krayem et des proches de Sofien Ayari. Leur présence est toutefois peu probable puisqu’ils se trouvent en Tunisie. Seul le frère de l’accusé, qui vit en Suisse, sera présent.
La cour doit également entendre la famille de Bilal El Makhoukhi, qui avait cependant émis le souhait que ses proches ne viennent pas. Là aussi, leur présence est peu probable.
Enfin, la fratrie et les parents Farisi sont, eux aussi, attendus pour témoigner à propos des deux frères, qui comparaissent libres à ce procès. Lors d’une réunion familiale au lendemain des attentats, à laquelle Ibrahim ne participait pas, Smail avait expliqué à ses proches qu’il avait sous-loué son appartement d’Etterbeek à la cellule terroriste. Mais il n’y avait pas été décidé d’aller se dénoncer à la police.
Vu les absences annoncées, il se pourrait bien que la présidente et ses assesseurs doivent une nouvelle fois lire les nombreuses auditions de ces proches se trouvant dans le dossier, une démarche justifiée par l’oralité des débats. S’y ajoutent également d’autres lectures reportées à jeudi. Ce qui promet une journée très longue et qui ira “au finish“, a d’ores et déjà laissé entendre Laurence Massart, après une journée marathon mercredi, elle aussi empreinte de nombreuses lectures.
Ces derniers témoignages de moralité marqueront la fin d’une séquence entamée à la mi-mai.
Dès mardi, le parquet fédéral aura la parole pour son réquisitoire, qui s’étalera sur quatre à cinq jours, selon les prévisions des procureurs. Les parties civiles leur succéderont, là aussi pour cinq jours. La défense sera la dernière à s’exprimer, durant une petite dizaine de journées.
La présidente de la cour espère pouvoir partir en délibéré la semaine du 3 juillet.
11h34 – La défense d’El Makhoukhi demande une requalification des faits pour crimes de guerre
La défense de Bilal El Makhoukhi demandera une requalification des faits en crimes de guerre lors de sa plaidoirie, a annoncé jeudi, au procès des attentats du 22 mars, l’avocat Nicolas Cohen. Ce dernier avait précédemment indiqué qu’il estimait qu’El Makhoukhi était mêlé à un contexte de guerre en Syrie.
El Makhoukhi, comme les autres accusés (mis à part Ibrahim Farisi), a été inculpé pour assassinat terroriste, tentative d’assassinat terroriste et participation à une organisation terroriste. Lors de son audition en avril dernier, il a reconnu être responsable des actes ayant conduit aux attentats de Maelbeek et de l’aéroport de Zaventem et avoir participé aux activités d’un groupe terroriste.
La défense d’El Makhoukhi a depuis longtemps laissé entendre qu’elle invoquerait le droit international pour défendre son client. Me Cohen a déjà fait référence au fait que l’État islamique – le groupe auquel avait prêté allégeance en Syrie – agissait également dans le contexte de la guerre civile syrienne et était donc partie prenante aux combats.
La défense a également souvent insisté sur le fait que les actes de violence de l’EI s’inscrivaient dans un contexte géopolitique, dans lequel le régime syrien et la coalition internationale (contre l’EI) subissaient également des pertes.
Jeudi, au début de l’audience, Me Cohen a déposé une série de documents liés à “l’article 136 et plus” du code pénal, sur les crimes contre l’humanité et les crimes terroristes. Il a expliqué qu’il demanderait une requalification des faits en crimes de guerre lors de sa plaidoirie le mois prochain.
Il avait précédemment fait allusion à l’article 141bis, qui exclut du champ d’application de la loi sur les crimes terroristes les “actes des forces armées pendant un conflit armé tel que défini dans le droit international humanitaire et soumis à celui-ci“. Il avait par ailleurs demandé que des experts en droit international soient entendus comme témoins au cours du procès, ce qui lui a été refusé.
12h30 – En prison, Osama Krayem s’est replié sur lui-même, selon son professeur de français
Après plus d’un an placé à l’isolement, Osama Krayem s’inquiétait du changement de son caractère alors qu’il se renfermait de plus en plus sur lui-même, a témoigné jeudi, au procès des attentats de Bruxelles du 22 mars 2016, un professeur bénévole. Celui-ci lui a dispensé des cours de français et de mathématiques lors de son incarcération à la prison de Leuze-en-Hainaut, entre 2017 et 2021.
“Il m’a dit qu’il avait eu la visite de ses parents, qui viennent de Suède. Il se désolait car il estimait ne pas leur avoir montré beaucoup d’émotions et constatait qu’il se repliait de plus en plus sur lui-même. Il s’inquiétait du changement de son caractère alors que quand il était jeune, il était très sociable“, a déclaré le professeur, aujourd’hui âgé de 65 ans.
Depuis le début du procès, l’accusé Osama Krayem est presque toujours retourné au cellulaire. Ce jeudi matin, il a exceptionnellement assisté à l’audience. D’après le témoin, Osama Krayem, qui a refusé au dernier moment de se faire sauter dans la station de métro Maelbeek, accorde une importance fondamentale à respecter une parole donnée.
La défense a alors demandé au témoin comment il comprenait que M. Krayem ne s’exprime pas à son procès alors qu’il parlait avec facilité avec lui. Le professeur a répondu avec un exemple: après la lecture du “Petit Prince de Saint-Exupéry”, “Osama Krayem m’a confié qu’il aimerait bien pouvoir redevenir un enfant pour pouvoir faire sa vie autrement...”
Le témoin a ensuite directement apostrophé l’accusé: “Si jamais un jour tu découvrais que la volonté du très haut, c’est que tu renonces aux actions violentes, est-ce que tu te soumettrais à cette volonté divine ?“. Osama Krayem n’a pas répondu.
“M. Krayem ne se défend plus aujourd’hui“, a indiqué son avocate, tout en soulignant que dans le cas des attentats de Bruxelles, il y avait bel et bien eu un renoncement à l’action violente puisqu’il s’était résigné à se faire exploser.
14h38 – “On pensait qu’il était mort”, a témoigné le frère de l’accusé Sofien Ayari
Le frère de Sofien Ayari est le seul membre de la famille tunisienne de l’accusé à être venu à la barre en tant que témoin de moralité. D’autres proches n’ont pas pu se rendre en Belgique en raison de problèmes de papiers, mais l’aîné de la famille de quatre enfants vit en Suisse, ce qui a facilité le déplacement.
L’homme, âgé de 35 ans, a dépeint son jeune frère comme quelqu’un de “joyeux, généreux, toujours gentil, sociable“ et avec qui il était très lié. Ce n’est que l’année dernière qu’il a revu Sofien en prison, après sept ans sans se côtoyer. “Mon frère, c’est toute ma vie, je voulais le prendre dans mes bras“, a-t-il répondu à une question de la présidente lui demandant comment s’étaient passées les retrouvailles. Il a également déclaré que son frère n’avait pas changé. “Il est toujours aussi beau“, a-t-il plaisanté, soulignant qu’il aimait toujours autant rigoler, “comme avant“.
Il a signalé que son frangin ne lui avait jamais confié son intention de se rendre sur le front. Lorsqu’il a appris qu’il avait quitté la Tunisie et qu’il se trouvait en Syrie, il a été “choqué”. La présidente de la cour lui a alors demandé s’il avait pensé le rejoindre. “Non. Et on n’en a jamais parlé à la maison, ni avec des amis. Peut-être qu’il voulait nous protéger et que c’est pour cela qu’il n’a rien dit“, a-t-il avancé.
Le trentenaire n’a pas pu donner d’explication au départ de Sofien vers une zone de guerre. “Il voulait peut-être aider les gens; des femmes, des enfants étaient bombardés“, a-t-il suggéré.
Il a également indiqué qu’ils s’étaient parlés au téléphone plusieurs fois lorsqu’il était en Syrie, mais qu’il ne s’agissait jamais de conversations approfondies et qu’elles duraient deux, trois minutes tout au plus. Lorsque Sofien Ayari a séjourné en Belgique, au moment des attentats de Paris et de Bruxelles, sa famille n’a pas eu de ses nouvelles. “On pensait qu’il était mort“, a-t-il révélé.
L’avocat de l’accusé, Me Isa Gultaslar, lui a demandé de revenir sur la situation en Tunisie au moment du départ de Sofien Ayari vers la Syrie en 2014, avec en toile de fond la révolution tunisienne qui a renversé le régime autoritaire de l’ex-président Zine el-Abidine Ben Ali début 2011. “Sous le régime de Ben Ali, on ne pouvait pas s’exprimer librement, on ne pouvait pas critiquer, on ne pouvait pas choisir pour qui voter“, s’est-il souvenu. “Les jeunes du quartier populaire où on vivait sont descendus dans la rue parce qu’ils voulaient du changement“, a-t-il retracé.
Me Gultaslar l’a alors rassuré en lui disant qu’il pouvait ici s’exprimer librement sans craindre d’être poursuivi par le régime de Ben Ali ou par le parquet fédéral, ce qui a fait sortir la procureure fédérale Paule Somers de ses gonds. La magistrate a fustigé que l’avocat ait cité le parquet fédéral au même titre que le régime. “Qu’est-ce que vous pouvez être susceptible!“, lui a rétorqué le conseil.
Fait interpellant, le témoin a affirmé avoir été auditionné jusqu’à “30 à 40 fois” en Tunisie. Pas plus tard que l’été dernier, alors qu’il rendait visite à sa famille, la police serait venue lui poser toutes sortes de questions. La présidente de la cour, Laurence Massart, s’en est étonnée, les autorités tunisiennes n’ayant fourni à la Belgique aucun de ces interrogatoires, seulement un bref rapport.
14h49 – Mohamed Abrini était, enfant, un grand sportif et un garçon attachant
Un couple d’enseignants a livré un portrait touchant de Mohamed Abrini enfant, jeudi matin, devant la cour d’assises.
“Mohamed Abrini est arrivé dans notre école en 1993. Je l’ai eu cette année-là, et encore les deux années suivantes“, a raconté l’instituteur. “Il était dysorthographique et dyscalculique, c’est pour ça qu’il est arrivé chez nous, dans l’enseignement spécialisé. Je précise que nos élèves ont un quotient intellectuel normal, ils n’ont pas un handicap, mais ils présentent des troubles de l’apprentissage“.
Abrini était un garçon “assez souriant“, “bien dans sa peau“, “calme“, “pas très exubérant“, selon l’enseignant de 59 ans. “Plus tard, il s’est révélé comme très sportif, et doué à tout point de vue dans ce domaine, notamment le football. Il était très adroit, il fascinait certains entraîneurs, il menait le groupe par ses qualités sportives, sans se faire remarquer par sa verve“, a poursuivi le témoin. “Je reste persuadé que s’il avait pu percer au sein d’un club de football plus formateur, il aurait eu un autre destin. Il avait un talent“, a-t-il assuré.
“C’était un enfant très attachant“, a enchaîné l’épouse du témoin, enseignante dans la même école, qui n’a pas dispensé de cours à l’accusé mais l’a connu dans le cadre scolaire. “Il avait besoin de reconnaissance. Le fait d’avoir trouvé ce côté sportif en lui, je pense que ça lui a donné confiance. Il n’a par ailleurs jamais posé aucun problème de discipline“.
L’instituteur de Mohamed Abrini s’est notamment rappelé qu’à l’initiative de ce dernier les élèves s’étaient cotisés pour lui acheter une “grande assiette Tintin“, un cadeau de remerciement pour son dévouement à leur égard, parfois en dehors de ses heures de travail. “Ils savaient que je suis un fan de bandes dessinées“, a-t-il relaté. “Cette assiette est toujours dans le meuble, comme ça tu sais“, a-t-il ajouté, tourné vers le premier accusé dans le box.
“Je parle bien entendu de lui jusqu’à ses 14 ans“, a précisé l’enseignant. “Il a ensuite quitté notre établissement. C’était l’âge limite“.
À l’issue de ce témoignage, Mohamed Abrini s’est levé, visiblement ému. Il s’est excusé auprès des témoins de les avoir fait venir devant la cour. “Je voudrais juste les remercier pour tout ce qu’ils m’ont apporté. Et je suis désolé qu’on se revoit dans de telles conditions“.
15h43 – Smail Farisi est très introverti et était solitaire en prison, selon un témoin
“J’ai rencontré quelqu’un de très introverti, qui n’a pas beaucoup de facilité à mettre des mots sur le ressenti et sur le mal-être“, a déclaré une psychologue au sujet de Smail Farisi, jeudi après-midi, au procès des attentats du 22 mars 2016. La thérapeute a été appelée à témoigner devant la cour d’assises de Bruxelles non pas en tant qu’experte mais en tant que témoin de moralité. Elle n’a pas rendu de rapport mental au sujet de cet accusé, mais elle l’a rencontré à plusieurs reprises dans le cadre de son travail de psychologue au sein des prisons.
C’est Smail Farisi qui a lui-même introduit une demande d’aide psychologique en janvier 2017, alors qu’il était en détention préventive depuis août 2016, dans le cadre de l’enquête sur les attentats du 22 mars. La psychologue qui l’a rencontré, à la suite de sa demande, l’a suivi dès janvier 2017 à la prison de Marche-en-Famenne, puis à celle de Namur où il a été transféré par la suite, jusqu’à sa libération début 2018.
“J’ai rencontré quelqu’un de très introverti, qui n’a pas beaucoup de facilité à mettre des mots sur le ressenti et sur le mal-être. Il était solitaire en prison. Il était dans sa bulle“, a expliqué la psychologue. “Il lisait beaucoup et ça, ça a permis d’activer quelque-chose en termes de compréhension de soi. Il lisait de la littérature classique comme Camus, Paulo Coelho, Kafka… Cela lui a permis de faire des liens avec sa propre expérience de vie“.
La professionnelle a également été interrogée par la défense d’Hervé Bayingana Muhirwa, un autre accusé avec qui elle s’est également entretenue à la prison de Namur. “C’est quelqu’un qui a beaucoup de ressources, qui a la capacité de prendre du recul, de se remettre en question. C’est quelqu’un qui ne faisait aucune vague et qui était apprécié pour son travail en prison“, a-t-elle décrit.
15h55 – Le parquet demande à vérifier que les Farisi sont bien dans l’incapacité de témoigner
Tous les membres de la famille des frères Farisi se sont fait porter pales jeudi alors qu’ils devaient venir témoigner devant la cour d’assises chargée de juger les attentats à Bruxelles du 22 mars 2016. Une attitude que ne semble pas avoir apprécié le ministère public puisque la procureure fédérale Paule Somers a demandé à ce qu’un médecin légiste soit envoyé afin de vérifier s’ils étaient réellement malades.
Les parents, les deux sœurs et le frère de Smail et Ibrahim Farisi, qui comparaissent libre à ce procès, étaient convoqués comme témoins de moralité ce jeudi après-midi. Mais aucun d’entre eux ne s’est présenté à l’audience.
La présidente de la cour, Laurence Massart, a lu un extrait d’une lettre envoyée par la famille dans laquelle cette dernière dit ne pas pouvoir répondre positivement à la convocation. Tous disent être “lestés d’une atmosphère plombée depuis sept ans”, ce qui nuit à leur santé. Le temps n’a pas pansé les plaies, y regrettent-ils.
Les membres de la famille Farisi reconnaissent que leur souffrance n’est sans doute pas aussi grande que celle des victimes des attentats. “Mais en fin de compte, nous sommes tous des victimes quelque part”, ajoutent-ils, déplorant également qu’une “rencontre ordinaire, au mauvais moment, au mauvais endroit, puisse détruire la vie de quelqu’un et celle de son entourage”. Les parents, les deux sœurs et le frère d’Ibrahim et de Smail expriment encore l’espoir de voir ces deux derniers être innocentés et acquittés et que la page puisse ainsi être tournée.
Le parquet fédéral a, dans un premier temps, renoncé au témoignage de la mère, qui est malade. L’une de ses auditions a alors été lue. Mais, lorsqu’il est apparu que toute la famille avait déposé un certificat médical signé par le même médecin, la procureure fédérale Paule Somers a demandé à la présidente d’envoyer un médecin légiste pour le père et la plus jeune sœur, afin de vérifier s’ils sont réellement malades. Elle a qualifié leur témoignage de “crucial” pour le jury. Les parties civiles se sont jointes à cette demande.
Xavier Carrette, l’avocat d’Ibrahim Farisi, a ensuite pris la parole et a indiqué qu’il pouvait fournir le numéro de téléphone du père pour que le greffier puisse le contacter. Option qui a été retenue dans un premier temps pour tenter de “débloquer” la situation.
Il y a quelques semaines, l’ex-compagne de Smail Farisi avait expliqué devant la cour qu’il y avait eu une réunion de famille juste après les attentats, lorsque cet accusé avait compris qu’il avait sous-loué son appartement d’Etterbeek à la cellule terroriste. Elle avait appris la tenue de cette discussion, à laquelle n’a pas participé Ibrahim, via la plus jeune des soeurs Farisi, qui lui en avait parlé. Lors de cette réunion, une partie de la famille était d’avis de se dénoncer, l’autre pas. Finalement, Smail avait choisi de vider l’habitation et avait demandé à son frère de l’aider, sans lui expliquer les raisons précises de ce déménagement.
16h38 – À son retour de Syrie, était encore plus silencieux, témoigne sa mère
Déjà de nature taciturne, l’accusé Bilal El Makhoukhi était encore plus silencieux quand il est rentré de Syrie, grièvement blessé à une jambe. C’est ce qu’a confié jeudi, devant la cour chargée de juger les attentats djihadistes du 22 mars 2016, la maman de celui dont le nom de guerre était Abou Imrane.
“Il avait changé, il ne parlait pas beaucoup, il avait vu des choses là-bas“, a expliqué sa maman, visiblement très émue. “C’était une période très difficile car il a été arrêté dès l’aéroport. Il était très faible, se déplaçait en chaise roulante“, s’est remémorée cette femme au foyer, qui est allée jusqu’en Turquie pour ramener son fils en Belgique.
“Une fois libéré, il est revenu vivre à la maison. Sa jambe n’a pas pu être sauvée, il a été amputé“, a poursuivi la maman de celui qui est parti en Syrie en 2012, “sans prévenir personne“. “Quand on a appris qu’il était en Syrie, on était choqués“, a témoigné son père. “On a essayé de le convaincre de revenir, mais c’était trop tard“, a-t-il indiqué.
Son père l’a décrit comme un enfant normal, sans problème de délinquance, de drogues ou de cigarettes. Sa mère l’a, elle, dépeint comme quelqu’un “qui ne parlait pas beaucoup, était un peu renfermé et était très respectueux“. “Il n’y avait pas beaucoup de différences (d’attitude) par rapport à ses autres frères (deux plus grands et un plus jeune)“, a-t-elle souligné.
Me Cohen, l’avocat de Bilal El Makhoukhi, a demandé aux parents de revenir sur la période durant laquelle leur fils cherchait du travail à la fin de ses études. “Il ne trouvait pas de travail, ça l’affectait beaucoup“, a dit sa mère. “Je l’ai trouvé une fois en train de pleurer. Il m’a dit: ‘j’ai envoyé plein de CV, je ne trouverai jamais de boulot, je ne reçois que des réponses négatives“, s’est souvenu son père, au bord des larmes.
A l’époque, Bilal s’implique dans des actions caritatives. “Il donnait de la nourriture ou des vêtements. Il se sentait bien, il se sentait mieux. Il aidait notamment des personnes démunies à la gare du Nord“, a relevé sa maman.
Bilal El Makhoukhi avait émis le souhait que ses proches ne viennent pas témoigner, mais sa maman, âgée de 59 ans, et son père, âgé de 60 ans, ont tout de même répondu présents ce jeudi après-midi. Ils sont les rares parents d’accusés à être entendus à la barre.
Rédaction avec Belga – Dessin : Belga / Janne Van Woensel Kooy