Procès des attentats de Bruxelles : la directrice de la prison d’Ittre n’aurait pas placé Abdeslam dans un régime aussi strict

Les derniers rapports d’expertise, soit ceux concernant les accusés Osama Krayem, Sofien Ayari, Smaïl Farisi et Ibrahim Farisi, seront exposés mercredi matin. 

L’après-midi, ce sont des membres de la famille de Salah Abdeslam qui sont notamment cités pour venir témoigner, mais ceux-ci ne viendront pas. La cour procédera éventuellement à la lecture de leurs dépositions, s’ils ont été auditionnés dans le cadre de l’enquête.

La cour a déjà entendu au cours des derniers jours les deux experts psychiatres et le psychologue qui ont rendu des rapports au sujet de Mohamed Abrini, de Bilal El Makhoukhi, d’Hervé Bayingana Muhirwa et d’Ali El Haddad Asufi.

Elle a également entendu, mardi, l’expert psychiatre français qui a rencontré tardivement Salah Abdeslam. Jusqu’au procès des attentats du 13 novembre 2015, ce dernier avait toujours refusé l’expertise psychiatrique. Il avait finalement changé d’avis au cours du procès devant la cour d’assises de Paris.

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11h47 – L’anxiété d’Ibrahim Farisi a augmenté en raison des contrôles policiers qu’il a subis

Les psychiatres ayant mené l’expertise d’Ibrahim Farisi sont venus expliquer mercredi, devant la cour d’assises chargée de juger les attentats à Bruxelles du 22 mars 2016, quel était le profil psychiatrique de cet accusé, qui comparait libre au procès. Il en ressort notamment que l’anxiété de ce trentenaire a augmenté avec le temps, notamment en raison des contrôles policiers répétés dont il se dit victime et de l’issue du procès, qu’il redoute.

Les psychiatres ont rencontré Ibrahim Farisi à trois reprises: une première fois en 2016, alors qu’il se trouvait en prison, une seconde en 2020, lorsque l’homme était libre, puis une dernière au printemps 2022, à la demande de la présidente de la cour d’assises. “Y a-t-il eu une évolution de l’accusé entre ces différents entretiens ?”, leur a demandé cette dernière.

“Son anxiété a augmenté en raison des contrôles policiers qu’il dit subir. Il y a eu une évolution dans son anxiété et dans sa consommation d’alcool”, a répondu le psychiatre Noury Mrabet, qui avait déjà constaté une humeur anxieuse chez lui par le passé. “Ibrahim Farisi se plaignait d’isolement et des vexations qu’il subissait, du fait des contrôles policiers. Il redoutait l’issue du procès.”

L’expert a également fait remarquer que l’accusé s’était présenté en retard et sous une légère imprégnation alcoolique le jour de la dernière expertise qu’il a menée. Le trentenaire s’était alors dit en colère, dénonçant les mesures de contrôle et d’accompagnement qu’il subit et regrettant ses difficultés à trouver un travail, lui qui émarge au CPAS.

Il avait confirmé boire de manière plus fréquente et fumer régulièrement, et avait nié être radicalisé. Questionné sur les faits, Ibrahim Farisi, qui avait aidé son frère Smail à vider la planque des terroristes de l’avenue des Casernes à Etterbeek, “a éludé, disant qu’il n’avait fait qu’aider à déménager, tout ça pour un sac à dos”, a relevé Noury Mrabet, qui l’avait interrogé.

Les experts n’ont décelé chez l’accusé aucun signe de psychose, d’hallucinations ou de délire et ont exclu tout retard mental ou débilité au moment des faits et des entretiens. Un avocat des parties civiles a demandé que était le profil psychiatrique de personnalité du trentenaire. “Cliniquement, il rentre sûrement dans le cadre des états dits ‘limites'”, a répondu Noury Mrabet, citant son impulsivité, sa tendance à privilégier le passage à l’acte au raisonnement et celle à entretenir des relations conflictuelles avec autrui. “Ce sont des personnes qui sont plus en souffrance car elles ont un idéal de soi et une attente de quelque chose dans leur esprit mais qu’il n’y a pas dans la réalité. Mais ce n’est pas un malade mental“, a conclu le médecin.

La procureure fédérale Paule Somers a demandé aux psychiatres s’ils avaient parlé avec Ibrahim Farisi de la Syrie et du contexte du dossier des attentats. “Non”, leur a répondu Noury Mrabet, soulignant que leur mission était d’ordre psychiatrique et non historique. L’avocat de l’accusé, Me Xavier Carette, n’a pas souhaité poser de questions aux experts. “On ne va pas accabler davantage les témoins”, a-t-il glissé.


12h50 – La naïveté et l’immaturité de Smail Farisi soulignées par les experts

Les psychiatres ayant examiné Smail Farisi, qui comparait libre, ont souligné mercredi qu’il ne présentait ni retard ou débilité profonde ni démence au moment des faits. Ils ont pointé l’immaturité et la naïveté de cet accusé ayant sous-loué son appartement de la rue des Casernes à Etterbeek à la cellule terroriste.

Les psychiatres ont expliqué d’emblée que l’intéressé ne s’était pas présenté en consultation en mai et juillet 2022, alors qu’une expertise avait été sollicitée par la présidente de la cour. Ils se sont donc basés sur leur expertise de mars 2017 pour dresser le profil de Smail Farisi.  “Il a précisé n’avoir aucun lien avec le dossier terroriste et s’est dit dégoûté des actes posés par un ami d’école, Ibrahim El Bakraoui“, a souligné d’emblée le psychiatre Noury Mrabet.

Le médecin a précisé que l’accusé se présentait comme dépendant au jeu et de l’alcool, malgré un traitement qu’il dit avoir suivi contre cette assuétude. “Cette addiction l’aurait amené à dormir en rue à quelques reprises. Hormis le jeu, il dit ne pas avoir d’autre hobby.” Il s’est également dit capable d’arrêter de consommer de l’alcool “quand il veut”. Lors de son entretien, l’accusé a en revanche nié toute consommation de haschisch et cocaïne.

Les psychiatres l’ayant examiné décrivent Smail Farisi comme poli, voire obséquieux, et soulignent qu’il réalise la portée des faits qui le concernent. Ils excluent tout retard mental, débilité profonde, démence ou psychose au moment des faits.

L’accusé présenterait, selon les psychiatres, une tendance à la transgression qui s’exprime dans sa dépendance au jeu et à l’alcool, le fait qu’il n’ait jamais travaillé, ses problèmes financiers… Les experts insistent sur le fait que cela ne constitue pas une maladie mentale mais une “structure de personnalité“.  Ce rapport daté de 2017 conclut que Smail Farisi ne présente pas de danger social particulier et qu’aucun traitement spécialisé n’est à suggérer.

Jacques De Mol, psychologue clinicien, a ensuite présenté les conclusions d’une autre expertise, réalisée à la demande d’un juge d’instruction en 2019. S’il rejoint, de façon globale, les conclusions de ses confrères, les examens réalisés ont toutefois mis en évidence que le niveau intellectuel de l’accusé était légèrement en deçà de la moyenne. “Selon la littérature scientifique, on ne peut pas parler de débilité mais de ‘sub-débilité’. On parle d’un niveau intellectuel ‘limite’, il n’a pas un niveau intellectuel normal“, a exposé le docteur De Mol.

Une analyse qui a surpris la présidente de la cour d’assises, qui a notamment rappelé que l’accusé disait lire de la littérature et pouvait parfois faire preuve d’une certaine éloquence. Interrogé par un juré sur la possibilité que l’accusé ait sciemment faussé ses tests afin d’apparaître comme moins intelligent, le médecin a jugé cette hypothèse peu probable.

Le psychologue a, en outre, pointé un “certain degré d’infantilisme et d’immaturité, de naïveté”. Maître Tilman, avocat de parties civiles, a enfin souhaité connaître le profil de personnalité de l’accusé. “Il est dans un registre d’état limite, ‘borderline’. C’est une personnalité qui est fragile par définition, anxieuse. C’est un type de personne qui réagit très fortement au risque de perte (échec scolaire, problème professionnels…). Une petite tonalité paranoïaque peut également transparaître“, lui a répondu le docteur Mrabet.


14h00 – Sofien Ayari regrette son parcours de vie et l’impact des faits sur sa famille

Lors de ses entretiens psychiatriques, Sofien Ayari a émis des regrets sur son parcours de vie, qui l’a mené de Tunisie en Syrie, puis en Belgique, et sur l’impact de son départ et des faits sur sa famille. C’est ce que sont venus expliquer deux psychiatres.

Sofien Ayari a été arrêté en compagnie de Salah Abdeslam le 18 mars 2016 à Molenbeek, trois jours après une fusillade avec la police survenue rue du Dries à Forest. Faits pour lesquels ce Tunisien a été condamné à vingt ans de prison. Durant son incarcération, Sofien Ayari a suivi une formation en gestion à la prison de Marche et a débuté des cours d’anglais, qu’il a dû interrompre à cause des mesures sanitaires liées à la pandémie de coronavirus.

Lors des entretiens avec les médecins, menés en 2016 puis en 2022, l’accusé n’a pas nié les faits qui lui sont reprochés mais n’a pas désiré s’étendre sur le sujet, prenant une position de défense, a expliqué le psychiatre Noury Mrabet. S’il est parvenu à verbaliser ses regrets sur son parcours de vie et sur l’impact de celui-ci sur sa fratrie et ses parents, notamment tout ce qu’il a dissimulé à ses proches avant de quitter la Tunisie pour la Syrie, il n’en a pas émis face à son incarcération et aux faits, a développé l’expert.

Sofien Ayari s’est dit croyant et musulman mais a confié aux médecins considérer qu’il y avait une “différence entre la religion et ses actes“. Interrogé par un juré sur ce que signifiait cette différence, le psychiatre a botté en touche, se refusant à interpréter personnellement cette phrase. “Il faut lui poser la question à lui“, a-t-il dit.

D’après les psychiatres, l’accusé n’était pas atteint de trouble mental au moment des faits et de l’expertise, ne souffre pas d’une psychopathologie majeure et ne risque pas de commettre de nouvelles infractions en raison d’une pathologie mentale particulière. Il présente une intelligence dans la moyenne, sans trait de débilité ou de détérioration mentale.

Les experts ont qualifié sa personnalité comme ‘borderline’, soit un état limite entre la névrose et la psychose. “Lorsqu’on souhaite partir pour une cause (Sofien Ayari a tout quitté en Tunisie pour rejoindre le front en Syrie, NDLR), cela sous entend un équilibre précaire. Le fait de tout laisser tomber, pas nécessairement pour aller en Syrie, ça signe quelque chose dans la relation à autrui. Mais on n’est pas pour autant dans le cadre de la maladie mentale”, a soutenu Noury Mrabet.

À ses yeux, la difficulté qu’a eue l’accusé de contrôler ses actes au moment de son départ est aussi le signe d’un état limite, qui “est une caractéristique de personnalité, pas une maladie“, a-t-il insisté.  “Dresseriez-vous le même constat d’état limite pour une personne qui plaquerait tout pour aller se battre en Ukraine ?“, a demandé aux experts Me Isa Gultaslar, l’avocat de Sofien Ayari.

Si quelqu’un part impulsivement (en Ukraine), oui, je me poserais la question de savoir s’il n’est pas dans un état limite“, a répondu Noury Mrabet.  Son confrère Charles Gérard et lui ont expliqué être très souvent confrontés à des personnes ‘borderline’ dans le cadre de leur travail. Un avocat et un psychiatre pourraient d’ailleurs eux aussi être qualifiés comme tels lors d’une expertise, ont-ils conclu.


15h42 – Osama Krayem peu enclin à évoquer sa vie privée lors de son expertise psychiatrique

Les psychiatres ayant examiné Osama Krayem lors de son incarcération après les attentats de mars 2016 à Bruxelles ont conclu dans leur expertise psychiatrique que l’accusé ne présentait aucune pathologie psychologique au moment des faits et lors de l’entretien, ont-ils exposé mercredi devant la cour d’assises. Ils ont noté sa méfiance, particulièrement lorsque les questions concernaient sa personnalité et son parcours.

L’expertise psychiatrique de l’accusé, originaire de Suède et arrivé en Belgique en 2015 après un séjour en Syrie, remonte à 2016. Depuis, il a refusé de participer à une nouvelle expertise, malgré la demande de la présidente de la cour d’assises, Laurence Massart.

Lors de son expertise, quelques mois après les attentats à Bruxelles, l’accusé avait reconnu avoir commis un acte criminel. “J’ai accompagné des gens et d’autres gens sont morts”, a-t-il déclaré, selon le rapport. “Il ne s’est toutefois pas étendu sur son vécu et son émotion lors des faits”, a souligné le psychiatre Noury Mrabet, l’un des auteurs du rapport.

Ce dernier a également précisé avoir pu s’entretenir en arabe avec l’accusé, notant qu’Osama Krayem présentait un accent caractéristique de la Syrie et non un accent maghrébin. “Il a nié tout antécédent psychologique et judiciaire. Il ne parle pas de prise de traitement, ni de consommation d’alcool ou autre”, a expliqué le psychiatre. Ce dernier note également “l’apparent détachement” de l’accusé lors de l’entretien, décrivant ses réponses comme “courtes et sans digression spontanée”“Il reste flou dans ses réponses et dit qu’il se serait préparé s’il avait appris notre visite. Il ne précise toutefois pas comment il aurait pu se préparer”, souligne le psychiatre Charles Gérard.

“Il a refusé de se décrire, d’évoquer les choses qu’il aime ou n’aime pas ou d’énoncer ses défauts ou qualités.” Les deux experts ont noté une grande méfiance de l’accusé lorsque leurs questions étaient liées à sa vie privée, même pour une interrogation liée à sa scolarité en Suède. Les psychiatres estiment qu’Osama Krayem présente une intelligence dans la moyenne. Ils n’ont constaté ni perturbations du contenu de la pensée ni ralentissement psychomoteur ou idéatoire. Ils excluent également tout retard mental et état de démence au moment des faits et de l’entretien. Aucune psychose n’a en outre été détectée. Ils ont ainsi conclu à l’absence de psychopathologie majeure “malgré une blessure de guerre” lors de son passage en Syrie. Rien ne laisse dès lors à penser qu’il n’a pas le contrôle de ses actes, estiment les experts. Interrogés sur la structure de personnalité de l’accusé par un avocat de parties civiles, les experts ont de nouveau évoqué l’état limite ou ‘borderline’. “Vu l’impulsivité avec laquelle il a abandonné ses études, sa famille, ça laisse suggérer un état limite. Il présente également des traits de personnalité paranoïaque”, a détaillé Noury Mrabet.

“Ses traits de personnalité peuvent-ils expliquer un renoncement lors du passage à l’acte?”, s’est interrogé un autre avocat des parties civiles. “Le dernier geste d’un homme peut ignorer toute son existence. Il n’y a rien qui puisse prédire que quelqu’un va passer à l’acte”, a répondu le docteur Mrabet.

L’avocate de l’accusé a, quant à elle, souhaité rappeler que l’expertise conduite en juin 2016 l’avait été sans la présence d’un avocat, ce que la loi n’autorise plus depuis fin 2016. “Le législateur a depuis estimé que la présence de l’avocat était légitime pour expliquer la portée de l’expertise à l’accusé, suggérer des questions et faire en sorte qu’elle se passe le mieux possible”, a commenté Me Gisèle Stuyck.

This drawing by Jonathan De Cesare shows accused Osama Krayem
BELGA PHOTO JONATHAN DE CESARE

16h49 – La directrice de la prison d’Ittre n’aurait pas placé Abdeslam dans un régime aussi strict

La directrice de la prison d’Ittre n’aurait personnellement pas placé Salah Abdeslam dans le régime de sécurité le plus strict au sein de cet établissement pénitentiaire, a-t-elle témoigné mercredi devant la cour d’assises chargée de juger les attentats du 22 mars 2016. Elle aurait plutôt opté pour un régime de surveillance supplémentaire par rapport à ce qui est mis en place pour les détenus classiques mais, a-t-elle expliqué, elle a reçu des ordres en ce sens de sa hiérarchie.

Au lendemain de sa condamnation en France à la réclusion criminelle à perpétuité incompressible dans le cadre du procès pour les attentats du 13 novembre 2015 à Paris, Salah Abdeslam est arrivé à la prison d’Ittre (Brabant wallon) à la mi-juillet 2022. Il devait initialement y rester deux mois, dans l’attente du début du procès devant la cour d’assises en septembre.

La saga des boxes des accusés a cependant retardé son transfert vers Haren à la fin novembre, juste avant le début des débats. Durant ces quelques mois, l’accusé a été placé dans le régime de sécurité le plus strict, a expliqué Vincianne Alexandre, la directrice de la prison brabançonne. Il y était privé de toute activité (culturelle ou sportive) commune et de préau en compagnie des autres détenus. Il se trouvait dans une sorte de cachot, d’ordinaire utilisé dans le cas d’une sanction disciplinaire ou lorsqu’il faut protéger un détenu d’un passage à l’acte.

Salah Abdeslam avait accès, seul, à un préau spécial, d’une surface de 20 à 25 m2, peu lumineux, avec un grillage sur la partie supérieure et des murs hauts, a détaillé la directrice. “Je ne suis même pas sûre que le soleil donne sur ce préau-là”, a-t-elle dit. À côté de ces mesures était prévue une surveillance supplémentaire: tous les quarts d’heure, de jour comme de nuit, le personnel vérifiait que Salah Abdeslam se trouvait dans sa cellule et était toujours vivant. Un procédé “intrusif et dérangeant au niveau du bruit”, a commenté Vincianne Alexandre, ajoutant qu’il fallait à chaque fois allumer la lumière pour voir au sein de la cellule.

“Je n’aurais pas fait ça”, a confié la directrice de la prison brabançonne, expliquant qu’elle aurait plutôt opté pour une surveillance supplémentaire, qu’elle aurait ensuite cherché à alléger. Ces mesures ont été imposées par la direction régionale et générale (fédérale) des établissements pénitentiaires, a expliqué la témoin, entendue à la demande de la défense de Salah Abdeslam. “On m’a demandé de proposer ce régime strict”, a-t-elle glissé, ajoutant qu’elle l’aurait toutefois également proposé “sur le principe”.  “C’était décidé (par la hiérarchie, NDLR) mais il fallait respecter la procédure?”, a demandé la présidente de la cour d’assises, la directrice de prison répondant par l’affirmative.

“Mais si on veut isoler quelqu’un des autres, il est très compliqué de mettre ce détenu dans une section classique”, a reconnu Vincianne Alexandre. “Ce n’est pas lui que je considérais comme dangereux, mais plutôt l’impact de sa présence sur la prison. On ne savait pas comment les autres détenus pouvaient réagir à son arrivée. Ce n’est pas un détenu ordinaire, c’était quelqu’un d’hypermédiatisé.”

Pour la directrice, un tel régime, aussi strict, doit être limité dans le temps et être accompagné d’une certaine progressivité. “On voit que l’isolement a des effets néfastes sur le sommeil et sur l’humeur et qu’un état dépressif peut s’installer”, a-t-elle justifié. Pour le reste, Vincianne Alexandre a qualifié Salah Abdeslam de détenu correct, poli, respectant les injonctions qui lui étaient données mais exprimant son désaccord avec respect et en le motivant.

L’accusé était un détenu comme les autres, malgré le poids médiatique des faits qui pèse sur lui. Avant l’arrivée de l’intéressé à Ittre, la directrice a dit avoir eu la crainte qu’il puisse mettre fin à ses jours, étant donné la lourdeur de sa condamnation à Paris. “Mais rien n’a laissé transparaître cela lors de mon premier entretien avec lui”, a-t-elle noté, le trouvant d’ailleurs relativement serein. Lors des multiples entretiens entre la témoin et l’accusé, ce dernier s’est montré fort déçu de la justice française. “Il avait aussi beaucoup d’appréhension au début par rapport à ce procès. Mais quand la décision a été prise de retirer le box (dans sa configuration initiale, NDLR), j’ai vu un changement. Une relation de confiance a pu se nouer avec le tribunal.”

avec Belga