Procès des attentats de Bruxelles : Abrini conteste son rapport d’expertise psychologique

La cour d’assises de Bruxelles se prépare à entendre, mercredi au procès des attentats du 22 mars 2016, les proches des accusés, invités à venir parler de la personnalité de ceux-ci.

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5h00 – Des témoins de moralité attendus au procès mercredi

Parmi ces témoins de moralité figurent des membres de la famille de Mohamed Abrini, mais ceux-ci ont déjà fait savoir qu’ils ne se présenteraient pas, ainsi que des membres de la famille d’Ali El Haddad Asufi.

De premiers témoins de moralité des accusés – les parents et les frères et sœurs d’Oussama Atar – étaient attendus mardi, mais ils ne se sont pas présentés.

Ce sera le cas également pour la famille de Mohamed Abrini mercredi. Les proches de cet accusé ont décliné l’invitation de la cour à venir décrire la personnalité de celui qui a fait demi-tour à l’aéroport de Zaventem le 22 mars 2016, abandonnant sa bombe dans le hall des départs.

Une ex-petite amie d’Abrini est également citée à comparaître, mais elle a envoyé à la cour un certificat médical. Elle a fait savoir qu’elle était traumatisée et que son état mental ne lui permettait pas de témoigner. L’ex-fiancée de cet accusé et certains de ses amis sont aussi sur la liste des témoins mercredi, mais leur venue reste un point d’interrogation.

Selon les procureurs, Mohamed Abrini avait écrit une lettre à son ex-fiancée, qui pourrait être un testament, mais l’homme nie l’avoir écrite. Mercredi après-midi, des témoins de moralité pour Ali El Haddad Asufi sont attendus. Il s’agit de sa famille et d’un de ses amis d’enfance.


12h42 : L’impartialité d’un expert psychiatrique au coeur des débats mercredi matin

Les débats de la matinée, devant la cour d’assises de Bruxelles, se sont concentrés sur les éventuels problèmes d’impartialité de l’expert psychiatrique Samuel Leistedt, intervenu la veille. L’avocat de Bilal El Makhoukhi, Me Nicolas Cohen, a demandé à pouvoir consulter un rapport médical établi dernièrement par l’expert pour le compte de l’administration pénitentiaire. L’avocat souhaite pouvoir vérifier la qualité de son travail. La cour doit se prononcer “le plus rapidement possible“.
Le problème avait été soulevé en fin de journée mardi: Samuel Leistedt a été chargé, en 2022, par la cour d’assises d’actualiser l’expertise psychiatrique de quatre accusés. Parallèlement, il s’est entretenu avec plusieurs des accusés du procès, détenus à la prison de Haren, pour le compte du SPF Justice cette fois. Pour la défense, il y a un risque de conflit d’intérêt.
Afin de vérifier si ce risque est avéré ou non, Me Cohen demande à pouvoir consulter un rapport établi par l’expert dans le cadre de la procédure pénitentiaire, au sujet de son client, Bilal El Makhoukhi. “Nous demandons le contenu pour voir s’il y a une incompatibilité dans son travail“, a-t-il souligné. L’avocat n’aurait été averti de l’existence de ce rapport que la veille, lors de l’intervention de l’expert en question devant la cour d’assises.
La présidente a d’abord estimé que la consultation de ce rapport n’était pas nécessaire, puisque l’éventuelle incompatibilité entre les deux missions de l’expert (pour l’administration pénitentiaire d’une part et la cour d’assises d’autre part) pouvait très bien s’examiner “en principe”. “Cela n’a rien à voir avec la qualité des rapports“, a-t-elle dit.
Selon Me Delphine Paci, avocate Salah Abdeslam -absent ce mercredi pour cause de maladie-, l’expert Leistedt aurait dû demander à la présidente de la cour d’assises si sa mission dans le cadre du procès des attentats à Bruxelles était compatible avec son travail pour l’administration pénitentiaire.
Pour les procureurs, la demande de la défense n’est autre qu’une “instrumentalisation de la procédure” qu’ils estiment “irrecevable”. L’audience a été levée en fin de matinée pour permettre à la cour de statuer. La présidente a annoncé qu’elle rendra un arrêt “le plus rapidement possible“.

13h04 : Abrini conteste le rapport d’expertise psychologique qui a été rédigé le concernant

Mohamed Abrini a réagi, mercredi matin, à l’exposé du rapport d’expertise psychiatrique le concernant, qui a été présenté mardi par deux psychiatres et un psychologue, devant la cour d’assises de Bruxelles qui juge les attentats du 22 mars 2016. “En France [dans le cadre du procès des attentats à Paris], on a fait aussi une expertise et ça disait tout autre chose“, a déclaré l’accusé.

L’expert (belge, NDLR) me voit à mon retour de Paris. J’avais perdu tous les droits. Je ne pouvais même pas appeler mes avocats. Il me voit peut-être fâché, énervé. Il vous dit que je suis quelqu’un d’anti-social, pour moi ce n’est pas honnête.” Mardi après-midi, trois experts en santé mentale ont exposé les conclusions de leurs rapports (dressés en 2016 et en 2022) au sujet de Mohamed Abrini.

Ils l’ont rencontré et lui ont fait passer des tests, aboutissant notamment au constat que cet accusé présente toujours un risque élevé de radicalisation. “Sur le plan de la radicalité, il y avait une colère“, a dit l’un des psychiatres, qui avait conclu à un “renforcement des comportements de radicalité” chez Abrini.

Les professionnels ont mis en exergue, outre le risque de radicalisation, d’autres éléments de personnalité: une “structure anti-sociale”, une “introspection faible”, “des éléments narcissiques”, et “des éléments du registre de la psychopathie”.

Les tests effectués par le psychologue ont aussi mis en avant des “comportements problématiques pendant l’adolescence”. Mohamed Abrini “a pu avoir un léger retard dans l’apprentissage, mais sans présenter un retard mental”, a déclaré le psychologue.

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14h49 : La présidente demande les avis psychiatriques sur le régime carcéral des accusés

La présidente de la cour d’assises de Bruxelles, Laurence Massart, a ordonné un nouveau devoir d’enquête. Elle a chargé les enquêteurs principaux de prendre contact avec la direction des établissements pénitentiaires et de l’inviter à délivrer une copie du ou des avis rendus par le psychiatre Samuel Leistedt sur la mise ou le maintien des accusés détenus dans un régime carcéral strict, et de la transmettre aux avocats des accusés.

Ce nouveau devoir d’enquête intervient à la suite d’un débat, qui a débuté mardi soir et s’est prolongé mercredi matin, au sujet d’un éventuel conflit d’intérêt du docteur Samuel Leistedt. L’expert psychiatre a accepté, pour le compte de l’administration pénitentiaire, de rendre des avis sur l’impact psychologique du régime carcéral strict sur certains des accusés détenus. Or, le professionnel a précédemment expertisé ces mêmes accusés, cette fois pour le compte de la cour d’assises de Bruxelles, aux fins d’établir un rapport sur l’état mental général de ceux-ci et sur des éléments pertinents de leur personnalité.

La présidente a ainsi fait droit à la demande de l’avocat de Bilal El Makhoukhi, Me Nicolas Cohen. Ce dernier avait, ce matin, demandé à pouvoir consulter l’avis rendu par l’expert au sujet de l’impact du régime particulier de détention sur le mental de son client. Ce rapport lui permettrait de vérifier s’il n’y avait pas d’incompatibilité entre les deux missions. La présidente avait dans un premier temps refusé de faire exécuter cette demande, estimant que la consultation de cet avis n’était pas nécessaire. Le pénaliste avait alors déposé des conclusions, contraignant la présidente à entendre chacune des parties sur la question puis à rendre un arrêt après une délibération avec ses deux juges assesseurs. La cour a prononcé son arrêt mercredi en début d’après-midi, se déclarant incompétente. Mais ensuite Laurence Massart a déclaré qu’elle allait finalement ordonner ce devoir, en vertu du pouvoir discrétionnaire d’un président de cour d’assises.

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16h38 : La famille d’Ali El Haddad Asufi le décrit comme un homme incapable de faire du mal

Les deux frères et la sœur de l’accusé Ali El Haddad Asufi ont évoqué la personnalité de celui-ci, cette après-midi, devant la cour d’assises de Bruxelles. Pour eux, le cadet de la famille est un homme blagueur et incapable de faire du mal.

C’est quelqu’un d’altruiste qui adore les gens et la vie“, a déclaré sa sœur ainée. “Il n’aurait jamais cautionné ça (les attentats à Bruxelles, NDLR). J’étais moi-même dans les transports en commun ce jour-là.” Les proches d’Ali El Haddad Asufi ont déclaré qu’ils ne comprenaient pas pourquoi leur frère était accusé dans ce procès. Ils ont décrit un homme très proche de leur maman, laquelle n’a pas pu venir témoigner en raison de son état de santé fragile, et qui n’était pas un islamiste radical. “C’est quelqu’un qui est social, qui va vers les gens, qui discute… donc non, il n’était pas radicalisé. Cette histoire n’a aucun sens“, a décrit la fratrie.

Celle-ci a affirmé n’avoir appris qu’après les attentats qu’Ali était proche de certains auteurs suspectés des attaques. Elle a encore précisé n’avoir rien remarqué dans le comportement de leur frère les jours qui ont précédé les attentats, indiquant qu’il était “tout à fait normal“.

Selon les témoins de moralité, tout ce à quoi aspire Ali El Haddad Asufi aujourd’hui est d’être innocenté, de terminer de purger la peine de 10 ans de prison dont il a écopé dans le cadre du procès des attentats à Paris, puis de se marier, de fonder une famille et de travailler. “Il a encore de l’espoir“, ont-ils affirmé.

Belga