Procès des accusés de l’assassinat de Dion Jashanica : une première journée sous tension
La cour d’assises de Bruxelles-Capitale, délocalisée à Nivelles, a entamé mardi le fond du procès d’Abdellah Ben Abdeslam et de Mohamed Benamar, accusé de l’assassinat de Dion Jashanica, le 22 avril 2022 dans la rue Dubois-Thorn, à Molenbeek-Saint-Jean. D’importantes mesures de sécurité ont été appliquées dans et en dehors de la salle d’audience mais à plusieurs reprises durant la journée, la présidente Sophie Leclercq a dû menacer d’expulser de la salle des proches de la victime, pour préserver la sérénité des débats.
Cette première journée s’est limitée à la lecture de l’acte d’accusation par l’avocat général Stéphane Lempereur en matinée, et à l’interrogatoire des deux accusés par la présidente. Abdellah Ben Abdeslam affirme qu’après une bagarre quelques heures avant les faits, il a été frappé par Dion Jashanica et c’est par hasard qu’il a reconnu celui-ci, à l’arrière d’une voiture stationnée dans la rue Dubois-Thorn alors qu’il était convoyé par Mohamed Benamar. Il aurait alors demandé à celui-ci de s’arrêter, et est monté dans l’habitacle du véhicule où se trouvait la victime. À le suivre, c’est la victime qui aurait sorti une arme, et le coup est parti alors qu’il tentait de le désarmer. C’est dans la panique qu’il aurait par la suite pris la fuite à pied en emportant le revolver qui ne lui appartenait pas, et qu’il l’aurait jeté dans le canal. Mohamed Benamar, lui, dit qu’il s’est limité à convoyer l’autre accusé sans avoir été tenu au courant de ses intentions. “Je considère n’avoir rien fait : si j’ai fui par la suite, c’est parce que j’ai craint pour ma vie, pas parce que je me sentais coupable de quelque chose“, a-t-il affirmé dans l’après-midi durant l’interrogatoire d’audience.
Tensions durant l’audience
En matinée, lors de la lecture de l’acte d’accusation pour l’avocat général, le père de la victime a réagi de manière virulente lorsqu’a été lue la version livrée par Abdellah Ben Abdeslam aux enquêteurs. Dans la salle dont la partie réservée au public était séparée en deux par un rang de policiers afin d’éviter les contacts entre les “supporters” des parties, le père de la victime a crié qu’il s’agissait de mensonge. La présidente lui a demandé de se calmer en annonçant que beaucoup de choses qu’il allait entendre durant le procès ne lui plairont pas. “Si vous continuez comme ça, je vais devoir vous faire sortir de la salle d’audience“, a menacé la présidente. Un petit incident s’est encore produit durant une pause, dans la salle des pas perdus, et des policiers locaux accompagnés d’un chien étaient présents pour la rentrée dans la salle après la pause de midi.
Durant l’interrogatoire d’Abdellah Ben Abdeslam, le père de la victime est à nouveau intervenu et la présidente a dû à nouveau le menacer de le faire évacuer. Tout comme la mère de Dion Jashinica, qui n’a pas accepté que l’accusé affirme qu’il se rendait compte que c’était un moment difficile pour les parents. Quelques minutes plus tard, c’est un jeune homme qui était dans le public qui est intervenu en insultant un des accusés, lui annonçant qu’il allait “baiser sa race“. L’importun a été expulsé par les services de police. Mercredi, la cour d’assises entendra le juge d’instruction et les enquêteurs.
Belga