Le procès des agents pénitentiaires de Forest a débuté mardi avec les interrogatoires
Le procès des 22 agents pénitentiaires et de la directrice de la prison de Forest s’est ouvert ce mardi devant le tribunal correctionnel de Bruxelles, avec les premiers interrogatoires des prévenus, poursuivis pour traitements inhumains à l’égard de détenus. La directrice de l’établissement pénitentiaire est, elle, prévenue pour négligence coupable après avoir envoyé à l’isolement un détenu atteint de troubles psychiques. Les interrogatoires se poursuivront mercredi matin, les journées de jeudi et vendredi et se prolongeront jusqu’au 30 janvier.
Les interrogatoires ont permis de confronter les versions des agents impliqués. Pour le premier incident abordé à l’audience, il a notamment été question d’aveux de coups portés sur un détenu dans des SMS échangés entre collègues. Mais l’intéressé, Grégory Q., a déclaré avoir seulement voulu se vanter de violences qu’il n’avait pas commises. A propos d’un autre incident, les échanges par SMS de cet agent contenaient encore des aveux de coups. Son interlocuteur lui avait répondu qu’il devait “couvrir ses arrières. Avant, tout le monde aurait voulu y faire un petit tour”. Grégory Q. a à son tour répondu: “C’est exactement ça. Pourtant, on était que 3 dans le cachot”. Quand il lui a été demandé de s’expliquer, ce dernier a encore fait valoir sa vantardise et, par rapport à la culture d’impunité, a assuré qu’il n’avait pas compris. Dany P. a eu lui à répondre d’un incident qui a démarré dans les douches avec un détenu à deux semaines de sa libération. En posant une question sur ce qu’il pensait de la version divergente de Jean-Marc T., Me Sven Mary, qui représente ce dernier, a souligné les scissions existantes entre les agents. Les procédures d’intervention lors d’un incident et sur la décision d’envoyer un détenu au cachot ont été abordées. Jean-Marc T. a fait remarquer que la surpopulation dans la prison de Forest était source de tensions et entraînait un recours plus fréquent à la mise au cachot, mais les insultes et menaces ne sont pas suffisantes que pour y être envoyé, a-t-il rapporté.
L’incident qui a occupé plus largement les débats dans l’après-midi et qui sera encore évoqué mercredi matin, concerne un détenu de l’annexe psychiatrique qui était en train de téléphoner sur le code d’un autre détenu. Comme il avait dépassé les 10 minutes autorisées, un gardien lui a demandé de raccrocher. Il a été remis en cellule. Il était nerveux et agitait un stylo, selon les témoignages. Une équipe d’intervention de cinq personnes a été demandée par la direction. Le détenu a déclaré avoir été tapé dans la cellule et le long du trajet le menant au cachot, mais il se serait aussi laissé tomber à plusieurs reprises. Malgré ses lésions au visage notamment et l’appel passé à un médecin du SMUR, il ne sera pas amené à l’hôpital. Me Hamid El Abouti a posé des questions pour faire préciser le rôle son client Nicolas M. Ce dernier a déclaré avoir réussi à ramener le détenu dans sa cellule avec deux de ses collègues sans usage de coups, seulement en avançant et en bloquant les issues potentielles, et être par la suite resté à l’extérieur de la cellule pour laisser l’équipe d’intervention spécialisée opérer. Si les responsabilités doivent être établies de façon différenciées, la décision de faire intervenir une équipe spécialisée pour un détenu déjà ramené en cellule et uniquement armé d’un stylo a été fortement questionnée.
Belga