Procès Abdelslam: plusieurs avocats demandent au Premier ministre de rappeler à l’ordre Jan Jambon

Un collectif d’une trentaine d’avocats, dont plusieurs bâtonniers, exige du ministre de l’Intérieur Jan Jambon (N-VA) qu’il retire et s’excuse sans tarder pour les critiques qu’il a exprimées dimanche dernier envers la plaidoirie de Sven Mary, l’avocat de Salah Abdeslam.

Pour ces avocats, il incombe d’ailleurs au Premier ministre et au ministre de la Justice de rappeler le ministre de l’Intérieur à l’ordre, et ce “sans ambiguïté et sans délai”. Ils rappellent que “l’avocat qui demande le respect de la loi ou tire les conséquences de son éventuelle violation ne fait rien d’autre que sa mission et son devoir, en toute indépendance”.

“La grandeur des démocraties et de l’Etat de droit est d’offrir à leurs ennemis un procès équitable et respectueux des procédures légales : pas de procès exceptionnel ou expéditif, ceci n’est pas négociable” soulignent-ils. Or, en déclarant dimanche dernier ne pas comprendre comment l’avocat Sven Mary pouvait demander l’acquittement d’Abdeslam, le ministre a mis non seulement l’avocat sous pression, mais a porté aussi “gravement atteinte à l’indépendance et à l’impartialité des juges, et dès lors à la présomption d’innocence dont bénéficie toute personne comparaissant devant un tribunal”.

Selon eux, le ministre Jambon ne peut en aucun cas se retrancher derrière sa liberté d’expression, qui “dans sa position n’est évidemment pas absolue”. Sans excuse de l’intéressé, et sans rappel à l’ordre du Premier ministre, le procès ne pourra pas reprendre sereinement, jugent les signataires.

“L’on ne transige pas avec les fondements de notre Etat. Le jour où plus aucun avocat ne sera prêt à défendre un prévenu accusé de terrorisme, l’Etat islamique aura gagné”, concluent-ils.

Belga – Photo: Belga

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13 février 2018 - 20h20
Modifié le 13 février 2018 - 20h20