Première mondiale : le traitement d’une malformation vasculaire in utero grâce à la maman

Il s’agit d’une première mondiale qui va bouleverser le monde de la médecine. 

Les malformations vasculaires impactent grandement la qualité de vie des personnes atteintes et nécessitent des prises en charge très spécifiques. Les équipes du Centre des malformations vasculaires et du Service d’obstétrique des Cliniques Saint-Luc ainsi que du laboratoire de génétique moléculaire humaine de l’Institut de Duve à l’UCLouvain, ont traité in utero un fœtus atteint d’une malformation lymphatique. Débutée il y a 6 ans, cette prise en charge multidisciplinaire s’est accompagnée d’un suivi au long cours, ce qui représente une première mondiale.

Objectif : soigner le bébé… via la maman grâce au Sirolimus, un médicament qui est administré à la maman pendant sa grossesse. “On s’est rendu compte qu’il normalisait les choses et améliorait la qualité de vie de 20 à 80% des patients. On ne savait pas si cela allait fonctionner et que cela n’avait jamais été testé auparavant. Mais la seule autre solution était l’avortement”, explique Laurence Boon, coordinatrice du centre des malformations vasculaires des Cliniques Saint-Luc.

Cette technique innovatrice a permis à Shanti de sauver son bébé. Le médicament a fait effet positivement sur son bébé à partir de la 29e et la 34e semaine. Aujourd’hui, l’enfant se porte bien et poursuit une croissance normale. “La dernière échographie était incroyable. Les médecins n’en croyaient pas ses yeux.”

Issu d’une algue, le Sirolimus est administré depuis près de dix ans à des patients âgés ou non. “Les malformations vasculaires résultaient de l’activation continue d’une protéine. Cette dernière agit continuellement et stimule la prolifération excessive de certains vaisseaux. Elle permet aussi la prolifération des cellules cancéreuses. Le Sirolimus cible cette protéine et permet de ralentir son activation”, assure Emmanuel Seront, un oncologue spécialisé.

Pour les chercheurs, il s’agit d’une avancée majeure pour la prise en charge des patients atteints de malformation fœtale.

■ Un reportage de B. Denuit et N. Scheenaerts et M. Carpiaux.