“Nous ne sommes pas à vendre”: plus de 5000 personnes dans les rues de Bruxelles pour soutenir les travailleurs d’Audi Brussels

Quelque 5.500 militants d’après la police, plus de 10.000 d’après les syndicats, ont battu le pavé lundi matin dans la capitale pour exprimer leur solidarité avec les travailleurs et sous-traitants d’Audi Brussels, dont le futur reste incertain depuis l’annonce d’une restructuration début juillet.

Partis de la Gare du Nord peu avant 10h30, les manifestants ont rejoint vers midi la place du Luxembourg, arborant des banderoles telles que “L’industrie est à nous” ou “Nous ne sommes pas à vendre”. Bien que la manifestation ait été ponctuée par de fréquentes détonations de pétards, aucun incident n’a été relevé par la police.

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Au cœur des revendications : la prise en compte dans le plan social de tous les travailleurs, y compris les intérimaires et sous-traitants, mais également la mise en place d’une “véritable politique industrielle”.

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Des délégations venues notamment d’Allemagne, de Pologne, de France et des Pays-Bas ont rejoint le cortège pour exprimer leur solidarité.

Sur la place du Luxembourg, Thierry Bodson, président de la FGTB, a pointé la coalition “Arizona” et le gouvernement actuel en affaires courantes, qui maintiennent un “silence assourdissant” face à la situation de l’usine forestoise. “On ne voit aucune réaction de leur part, si ce n’est la volonté de démanteler la loi Renault, de réduire la protection des travailleurs et de limiter temporellement les allocations de chômage“, a-t-il fustigé, dénonçant une “politique de culpabilisation des victimes du système”.

Plus globalement, l’homme fort de la FGTB a déploré le manque d’ambition et de coordination des politiques industrielles en Belgique. “L’industrie représente moins de 20% de l’activité économique dans notre pays, alors que les économistes s’accordent à dire qu’un minimum de 25% est nécessaire pour constituer un socle solide pour l’ensemble de l’économie“, a-t-il rappelé.

Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC, a quant à elle réclamé un plan social incluant l’ensemble des travailleurs d’Audi, y compris les intérimaires et sous-traitants. “Chaque travailleur et travailleuse mérite le respect pour sa contribution à ce modèle de production“, a-t-elle souligné.

La syndicaliste a appelé les responsables politiques régionaux et fédéraux à se mettre autour de la table pour trouver une issue au conflit social en cours. “Nous ne pouvons pas laisser seules la commune de Forest et la Région bruxelloise porter la responsabilité de trouver une solution à l’avenir du site“, a-t-elle exhorté. 

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Thierry Bodson et Marie-Hélène Ska ont plaidé pour une révision de la Loi Renault, qui encadre les procédures de licenciement collectif en Belgique. Cette loi présente des lacunes importantes pour le camp syndical qui craint un détricotage pur et simple de celle-ci si la “supernote” de Bart De Wever venait à être adoptée. “Actuellement, la loi ne couvre que l’entreprise principale, laissant les sous-traitants sans protection. De plus, il n’y a pas d’obligation pour les employeurs de donner des réponses concrètes aux propositions des délégués”, a expliqué le président de la FGTB. 

“Une journée d’action cynique”

La Fédération des entreprises de Belgique (FEB), de son côté, a jugé cette journée d’action “cynique”. “Une grève n’est pas ce dont notre industrie a besoin en ce moment“, a déploré le CEO de la fédération, Pieter Timmermans. Tout en reconnaissant la nécessité d’une politique industrielle “audacieuse”, la FEB appelle les syndicats à soutenir des réformes structurelles pour améliorer la compétitivité des entreprises, notamment en matière de salaires, de coûts énergétiques et de flexibilité du marché du travail.

Belga

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16 septembre 2024 - 17h19
Modifié le 16 septembre 2024 - 17h40