Paul Magnette (PS) : “Aujourd’hui, le cordon sanitaire n’existe plus”
Selon le président du parti socialiste, l’extrême droite “s’est installée au sein du MR”.
C’est la rentrée au Parlement fédéral ce jeudi. Une séance plénière aura lieu cet après-midi, avec de nombreuses questions des députés sur la table. Paul Magnette, président du PS, sera l’un d’eux. En attendant, le blocage à Bruxelles reste total. Les socialistes poussent pour un vote du budget malgré l’absence de gouvernement. Une solution balayée par les libéraux. “C’est un abandon de poste de la part du MR“, tacle Paul Magnette. “On a voté il y a 15 mois et le MR est arrivé en tête. C’est celui qui est arrivé premier qui a la responsabilité de former un gouvernement. Or, depuis 15 mois, on a l’impression qu’ils ne font absolument rien.”
Le président du PS se dit abasourdi par la sortie médiatique “lunaire” des libéraux ce mercredi. Le chef de file de l’Open VLD à Bruxelles, Frédéric De Gucht, se dit prêt à entrer en négociation sans la N-VA, mais seulement avec “un feu vert de Bart De Wever“. Le chef de file du MR, David Leisterh de son côté plaide pour de nouvelles élections régionales. “Mr Leisterh et Mr De Gucht nous expliquent qu’ils ne veulent pas discuter d’un budget, qu’ils ne veulent toujours pas former le gouvernement pour lequel il y a pourtant une large majorité, qu’ils veulent retourner aux élections et, le comble du comble, qu’ils ne feront rien sans l’autorisation du Premier ministre Bart de Wever. Ce qui est quand même complètement hallucinant. On s’est battu pendant des décennies pour que les Bruxellois puissent avoir leur autonomie et on a là des libéraux qui disent qu’on ne peut rien faire sans l’autorisation de la N-VA, des nationalistes flamands qui détestent Bruxelles.”
Pour Paul Magnette, la réorganisation d’élections n’est pas la solution. “Théoriquement, c’est possible, et je n’ai jamais peur des élections, mais on sait ici que cela prendrait six mois, peut-être plus. Après ça il faudrait encore reprendre des négociations. Cela veut dire qu’on est reparti pour des mois et des mois de gouvernement à Bruxelles. Honnêtement, cela n’a pas de sens. Il faut demain faire un budget, après-demain faire un gouvernement et enfin sortir de cette crise.”
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Par ailleurs, le président socialiste s’inquiète de la montée de l’extrême droite dans notre pays. “Nous pensions que nous étions protégés grâce au cordon sanitaire (ndlr : une pratique politique visant à exclure les partis politiques d’extrême droite de toute majorité politique), malheureusement le monde a changé. On voit aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, que l’extrême droite n’a pas de parti (ndlr : en Wallonie et à Bruxelles), mais qu’elle diffuse ses idées et qu’elle s’est installée au sein du MR. C’est une réalité qui n’est plus contestable aujourd’hui. (…) Il y a une stratégie au MR d’accueillir l’extrême droite en son sein et cela me préoccupe beaucoup.”
Pour lui, aujourd’hui, “le cordon sanitaire n’existe plus“.
■ Une interview de Paul Magnette, président du Parti socialiste, au micro de Fabrice Grosfilley





