Concours Reine Elisabeth 2020 : pas de candidats belges, pas de jurés belges, pas de compositeurs belges
L’organisation du concours Reine Elisabeth a annoncé jeudi les noms des candidats pour le concours 2020. Il sera dédié cette année au piano. Les 74 finalistes se rencontreront en mai à Bruxelles. 16 femmes et 58 hommes de 19 nationalités. Mais aucun Belge.
Aucun Belge non plus parmi les 12 membres du jury international, présidé par Gilles Ledure. Ni parmi les compositeurs des morceaux imposés. La pianiste Eliane Reyes s’en est émue sur sa page Facebook : “Est-ce qu’on imaginerait un concours Long sans français au jury, un concours Chopin sans Polonais, un concours Tchaikovsky sans Russes?“, s’interroge la musicienne, elle-même professeure au Conservatoire Royal de Bruxelles et au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. “Cela me choque. C’est une gifle pour notre pays qui compte de nombreux conservatoires et des pianistes de grande qualité.”, nous dit-elle. Son irritation concerne aussi l’imposé : celui des demi-finales est traditionnellement confié à un compositeur belge. Pas cette année, constate-t-elle.
La composition du jury est plus compliquée qu’il n’y parait, répond Nicolas Dernoncourt, le secrétaire général du concours : “La Belgique est un petit pays et si l’on se place à l’échelle internationale, le nombre de pianistes y est proportionnellement plus réduit que dans des pays comme la France, la Corée du Sud ou la Russie.” Un jury également très peu paritaire, faisons-nous remarquer au responsable du concours, puisqu’il ne compte que trois femmes pour neuf hommes. Les organisateurs sont sensibles à cette question, nous assure Nicolas Dernoncourt “mais nous sommes tributaires des agendas. Les jurés doivent être disponibles pendant un mois! Et nous ne voulons pas mettre de quotas.”
En ce qui concerne le morceau imposé, “les habitudes ont changé. Il existait auparavant deux concours de composition : l’un réservé aux Belges pour l’imposé des demi-finales, et l’autre, international, pour la finale. En soi, le fait de cantonner les belges en demi-finale posait un problème. ” Aujourd’hui, la composition des deux imposés est ouverte aux Belges et aux étrangers sans distinction et le choix des compositeurs est largement fonction des disponibilités des uns et des autres, se défend Nicolas Dernoncourt. “Ainsi en 2016, les deux oeuvres étaient écrites par deux Belges. S’il n’y en a pas cette année, c’est en partie, là aussi, pour des questions d’agenda. ”
Les candidats s’affronteront du 4 au 30 mai à Flagey et au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.
S. R. – Rédaction Web (Photo d’archive)
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