“Pari rafraîchissant, “régime drastique” : revue de presse sur l’accord en Fédération Wallonie-Bruxelles

Les nouvelles déclarations de politiques régionale et communautaire forment un “pari ambitieux et rafraîchissant” avec des ambitions “indispensables pour rebooster la partie francophone du pays”. Mais elles présagent aussi d’une sérieuse “cure d’amaigrissement radicale”, relèvent vendredi les éditorialistes francophones au lendemain des annonces faites par les présidents du MR et des Engagés pour la Wallonie et la Fédération Wallonie-Bruxelles.

La Wallonie va subir un “régime drastique et ambitieux, sans tabous“, prédit François-Xavier Giot dans L’Avenir, estimant que “le ton est donné. La Wallonie va changer, la Wallonie doit changer“. “Suppression des Provinces, fusion des réseaux d’enseignement officiel, réforme électorale, consultation populaire, rigueur budgétaire: tous les tabous ont sauté“, énumère-t-il. Il en résulte un “défi est de taille, à la hauteur du message envoyé par les électeurs le 9 juin dernier” .

A cette date, “les Wallons ont voté pour le changement. Eh bien du changement il devrait y en avoir, du moins sur le papier“, constate aussi Demetrio Scagliola, dans les titres de Sudinfo. “Si Georges-Louis Bouchez (MR) et Maxime Prévot (Engagés) voulaient marquer un choc de rupture auprès de l’opinion publique, c’est réussi. Reste à voir quelle partie de son ambitieux programme la nouvelle majorité Azur pourra réellement concrétiser“, relève-t-il. “Car si le projet veut séduire les électeurs – les élections communales d’octobre sont très proches – en annonçant des baisses d’impôts très importantes, les institutions, le monde politique, les structures publiques vont affronter une cure d’amaigrissement radicale, quand il ne s’agit pas tout simplement de suppression, comme les structures politiques des provinces“.

“Doit-on dès lors parler d’ “une Wallonie sauce… flamande ?” s’interroge Alexis Carantonis en titre de son édito dans La Dernière Heure. Il relève, comme d’autres éditorialistes francophones, que l’annonce d’accords de gouvernement au sud du pays est tombée – “comme un signal“-  le jour de la fête de la communauté flamande. “Il y a volonté de dégrossir le mammouth, de viser l’efficience flamande. Côté dépenses, même inspiration flandrienne : la réduction des droits d’enregistrement de 12,5 à 3 % (le taux en vigueur en Flandre) est une excellente nouvelle pour les acquéreurs – mais un manque à gagner majeur dans le budget à l’agonie de la région“.

Stéphane Tassin, dans La Libre Belgique, juge que les intentions des deux partis sont “louables” et mettent “le doigt sur un certain nombre de problèmes qui empoisonnent la vie politique et la société wallonne depuis longtemps. Mais il pointe à son tour que les finances wallonnes sont au plus bas “et pour retrouver des moyens, il faudra être vertueux“. “Il reste à espérer que les estimations faites par les deux partis sont correctes et sérieuses parce que sur ce point, il faudra se contenter de leur faire confiance. Les rares chiffres avancés sont un peu légers“.

C’est peut-être là “le défaut des qualités de cet accord. Comme on dit en wallon liégeois, il présente un côté ‘rouf-tot-djus’, précipité“, remarque Bernard Demonty dans Le Soir. “Ni le MR ni les Engagés n’étaient d’ailleurs en mesure de produire, jeudi soir, d’autres tableaux que deux ou trois indigentes courbes budgétaires“, observe l’éditorialiste.  Il suggère en outre que pour “réussir leur pari ambitieux et rafraîchissant de donner un nouveau visage à une Wallonie et une Fédération Wallonie-Bruxelles grisonnantes, les deux partis ont le devoir de gouverner pour tous et toutes, en se donnant pour moteur non pas une volonté de revanche assortie des insultes politiques trop souvent entendues, mais une volonté réelle d’embarquer le plus grand nombre dans cet élan positif“.

Dans L’Echo, Quentin Joris, salue aussi un projet “qui a le mérite d’être ambitieux, potentiellement basculant”. “Et c’est tant mieux: la partie francophone du pays en a besoin à l’aune d’une nouvelle législature” ajoute-t-il. Pourtant “ce ne sera pas simple“, met-il en garde: “En promettant qu’il n’y aura aucun nouvel impôt, mais aussi en annonçant une future réduction de 50% des droits de succession dans son texte constitutif, la nouvelle majorité satisfait certainement bon nombre de citoyens. Mais attention, ramener les budgets des deux entités à l’équilibre en dix ans – et ce en ‘responsabilisant, mais sans austérité’ -, ne se fera pas sans mal, sans crisper certaines franges de population“. “Les ambitions sont grandes, mais indispensables pour rebooster la partie francophone du pays. Reste à les concrétiser sans faire de casse sociale”, avise-t-il.

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avec Belga

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12 juillet 2024 - 08h21
Modifié le 12 juillet 2024 - 10h55